Est-ce que Donald Trump est en train d'être pris à son propre jeu ? J'aimerais autant éviter de passer pour un gros naïf en imaginant que oui. Mais il est visible que Wall Street, qui est censé faire la pluie et le beau temps aux Etats-Unis, est en train de s'agacer des cabrioles du président américain. Le dernier rebondissement en date de la saga sur les droits de douane est une exemption pendant un mois de tous produits canadiens et mexicains couverts par l'accord de libre-échange existant. Juste après avoir annoncé des surtaxes de 25%, puis en avoir écarté l'automobile, puis avoir laissé entendre qu'il n'y aura pas d'autres exemptions. Tout le monde a bien compris que Donald Trump utilise les annonces fracassantes comme un levier de négociation en temps réel. Mais les revirements sont si rapprochés que cela commence à ressembler à de l'improvisation stérile. Je souligne régulièrement dans ces colonnes que les investisseurs peuvent s'adapter à peu près à tout, mais ont le plus grand mal à tolérer les phases d'incertitude accrue.

Wall Street exprime des doutes depuis quelques semaines déjà sur l'impact des offensives massives de la Maison Blanche en matière sociale, commerciale et géopolitique. La baisse de 2,4% du S&P 500 depuis le 1er janvier en est la preuve. Le principal indice boursier new-yorkais est revenu sous son niveau du 5 novembre dernier, jour de la victoire électorale de Donald Trump. On pourrait considérer qu'il s'agit d'une sorte de jeu à somme nulle pour Wall Street, mais ce n'est pas le cas. Les financiers américains ont peur désormais que l'économie US ne soit embarquée dans un début de tempête parfaite, à base de ralentissement économique, montée du chômage et maintien de l'inflation à haut niveau. Wall Street pense que Donald Trump garde un œil sur le parcours des actions, parce que des chutes trop importantes minent la confiance, le patrimoine des Américains et dégradent son image de winner. De là à penser qu'il ajuste ses déclarations en fonction des évolutions indicielles, il n'y a qu'un pas… Mais le président américain a balayé cette idée hier en affirmant qu'il "ne regarde même pas le marché". Pour autant, les grandes banques d'affaires américaines ont toutes un "Trump Put" intégré à leur stratégie, c’est-à-dire un niveau plancher de S&P 500 à partir duquel elles estiment que le président devra infléchir sa politique pour ne pas faire dérailler les marchés financiers. A quel niveau se situe-t-il ? J'en reparlerai dans les jours qui viennent.

En attendant, la séance de la veille a failli se transformer en déroute à Wall Street. Les valeurs pétrolières et quelques segments défensifs ont permis de limiter la casse sur le Dow Jones, qui n'a perdu que 1%. Les investisseurs se sont rués sur les "valeurs ennuyeuses", par exemple l'opérateur télécom Verizon (+3,2%), l'assureur santé UnitedHealth (+2,5%) ou McDonald's (+1%). Manger, communiquer et se soigner, c'est la base et c'est assez défensif. Mon voisin Emile, du haut de ses 95 ans, aurait bien ajouté Pernod Ricard à la liste. A l'inverse, le marché a fait une nouvelle overdose de valeurs technologiques, comme le montre le décrochage de 2,8% du Nasdaq 100, qui a perdu 9,8% depuis son record du 19 février dernier. Nvidia a encore perdu 5,7%, portant ses pertes à 22% sur trois mois. Quant à Tesla, c'est le tiers de sa valeur qui s'est évaporé au cours des dernières semaines. Le compartiment technologique pourrait trouver un peu de réconfort dans les bons chiffres publiés hier soir par Broadcom, qui flambait de 12% post-séance. Mais il n'y a pas de garantie de propagation au reste de la cote : les forces à l'œuvre actuellement, essentiellement macroéconomiques, dépassent les capacités de rebond de la technologie, même dopée à l'intelligence artificielle. Le secteur bancaire, en forme olympique ces derniers mois, a lui aussi payé un lourd tribut hier : les valeurs financières n'aiment pas la dégradation du contexte économique.

Parmi les éléments qui sont susceptibles de détourner un peu l'attention de la guerre commerciale, figure la perspective d'une solution diplomatique à la guerre en Ukraine. Des représentants de Washington et de Kiev doivent se rencontrer la semaine prochaine. Les Etats-Unis n'ont pas fait de mystère : Volodymyr Zelensky doit se plier à la signature d'un accord économique sur les ressources naturelles de son pays s'il veut le soutien américain. La banque centrale américaine a aussi son rôle à jouer. Les remous causés par la politique de Donald Trump ont peut-être remis en selle un assouplissement monétaire plus prononcé que prévu cette année. Les données sur l'emploi de février aux Etats-Unis, publiées à 14h30 aujourd'hui, donneront du grain à moudre aux prévisionnistes. Hier, Christopher Waller, membre des gouverneurs de la Fed, a indiqué qu'il ne voit pas de baisse de taux en mars (la décision sera rendue le 19 mars), mais pense qu'il pourrait y avoir deux à trois baisses de taux d'ici la fin 2025. Son patron, Jerome Powell, doit prononcer une allocution à 16h30 aujourd'hui : le marché devrait chercher dans ses commentaires des éléments pour se rassurer.

Du côté de l'Asie Pacifique ce matin, la baisse domine largement. Tokyo lâche plus de 2% et Sydney 1,8%. Taiwan et la Corée du Sud, aidées par le sursaut Broadcom, limitent la casse en cédant 0,5%. La Chine baisse, mais modérément après un parcours remarquable. L'Inde, comme souvent, est à contrecourant autour de l'équilibre. Les places européennes sont attendues en vive baisse ce matin, dans un contexte de volatilité accrue.

Le CAC40 perd 0,3% à 8173 points à l'ouverture. Le SMI recule de 0,6% à 12 959 points. Le Bel20 est en repli de 0,5% à 4439 points.

Pour mes jeunes collègues, la référence au titre est par ici.

Les temps forts économiques du jour

Au programme aujourd'hui : les commandes d'usines allemandes (8h00), la balance des comptes courants et la balance commerciale en France (8h45) puis, aux Etats-Unis, les variations de l'emploi non agricole et le taux de chômage (14h30). Tout l'agenda ici.

Les cotations sont celles du jour autour de 7h00 :

Les principaux changements de recommandations

  • Accor: JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 54 à 58,50 EUR.
  • Air France-KLM: Morgan Stanley maintient sa recommandation de souspondérer et relève l'objectif de cours de 5,35 à 8,50 EUR.
  • Akzo Nobel: Goldman Sachs améliore sa recommandation de vendre à acheter avec un objectif de cours relevé de 57 EUR à 75 EUR.
  • Antin Infrastructure Partners: JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 12,60 à 12,90 EUR.
  • Bachem Holding: Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 75 à 65 CHF.
  • Banco Comercial Português: Barclays démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 0,69 EUR.
  • BNP Paribas: Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 80 à 90 EUR.
  • Bonduelle: BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 7,20 à 7,80 EUR.
  • Clas Ohlson: SEB Bank dégrade de conserver à vendre avec un objectif de cours relevé de 206 SEK à 220 SEK.
  • Comet Holding: Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 280 à 270 CHF.
  • Crédit Agricole: Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 17 à 19 EUR.
  • DHL Group: Deutsche Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 36 EUR à 50 EUR.
  • Engie: HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 17,30 à 18,10 EUR.
  • Eurobank Ergasias Services: Morgan Stanley dégrade de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 2,77 à 3,18 EUR.
  • Eutelsat : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 6,70 EUR.
  • Galderma Group: Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 123 à 121 CHF.
  • Geberit: Barclays maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours relevé de 500 à 515 CHF. Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 393 à 401 CHF. Morgan Stanley maintient sa recommandation de souspondérer et relève l'objectif de cours de 426 à 432 CHF.
  • JCDecaux: JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 17 à 20 EUR.
  • Julius Bär : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 59 à 67 CHF.
  • KBC Groupe: Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 91 à 100 EUR.
  • Kuehne und Nagel International: Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 315 à 270 CHF.
  • La Française des Jeux: Citigroup reste à recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 38,50 à 36,50 EUR.
  • Logitech International: Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 101 à 104 CHF. Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 106 à 100 CHF.
  • Pernod Ricard: Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 135 à 128 EUR.
  • Piraeus Financial : Morgan Stanley passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 4,96 EUR à 6,14 EUR.
  • Rémy Cointreau: Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 95 EUR.
  • Scor: AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation accumuler et relève l'objectif de cours de 29,40 à 30,60 EUR. HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 27 à 31 EUR.
  • Société Générale: Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 44 à 51 EUR.
  • Spie : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 40,50 à 48 EUR.
  • Stellantis: TD Cowen démarre le suivi à conserver avec un objectif de cours de 13 USD.
  • Technip Energies : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 27,50 à 33 EUR.
  • Teleperformance: BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 173 à 160 EUR.
  • TotalEnergies: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 60 à 62 EUR.
  • Universal Music Group: TD Cowen améliore son conseil de surperformance à achat avec un objectif de cours relevé de 26 EUR à 30 EUR.
  • VAT Group: Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 490 à 500 CHF.
  • Whitbread: JP Morgan passe de surpondérer à neutre avec un objectif de cours réduit de 4400 GBX à 3000 GBX.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

  • Le lanceur Ariane 6, construit par Arianespace (50% Safran, 50% Airbus) a effectué son premier vol commercial.
  • Vivendi évalue sa valeur d'actif net à 4,83 milliards d'euros après le démantèlement.
  • S&P a abaissé la note de Stellantis de BBB+ à BBB.
  • Airbus a livré 40 appareils en février pour 14 commandes.
  • BNP Paribas réaffirme son engagement à soutenir le financement des entreprises de défense.
  • Publicis acquiert la société Lotame, spécialisée dans les données et l'identité.
  • Nexans affirme que le contrat Great Sea Connector se poursuit comme prévu, après une information de presse selon laquelle Admie, un client du spécialiste des câbles industriels, a suspendu ses paiements en raison de l'ingérence présumée de la Turquie dans le projet Great Sea Interconnector.
  • BioMérieux dégage un résultat net part du Groupe de 432 ME en 2024.
  • Spie organise une journée investisseurs ce 7 mars.
  • Fitch a abaissé la note de défaut émetteur à long terme d'Eutelsat de BB+ à BB.
  • Atos lance le regroupement de ses actions.
  • Polygone et Amar Family Office ont acquis chacun la moitié de la participation restante de 7% de Sofina dans GL Events.
  • L'ex-PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, sera jugé en octobre pour manipulation de cours.
  • Sensorion annonce la fin du recrutement des patients dans NOTOXIS, son essai clinique de phase IIa du SENS-401 pour la prévention de l'ototoxicité induite par le cisplatine.
  • Drone Volt remplace ses obligations par des ORNANE, comme annoncé en janvier.
  • Gensight lève 0,9 M€ via des ABSA lors d'un placement privé pour tenir jusqu'à début mai.
  • Phaxiam en redressement judiciaire.
  • Les principales publications du jour : Frey, Savencia, Tour Eiffel, Prodware, Banijay, Gaumont, DBV TechnologiesLe reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D'Europe

  • Universal Music Group annonce un Ebitda ajusté de 799 M€ au T4 2024.
  • Salvatore Ferragamo publie une perte en 2024.
  • Bayer envisage de se retirer du célèbre Roundup en raison de risques juridiques aux États-Unis.
  • Lloyds Banking Group transfère des emplois informatiques qualifiés du Royaume-Uni vers l'Inde, selon le FT.
  • ThyssenKrupp supprime 1 800 emplois dans sa division automobile.
  • Zalando s'approche de la ligne d'arrivée pour l'acquisition de son concurrent About You.
  • Medacta finalise l'achat de Parcus Medical.
  • Fitch a relevé la note de défaut émetteur à long terme de Rolls-Royce de BBB- à BBB+, avec une perspective positive.
  • Nextchem (Maire) remporte un contrat de services d'ingénierie et de technologie de trois ans auprès de Satorp en Arabie Saoudite.
  • NOS obtient l'autorisation de l'autorité portugaise de la concurrence pour racheter Claranet Portugal.
  • Zabka et CCC vont rejoindre l'indice polonais WIG20. JSW et Cyfrowy Polsat en sortent.
  • Les principales publications du jour : OTP Bank Nyrt, Elia, SFS Group, Tokmanni, Mobilezone

D'Amérique du Nord

  • Sociétés en hausse post-séance après leurs trimestriels : The Gap (+18%), Broadcom (+13%)…
  • Sociétés en baisse post-séance après leurs trimestriels : Hewlett Packard Enterprise (-20%), Costco (-1,2%)…
  • Sycamore va racheter Walgreens Boots pour 23,7 Mds$, soit 11,45 USD par action.
  • Alimentation Couche-Tard étudie la possibilité de vendre ses magasins américains en cas d'accord avec Seven & I.
  • Johnson & Johnson va interrompre les études de phase avancée de son médicament expérimental destiné à traiter les troubles dépressifs majeurs aticaprant.
  • Meta prévoit d'introduire des fonctions vocales améliorées dans son dernier modèle de langage large open source, Llama 4, selon le FT.
  • ServiceNow prévoit de transférer son siège social à Palm Beach, selon Bloomberg.
  • Le PDG de Las Vegas Sands quittera ses fonctions en 2026 mais restera comme conseiller de transition.
  • Motorola Solutions achève l'acquisition de Theatro.
  • Microsoft va investir 298 millions de dollars dans l'IA en Afrique du Sud.
  • Les principales publications du jour : Constellation Software

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

  • Le conseil d'administration de Nissan se réunira le 11 mars pour discuter des successeurs potentiels du PDG, selon Reuters.
  • Toyota lance sa smart EV la moins chère en Chine, afin d'augmenter sa part de marché.
  • Samsung Electronics cherche un responsable des affaires publiques américaines ayant des liens avec Trump, selon la presse.
  • SBI dément l'information selon laquelle elle négocie avec SK Hynix et United Microelectronics au sujet d'une usine de fabrication de puces au Japon.
  • Les principales publications du jour : néant…

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures