Zurich (awp) - Le géant pharmaceutique Novartis a engrangé l'année dernière un chiffre d'affaires de 48,66 milliards de dollars - en hausse de 3% sur un an - et plafonne pour l'heure à 5% la poussée de croissance attendue pour 2021. L'impact de la pandémie, devisé à deux ou trois points de base sur la performance 2020, explique également la relative timidité de la feuille de route à court terme.

La direction a laissé entendre qu'elle relèverait la barre en cours d'exercice si elle venait à constater la normalisation attendue du rythme des prescriptions notamment.

Hors effets de périmètre et de changes, le laboratoire rhénan revendique une progression de 20% de son bénéfice net l'an dernier, à 8,07 milliards. Les 11,74 milliards de la base de comparaison comprenaient une contribution de 4,59 milliards de l'ancienne filiale de dispositifs et consommables ophtalmiques Alcon, autonomisée depuis, précise le rapport annuel diffusé mardi.

Le gain net de base - soit ajusté de tout facteur ou position jugés exceptionnels - s'est envolé de 9% à 13,16 milliards.

Méfiances face aux milieux hospitaliers

Pour sa première année complète de commercialisation, la thérapie génique Zolgensma a manqué de peu la barre du milliard de chiffre d'affaires déclenchant l'appellation "moteur de ventes", en raison notamment d'un ralentissement en toute fin d'année.

"L'arrivée de la nouvelle vague de contaminations a généré une certaine méfiance vis-à-vis des hôpitaux et freiné ainsi l'essor du Zolgensma, dont d'administration nécessite une hospitalisation", a expliqué le directeur général Vasant Narasimhan en téléconférence de presse, assurant au passage avoir observé une réjouissante dynamique de la demande en Allemagne notamment.

Le conseil d'administration soumettra au vote des actionnaires une proposition de dividende agrémenté de 5 centimes à 3,00 francs suisses par action lors de la prochaine assemblée générale. La réunion constituera aussi une occasion pour se prononcer sur un programme de rachat d'actions doté de 10 milliards et courant jusqu'en 2024, ainsi que sur l'annulation des quelque 32 millions de titres rapatriés au cours du volet précédent.

La croissance de 1 à 5% articulée pour l'année en cours à l'échelle du groupe et hors effets de changes doit être entraînée par une progression de 5% pour l'unité principale Innovative Medicines. La filiale génériques et biosimilaires Sandoz risque de connaître une nouvelle année de stagnation, sans que cela remette pour l'heure en question son avenir au sein de la multinationale. La rentabilité opérationnelle (Ebit) de base doit avoisiner les 5%.

A plus longue échéance, la direction confirme son objectif de générer pour 60 milliards de ventes en 2025. La marge de la principale unité Innovative Medicines doit s'étoffer de 2,6 points de pourcentage pour atteindre 37,6%.

Excès de modestie sanctionné

Revenant sur le nouvel eldorado que représente la Chine, où Novartis a collecté 2,6 milliards l'an dernier et entend multiplier ses recettes par deux à l'horizon 2024, le directeur financier Harry Kirsch a reconnu que la rentabilité y était "un peu moindre que sur les marchés dans lesquels le groupe rhénan est déjà solidement implanté". La marge y demeure néanmoins tout à fait acceptable, de l'avis du grand argentier.

Les analystes accueillent une performance 2020 largement attendue, assortie de perspectives jugées timorées. Olav Zilian, pour Mirabaud Securities, affiche une certaine compréhension pour la prudence affichée par la direction et prévoit que cette timidité s'estompera en cours d'exercice.

Les détenteurs de capitaux n'en sanctionnaient pas moins durement le titre. A la clôture, la nominative Novartis a terminé en baisse de 2,1% à 84,33 francs suisses dans un marché de référence SMI en hausse de 0,35%.

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