(Répétition du titre)

PARIS, 27 août (Reuters) - "It's the economy stupid!" Cette formule, qui avait assuré le succès du démocrate Bill Clinton à l'élection présidentielle américaine de 1992, pourrait bien venir hanter son actuel successeur à la Maison blanche en quête d'un nouveau mandat.

La convention nationale du Parti républicain à Tampa en Floride, bien que perturbée par la tempête tropicale Isaac, investira sans surprise cette semaine Mitt Romney comme rival de Barack Obama pour le scrutin présidentiel du 6 novembre, lançant officiellement une campagne déjà largement dominée par les thématiques économiques.

Mais s'il y a vingt ans, Bill Clinton avait triomphé du candidat sortant George H.W. Bush en pointant les faiblesses de son bilan économique, une croissance anémique, un taux de chômage élevé et des consommateurs américains déprimés pourraient compromettre les chances de réélection d'Obama.

Même la performance des actions américaines sur les douze derniers mois, avec une hausse de l'indice S&P 500 de l'ordre de 25%, risque de ne pas être de grand secours, au regard des expériences passées.

Sur la base de six précédents scrutins présidentiels américains où l'un des protagonistes était candidat à sa réélection (Gerald Ford en 1976, Jimmy Carter en 1980, Ronald Reagan en 1984, Bush père en 1992, Bill Clinton en 1996, Bush fils en 2004), il ressort que le taux de chômage s'élevait en moyenne à 5,2% lorsque le sortant a été réélu tandis que la croissance en rythme annuel au cours du trimestre précédent le vote atteignait 3,1%.

Les chiffres en cas d'échec étaient respectivement de 7,5% et 1,8%. Le taux de chômage est actuellement de 8,3% et la croissance attendu au titre du troisième trimestre est de 1,8%, selon le consensus de 71 économistes réalisé par Reuters.

SONDAGES ET CONFIANCE DES CONSOMMATEURS

L'indice d'incertitude de la politique économique élaboré par trois universitaires américains est quant à lui à un niveau très élevé, près de deux fois supérieur à celui enregistré en moyenne lors des réélections de candidats sortants.

Pour un graphique sur l'évolution de l'indice d'incertitude de la politique économique aux Etats-Unis :

http://www.policyuncertainty.com/results.html

La déprime des consommateurs américains ne plaide pas non plus en faveur de Barack Obama. La composante anticipations de l'indice de confiance des consommateurs Thomson Reuters-université du Michigan, la plus étroitement corrélée à la popularité du président en exercice, est tombée à trois reprises à 50 au cours de l'année précédant un scrutin impliquant un candidat sortant (1975, 1979 et 1991), qui a été battu à chaque fois.

La composante anticipations de cet indice a fluctué autour de 50 entre juillet et novembre 2011 avant de rebondir jusqu'à un point haut de 74,3 en mai avant de rechuter à 64,5 cet été.

Graphique sur l'évolution de la composante anticipations de l'indice de confiance Thomson Reuters-université du Michigan depuis 1975 :


La popularité de Barack Obama a reculé avec la confiance des consommateurs dans l'avenir : 47,5% des Américains se disaient satisfaits de son action en mai (46% de mécontents) contre 45% en août (49% de mécontents).

Graphique interactif sur la popularité comparée des présidents américains depuis 1945 sur le site de Gallup:

http://www.gallup.com/poll/124922/Presidential-Approval-Center.aspx?ref=interactive

Pour ce qui est de la performance du marché actions, elle est ressortie en moyenne à 10,4% sur les douze mois qui ont précédé le scrutin en cas de victoire du président sortant et à 15,4% en cas d'échec.

Le nombre relativement limité des points de comparaison ne saurait toutefois permettre de tirer de conclusions définitives sur l'issue du scrutin de 2012 que les sondages d'intentions de vote annoncent serré.

Chaque fois, en revanche, que l'issue de l'élection s'est révélée incertaine en raison d'une reprise économique faible ou irrégulière (1976, 1980 et 1992), la volatilité du marché actions s'est envolée à l'approche du scrutin, bondissant en moyenne d'environ 30%. Sur la base de ses niveaux actuels, l'indice Vix pourrait ainsi atteindre 20%, sans que sa hausse entraîne nécessairement une baisse du marché.

Graphique sur l'évolution comparée de l'indice Vix et de l'indice S&P 500

http://www3reuters.fr/graphiques/USELEC2.JPG

Au delà de l'incertitude politique, la volatilité sera aussi alimentée par celle entourant un éventuel nouvel assouplissement quantitatif par la Réserve fédérale et un possible accord bipartisan sur la reconduction au moins partielle de mesures de soutien budgétaire à l'activité arrivant à échéance en fin d'année et représentant jusqu'à près de 3,5 points de PIB, selon certaines estimations.

Sources :

* Election 2012: "It's the economy stupid". Global Macro Daily. Barclays Capital. 23 août 2012

* L'économie américaine - trop vigoureuse pour un QE3 ? Bulletin hebdomadaire. J.P. Morgan Asset Management. 13 août 2012.

* Quarterly Economic Outlook. Risk & Reward. Third Quarter 2012. Unesco.

* TAKE A LOOK-U.S. 2012 presidentiel campaign

* Dossier sur l'élection présidentielle américiane sur Reuters.com :

http://www.reuters.com/politics/elections-2012 (Marc Joanny, édité par Matthieu Protard)