Francfort (awp/afp) - L'actionnaire principal de Thyssenkrupp s'est opposé vendredi à un éclatement du groupe industriel en plusieurs branches indépendantes, souhaité par certains investisseurs accusés de cupidité mal placée.

"Il n'y aura pas d'éclatement de l'entreprise avec moi", a déclaré Ursula Gather, présidente de la fondation Krupp, dans une interview au magazine allemand Der Spiegel, estimant vouloir "préserver les emplois".

Le PDG du groupe, Heinrich Hiesinger, et le président de son conseil de surveillance, Ulrich Lehner, défenseurs de l'unité du conglomérat, ont tous les deux démissionné en juillet en raison de désaccords avec des actionnaires très pressants, notamment les fonds activistes Cevian et Elliott.

Cevian, qui détient 18% des droits de vote, et Elliott (moins de 3%), exigent une mutation plus rapide du vieux conglomérat, et notamment des cessions susceptibles d'augmenter les marges du groupe et de faire remonter le cours de l'action.

La signature d'un accord de fusion des activités de sidérurgie européenne avec l'indien Tata il y a un mois n'a pas suffi pour calmer les actionnaires du groupe rhénan.

La fondation Krupp détient 21% des droits de vote de l'entreprise historique qui fabrique, outre l'acier, des ascenseurs -- sa plus importante source de bénéfices, des sous-marins --, des composants automobiles et propose des installations industrielles clé en main.

L'actionnaire principal était jusque-là resté très discret dans le conflit opposant la direction à ces deux fonds d'investissement, malgré des statuts demandant de "préserver autant que possible l'unité de l'entreprise".

Mme Gather a même rencontré il y a plus de deux ans l'actionnaire principal du groupe finlandais Kone pour discuter d'une vente de la branche des ascenseurs de Thyssenkrupp, selon le quotidien économique allemand Handelsblatt, provoquant la colère de ses employés.

Les syndicats, inquiets pour les quelque 159.000 employés du groupe, ont déjà fait savoir qu'ils s'opposeront à la stratégie des activistes.

La semaine dernière, le ministère allemand de l'Economie s'est également exprimé pour "préserver Thyssenkrupp en tant que groupe industriel". "D'un point de vue de la politique industrielle, Thyssenkrupp est une entreprise importante pour l'Allemagne", avait déclaré une porte-parole.

afp/al