par Caroline Jacobs

Le laboratoire pharmaceutique français rivalise avec le premier fabricant mondial d'insuline Novo Nordisk sur ce marché concurrentiel et fragmenté mais offrant d'importantes opportunités de croissance. La forme la plus commune de diabète, celui de type II, a en effet pris les dimensions d'une épidémie.

Outre le développement de sa propre gamme de produits, Sanofi souhaite également étoffer son portefeuille afin d'envisager la prise en charge de la maladie dans tous ses aspects : les médicaments bien sûr mais aussi les appareils de surveillance, les pompes à insuline, les applications pour smartphones et les programmes éducatifs.

"Avec les différents projets en cours, nous allons continuer à enrichir notre portefeuille à vive allure", a déclaré Pierre Chancel, patron de la division diabète du groupe pharmaceutique, dans le cadre d'une interview à Reuters par téléphone.

Sanofi a conclu trois accords dans le domaine du diabète depuis le début de l'année, notamment avec AgaMatrix, qui développe des appareils de surveillance de la maladie, et CureDM concepteur d'un nouveau peptide humain susceptible de rétablir la capacité du corps à produire de l'insuline.

Sanofi est en discussion avec plusieurs partenaires potentiels pour compléter son portefeuille, notamment en ce qui concerne la prise en charge au stade de pré-diabète ou les complications liées à un stade avancé de la maladie, a expliqué Pierre Chancel.

Il a dit s'attendre à un doublement du chiffre d'affaires de Sanofi pour les traitements du diabète entre 2008 et 2013. Les ventes du Lantus et de l'Amaryl ont atteint au total 2,387 milliards d'euros en 2008. L'an dernier, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 3,77 milliards sur ce segment.

Pierre Chancel n'a pas précisé quand le laboratoire français espérait atteindre son objectif de devancer Novo Nordisk mais il a indiqué que le groupe franchirait une étape importante pour devenir le premier acteur offrant une prise en charge complète du diabète avec le lancement l'an prochain de son système de surveillance de la glycémie ("blood glucose monitoring", BGM).

OFFRE DE SOINS FRAGMENTÉE

Ce dispositif de contrôle, élaboré en collaboration avec AgaMatrix, sera utilisé avec son médicament vedette, le Lantus, ou le traitement du diabète Apridra. Il sera lancé dans les principaux pays européens comme l'Allemagne et la France, et aux Etats-Unis, au premier semestre 2011.

Le marché mondial de l'insuline représente dix milliards d'euros et celui du BGM, sur lequel sont présents des sociétés comme Abbott Laboratories, Roche et Bayer, six milliards d'euros.

"Nous voulons devenir le premier et le mieux intégré des groupes de santé sur le diabète", a déclaré Pierre Chancel. "Aujourd'hui, il n'y a pas de partenaire intégré, le patient souffre de la fragmentation de l'offre de soins".

Pour chaque type de diabète, les groupes spécialisés tendent à se concentrer sur leur propre gamme d'activités, sans passerelle entre les groupes pharmaceutiques, les équipementiers et les spécialistes des pompes à insuline, alors que les malades ont besoin d'une prise en charge complète pour affronter une maladie complexe et chronique, a-t-il souligné.

La plupart des diabétiques ont besoin de plus d'un médicament pour gérer leur taux de glucose et tous utilisent au final de l'insuline. Le dosage d'insuline doit être ajusté pour faire évoluer le niveau de sucre dans le sang qui doit être régulièrement surveillé chaque jour. D'autres ont besoin d'une pompe à insuline.

Le diabète est caractérisé par une incapacité du pancréas à fabriquer en quantité suffisante de l'insuline qui permet au glucose, apporté par les aliments, d'atteindre les cellules du corps et de distribuer de l'énergie, ce qui entraîne un niveau élevé de glucose dans le sang.

La maladie peut affecter le coeur, les reins, les nerfs ou les yeux. Le diabète de type II est en augmentation du fait du vieillissement de la population, d'une mauvaise alimentation et du développement de l'obésité et de nombreux patients, dans des pays comme la Chine, ne sont toujours pas soignés.

Sanofi a identifié le diabète comme faisant partie de ses cinq grandes plateformes de croissance qui pourraient lui permettre de compenser la perte d'environ un tiers de son chiffre d'affaires entre 2008 et 2013 sous l'effet de l'arrivée à expiration de certains brevets et de la concurrence des génériques.

Gwénaelle Barzic pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat