Près de 400 investisseurs ont signé la lettre d'un législateur britannique demandant une enquête menée par un juge sur la manière dont la Financial Conduct Authority (FCA) a géré l'effondrement de plusieurs milliards de livres sterling d'un fonds géré par l'ancienne star de la bourse, Neil Woodford.

Dix jours avant la clôture du vote sur une proposition de système de réparation, qui pourrait plafonner les dommages à moins de 200 millions de livres (250 millions de dollars), le président d'un groupe parlementaire multipartite (APPG) demande instamment au gouvernement d'intervenir, comme le montre un projet de lettre consulté par Reuters.

La FCA a exhorté les investisseurs à envisager sérieusement d'accepter l'offre après l'échec du LF Woodford Equity Income Fund, qui était évalué à environ 3,65 milliards de livres lors de son effondrement en 2019 à la suite de paris surdimensionnés sur des actifs illiquides.

Mais Bob Blackman, président de l'APPG sur les services bancaires et financiers plus équitables, accuse la FCA de sous-estimer les pertes des investisseurs, de déformer la valeur du système de réparation, d'agir de manière inappropriée en l'approuvant et de manquer à ses obligations envers les investisseurs en ne publiant pas entièrement sa propre enquête sur le scandale.

M. Blackman demande une réunion avec le ministre de la ville, Bim Afolami, responsable des services financiers, afin de discuter des "fautes professionnelles et des défaillances réglementaires". Il souhaite plaider en faveur d'une enquête indépendante "en temps voulu", comme l'indique le projet de lettre.

Inévitablement, le message passe que le système financier britannique est un marché "caveat emptor" dans lequel la négligence et la malhonnêteté ne sont pas remises en cause par un régulateur complaisant, voire complice, et où il n'existe aucune voie de recours pour les victimes innocentes", peut-on lire dans le projet de lettre. La formulation finale pourrait changer.

UN PLAN À BAS PRIX ?

La faillite du fonds a suscité un tollé politique et public, une enquête de la FCA et trois actions en justice intentées par des investisseurs contre Link Fund Solutions (LFS), qui était l'administrateur agréé du fonds.

Environ 300 000 investisseurs se sont vu proposer le plan de redressement de LFS, qui pourrait se traduire par des dommages-intérêts de l'ordre de 180 millions de livres après déduction des coûts, des responsabilités et des dépenses, soit une fraction du milliard de livres ou plus de dommages-intérêts suggéré par certains investisseurs et cabinets d'avocats, selon des documents déposés auprès des tribunaux.

Le groupe d'investisseurs ShareSoc a qualifié la proposition de "terriblement inadéquate". La FCA rejette les allégations selon lesquelles elle soutiendrait un système de bas prix.

"La réparation proposée reflète la perte causée par l'incapacité de LFS à se conformer aux principes de la FCA", a déclaré un porte-parole. "Elle ne reflète pas, et n'est pas censée refléter, les pertes causées par une détérioration de la performance des investissements sous-jacents du fonds.

Si la proposition est approuvée, les investisseurs du fonds au moment de sa suspension ne pourront pas demander une indemnisation allant jusqu'à 85 000 livres auprès du Financial Services Compensation Scheme (FSCS), le fonds de dernier recours lorsque des entreprises britanniques réglementées font faillite, ni intenter d'autres actions en justice, selon les documents déposés auprès du tribunal.

LFS a proposé ce système après une enquête de quatre ans de la FCA sur le fonds Woodford. Dans son projet de conclusions, la FCA a déclaré que LFS avait commis des "erreurs critiques" et a ordonné la création d'un fonds d'indemnisation de 300 millions de livres et une amende de 50 millions de livres.

Le résultat du vote devrait être annoncé le 15 décembre. Si elle est approuvée, un juge se prononcera définitivement sur son équité lors d'une audience en janvier. (1 $ = 0,8025 livre) (Rédaction : Sinead Cruise et Emelia Sithole-Matarise)