La faiblesse de l'euro soutient les ventes de Kering (>> KERING) et LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton (>> LVMH), qui publieront leurs résultats du premier semestre lundi et mardi, respectivement. Les chiffres d'affaires devraient afficher une croissance à deux chiffres, mais les incertitudes concernant leurs marques phares et la probabilité d'un ralentissement encore plus marqué de la demande de leurs clients chinois devraient néanmoins peser sur l'activité des deux groupes de luxe. Selon les analystes interrogés par FactSet, Kering, propriétaire des marques Gucci, Bottega Veneta et Yves Saint-Laurent, devrait publier une croissance de 12% de son chiffre d'affaires, tandis que LVMH, dont le portefeuille inclut Louis Vuitton, Moët et Chandon et Bulgari, devrait annoncer une hausse des ventes de 16%.

La faiblesse de la monnaie unique a deux effets. La vente de montres incrustées de diamants et de sacs à main en crocodile vendus hors d'Europe voient leur valeur gonflée une fois convertie en euros, et la dépréciation de la devise stimule les achats en Europe, notamment ceux des touristes chinois. En raison des effets de changes, des taxes à l'importation et de la TVA, certains articles de luxe coûtent deux fois plus cher en Chine qu'en Europe. Ni LVMH ni Kering n'ont souhaité s'exprimer sur l'impact des effets de change sur leur activité. Hermès International (>> HERMES INTL) en a toutefois donné un exemple la semaine dernière, en annonçant une hausse de 21% de son chiffre d'affaires au premier semestre à données publiées, mais de 9% seulement à taux de change constants.

"Les résultats de Louis Vuitton devraient se révéler meilleurs qu'attendu", estime Luca Solca, chez Exane BNP Paribas. "La marque a été réactualisée et l'intérêt des consommateurs s'est amélioré." Les remaniements entrepris par les groupes de luxe n'auront toutefois pas beaucoup d'impact si les principaux clients du secteur - la classe aisée chinoise - cessent d'acheter. Or cela s'est déjà produit en Chine même, en raison de la polique anti-corruption menée par le gouvernement, relève Philip Guarino, chez China Luxury Advisors. En outre, la récente chute des marchés d'actions chinois constitue "un choc énorme pour la confiance des ménages", ajoute-t-il. "Les grandes marques de luxe sont bien trop exposées à la Chine, avec trop de boutiques et trop de coûts fixes", estime Philip Guarino. "Elles doivent réduire la voilure en Chine."

-Jason Chow, The Wall Street Journal (Version française Emilie Palvadeau) ed/VV

Valeurs citées dans l'article : KERING, HERMES INTL, LVMH