PARIS, 20 juin (Reuters) - Le projet du gouvernement de racheter 20% d'Alstom à Bouygues constitue le scénario exactement inverse de 2006, quand le groupe de BTP avait repris la part de l'Etat dans le spécialiste des infrastructures de transport et d'énergie.

En avril 2006, Bouygues avait acquis les 21,03% que l'Etat détenait au capital d'Alstom depuis le sauvetage public de ce dernier en juillet 2004. En 2007, la participation de Bouygues avait atteint 25,3%, puis dépassé un temps la barre des 30%, avant de retomber au niveau actuel de 29,4% à l'issue d'une augmentation de capital d'Alstom, fin 2012, que Bouygues n'avait pas suivie à l'époque.

La participation de 20% dans Alstom représenterait 1,7 milliard d'euros, sur la base de la capitalisation boursière actuelle du groupe selon des données Thomson Reuters. En 2006, Bouygues avait racheté la part de l'Etat environ deux milliards d'euros.

Les difficultés d'Alstom face à la baisse des commandes des opérateurs d'énergie conduisaient les marchés financiers à spéculer de manière récurrente sur une sortie de Bouygues, mais le groupe avait jusqu'ici toujours réfuté cette hypothèse.

Cette sortie partielle, si elle se confirme, scellerait aussi la fin d'une ambition, celle de créer un géant des infrastructure du nucléaire. "Bouygues et Alstom sont (...) en mesure de proposer des solutions globales faisant appel à la fois aux compétences de Bouygues pour les travaux de génie civil et à celles d'Alstom pour la fourniture d'équipement", expliquait Alstom dans son rapport annuel de 2006/07.

L'histoire du groupe de BTP, fondé en 1952, est jalonnée de diversifications plus ou moins réussies.

Bouygues a tenté en vain de s'implanter dans les assurances en 1982, son incursion dans l'agroalimentaire, avec l'acquisition en 1989 des Grands moulins de Paris, est restée sans lendemain, tout comme son aventure dans l'eau, avec le rachat de la Saur, cédée en 2005.

Son pari dans les télécoms, qui remonte à 1994, a été quant à lui sérieusement ébranlé par l'arrivée du 4e opérateur Free , qui a bouleversé la donne sur le marché français de la téléphonie mobile en 2012.

* voir aussi : Alstom-L'Etat donne son feu vert à GE, entrera au capital (Gilles Guillaume, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, ALSTOM, ILIAD