L'augmentation de capital se fera par émission de droits préférentiels de souscription (DPS), permettant aux actionnaires actuels de maintenir leur part dans l'entreprise. Chaque actionnaire se verra offrir la possibilité de souscrire à une nouvelle action pour cinq actions déjà détenues, au prix de 13 euros par action nouvelle. Cette offre est significativement inférieure au cours de clôture du 23 mai 2024, qui était de 18,22 euros. Pour faciliter la vente d'actions nouvelles, les sociétés qui réalisent des augmentations de capital accordent des décotes parfois substantielles. En l'occurrence, la décote d'environ 25% n'est pas vraiment étonnante.

Les DPS seront négociables du 28 mai au 6 juin 2024, tandis que la période de souscription s'étendra du 30 mai au 10 juin 2024. Les principaux actionnaires, la Caisse de dépôt et placement du Québec (17,4% du capital) et Bpifrance Investissement (7,5%), ont déjà confirmé leur participation proportionnelle à l'augmentation de capital. Un actionnaire qui ne souscrirait pas à l'opération serait dilué de 17% environ.

Alstom
Une punition boursière à la mesure de l'accumulation des mauvaises nouvelles

Dernière étape du désendettement

L'augmentation de capital s'inscrit dans une stratégie de désendettement plus large, incluant la cession d'actifs stratégiques et un emprunt obligataire hybride réalisé la semaine dernière. Alstom prévoit d'utiliser les fonds générés pour rembourser sa dette financière d'ici septembre 2024, renforçant ainsi sa position financière. Moody's a d'ores et déjà réaffirmé la note Baa3 d'Alstom, avec une perspective qui sera ajustée à "Stable" suite à la finalisation de l'opération. Le groupe prévoit également de résilier sa facilité de crédit de 2,25 milliards d'euros.

Alstom a confirmé, en parallèle, ses prévisions pour l'exercice 2024/2025. La société vise une croissance organique du chiffre d'affaires d'environ 5% et une marge d'exploitation ajustée de 6,5%. La génération de cash-flow libre se situera entre 300 et 500 millions d'euros, malgré une saisonnalité qui impactera le cash-flow libre du premier semestre. A moyen et long terme, Alstom vise une marge opérationnelle ajustée comprise entre 8% et 10%. Ces objectifs seront soutenus par des prises de commandes de qualité, une optimisation de l'exécution et des programmes d'efficacité des coûts. Une reprise en main indispensable pour sortir de l'ornière.

Au-delà de cette levée de fonds, le marché se demande si le groupe sera enfin en mesure de confirmer les espoirs placés en lui. Le ressentiment des investisseurs envers le haut management actuel est profond. Il sera compliqué à effacer, à moins que l'industriel ne soit à l'aube d'un redressement exemplaire.

Structure de l'émission

  • 76 858 213 Actions Nouvelles.
  • Prix de souscription fixé à 13 EUR (décote de 28,6% sur le cours de référence de 18,22 EUR).
  • DPS : Les actionnaires existants bénéficient d'un droit préférentiel de souscription (DPS). Les actionnaires peuvent souscrire à raison de 1 Action Nouvelle pour 5 actions existantes. La valeur théorique du DPS est de 0,87 EUR. Les DPS sont cotés (détachés le 28 mai 2024 et négociables jusqu'au 6 juin 2024). Les actionnaires doivent exercer leurs DPS entre le 30 mai et le 10 juin 2024.
  • Le montant de l'émission s'élève à 999 156 769 EUR.
  • Les Actions Nouvelles seront émises le 17 juin 2024.
  • La CDPQ et Bpifrance Investissement se sont engagés à souscrire à titre irréductible à hauteur de leur participation actuelle, sous certaines conditions.