Finalement, le courant majoritaire a eu tort hier concernant l'inflation de janvier aux Etats-Unis. Les prix ont légèrement plus accéléré que prévu, alors que le marché se serait satisfait d'une évolution conforme aux attentes et a fortiori d'un rythme plus moderato. Mais la réaction finale n'est pas aussi terrible qu'on pouvait le craindre, surtout dans la mesure où l'on sait que l'inflation est LA crainte numéro un des investisseurs. D'où la question dérivée du titre : les marchés actions sont-ils insubmersibles ?

La réponse à la question est "non, ils ne le sont pas", mais ils font quand même preuve d'une sacrée résistance.

Pour expliquer la situation à potron-minet en ce 13 février, je vais m'appuyer sur un audacieux parallèle. Une publication défavorable aux taux directeurs aux Etats-Unis, c'est généralement comme un lendemain de cuite. D'abord, on est hyper mal au réveil, avec des maux de têtes abominables, le teint verdâtre et l'obligation d'être installé à moins de trois mètres d'un endroit socialement acceptable pour purger son corps (toilettes, pleine nature, fond de ruelle sombre…). Dans un second temps, on constate une légère embellie consécutive à l'absorption d'une grande quantité d'eau, d'un cachet, d'une sieste, d'un remède de grand-mère quelconque, ou d'une combinaison des quatre. Enfin, il y a la rechute au 36e dessous, avec le retour du teint verdâtre et l'obligation d'être installé à moins de trois mètres d'un endroit socialement acceptable pour purger son corps (toilettes, pleine nature, fond de ruelle sombre…). Dans le monde de la finance de marché, ça signifie : les indices plongent à l'ouverture. Ils remontent un peu la pente en séance. Puis ils rechutent en fin de parcours. Emballez c'est pesé.

Mais hier, ça ne s'est pas terminé tout à fait comme ça. J'ai gardé l'exemple de la cuite parce que je l'aimais bien et que je l'avais déjà préparé hier soir (l'exemple, pas la cuite). Et qu'il marche quand même assez souvent. Mais pas hier donc, comme pour me punir d'avoir déployé en début de semaine quelques pirouettes cyniques ciblant Messieurs Trump et Musk. On ne critique pas Messieurs Trump et Musk, d'abord parce qu'ils ont toujours raison et aussi parce que leurs trolls vous tombent dessus à la moindre blagounette. Donc, le début de séance de Wall Street était rouge vif, comme il se doit, après la mauvaise surprise sur l'inflation. Puis les indices sont remontés vers la surface, conformément au schéma habituel. C'est au moment de la rechute que ça a coincé.

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. D'abord, parce que Donald Trump n'a pas dégainé de "droits de douane réciproques" visant l'entièreté de la galaxie. Dimanche, le marché craignait que ces fameuses surtaxes ne soient annoncées lundi. Lundi, c'était censé être pour mardi. Mardi, tout le monde pensait que cette fois, on allait être bons pour mercredi. Et puis pouf, non. Le président des Etats-Unis a préféré s'attaquer d'abord à la fin de la guerre en Ukraine. Avec son énergie habituelle. Genre on dit ce qu'on fait, on fait ce qu'on dit. Il a pris direct un rendez-vous avec Vladimir Poutine pour discuter des modalités, sans passer par la case Volodymyr Zelensky. Lequel en conçoit manifestement quelque accablement. C'est toujours nul d'être le troisième d'un groupe de deux. Ou le quatrième, puisque Donald Trump a shunté avec la même facilité humiliante l'équipe d'Europe. Clairement en mode "laissez faire les grandes personnes maintenant". Ou "laissez faire les Empires", dans une version moins édulcorée.

La perspective d'une fin de conflit négociée en Ukraine, le sursis sur les droits de douane réciproques et l'abandon des espoirs de baisse de taux à court terme aux Etats-Unis ont donné lieu à cet entre-deux bizarre sur les marchés financiers. Les rendements obligataires US sont montés, logiquement, mais le dollar a baissé contre l'euro, ragaillardi par la perspective d'une accalmie à ses frontières. L'or a progressé (le risque reste présent) pendant que le pétrole reculait (une fin de conflit en Ukraine détendrait le marché de l'énergie). Quant aux indices actions, ils ont clignoté en vert en Europe, permettant à quelques places de toucher de nouveaux pics. Aux Etats-Unis, la règle de la cuite a abouti à une baisse de 0,5% pour le Dow Jones et de 0,27% pour le S&P 500, mais à une hausse de 0,12% côté Nasdaq. C'est en ce sens qu'elle est inachevée. Les publications de résultats d'entreprises, nombreuses, déclenchent toujours des réactions exorbitantes, à l'image des envolées de plus de 14% de Heineken ou de CVS Health hier. Il y aura encore une palanquée de trimestriels aujourd'hui, en attendant la publication de l'indice des prix à la production aux Etats-Unis à 14h30. Pour en finir avec l'actualité macroéconomique, Donald Trump a quand même officiellement promis qu'il annoncera les fameux droits de douane réciproques aujourd'hui ou demain.

Il n'empêche, tout est vert ce matin en Asie Pacifique. La Japon gagne 1,4%, Hong Kong prend 2,2%, la Corée du Sud 0,7% et l'Inde 0,6%. Les gains sont plus fragiles en Australie et à Taiwan. Les indicateurs avancés européens sont haussiers.

Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,99% à 8121 points. Le SMI prend 0,7% à 12 808 points. Le Bel20 gagne 0,8% à 4417 points. 

Les temps forts économiques du jour

Après le chiffre de l'inflation un peu élevé hier aux Etats-Unis en janvier, les marchés se tourneront vers les prix à la production US de janvier (14h30). Tout l'agenda ici.

Les principaux changements de recommandations

  • Aker Solutions : Arctic Securities dégrade son conseil d'achat à conserver avec un objectif de cours réduit de 45 NOK à 35 NOK.
  • Alcon : Octavian AG maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 88 à 80 CHF.
  • Capgemini : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 170 à 187 EUR.
  • Carel Industries : Intermonte démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 20 EUR.
  • Carmila : Bernstein maintient sa recommandation de sous-performance avec un objectif de cours relevé de 17 à 19 EUR.
  • Crédit Agricole : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 15 à 17 EUR.
  • Deutsche Börse : Landesbank Baden-Württemberg passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 245 EUR à 259 EUR.
  • Ems-Chemie Holding : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 745 à 735 CHF.
  • EssilorLuxottica : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 255 à 280 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 285 à 300 EUR.
  • Eurofins Scientific : Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 50 à 53 EUR.
  • Exail Technologies : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 23 à 28 EUR.
  • Ferrari : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 413 à 445 EUR.
  • Flatexdegiro : Morgan Stanley passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 13,70 EUR à 21 EUR.
  • Geberit : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 604 CHF.
  • Heineken : RBC Capital améliore son conseil de sous-performance à performance de secteur avec un objectif de cours relevé de 75 EUR à 80 EUR.
  • Kering : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 265 à 275 EUR. DZ Bank AG Research dégrade de conserver à vendre avec un objectif de cours réduit de 245 EUR à 238 EUR.
  • LVMH : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 763 à 811 EUR.
  • Mapfre : Alantra Equities dégrade sa recommandation d'achat à neutre avec un objectif de cours de 3,05 EUR.
  • Michelin : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 37 à 40 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 28 à 30 EUR.
  • Pihlajalinna : Inderes passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours relevé de 11,80 EUR à 13,50 EUR.
  • Porsche : HSBC dégrade son conseil d'achat à conserver avec un objectif de cours réduit de 75 EUR à 60 EUR.
  • Porsche Automobil Holding : HSBC améliore son conseil de réduction à conserver avec un objectif de cours relevé de 25 EUR à 35 EUR.
  • Renault : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 52 à 60 EUR.
  • SGS : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 99 à 110 CHF.
  • SMCP : TP ICAP Midcap démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 5,60 EUR.
  • Stellantis : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 13 à 11,50 EUR.
  • STMicroelectronics : Morgan Stanley passe sous-pondérer à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 20 à 22 EUR.
  • Volkswagen : HSBC passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 90 EUR à 125 EUR.
  • Warehouses De Pauw : Morgan Stanley améliore sa recommandation de sous-pondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 25 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

  • Les publications d'entreprises :
    • EssilorLuxottica dépasse les attentes et confirme ses objectifs de moyen terme.
    • Michelin annonce une baisse de ses volumes annuels, mais prévoit une hausse du résultat d'exploitation en 2025.
    • Klépierre fait mieux que prévu en 2024 et vise au moins autant en 2025.
    • Rexel prévoit des ventes stables ou légèrement positives en 2025, après une nette baisse des résultats en 2024.
    • Orange relève son objectif de cash-flow organique 2025.
    • Legrand vise une croissance de son chiffre d'affaires de 6 à 10% en 2025.
    • Unibail vise 9,30 à 9,50 EUR de résultat net ajusté récurrent par action cette année.
  • Accor envisage de vendre sa chaîne d'hôtels F1 à Fortress pour plus de 200 millions d'euros, selon Les Echos..
  • Sanofi stoppe une étude de phase III sur un candidat-vaccin contre les infections invasives à E.coli.
  • Crédit Agricole nomme Hugues Brasseur à la tête de sa filiale italienne, en remplacement de Giampiero Maioli, qui en devient président.
  • Renault, Eni et BWT Alpine Formula One Team réunis dans un nouveau partenariat stratégique.
  • Quatre associations ont intenté un procès contre TotalEnergies, accusant la société de "climaticide" en raison d'un projet pétrolier controversé en Ouganda et en Tanzanie.
  • Eiffage remporte en groupement le contrat pour un nouvel institut au CHU de Bordeaux.
  • BioMérieux lance une solution diagnostique innovante destinée aux industries agroalimentaires pour analyser rapidement l’origine des contaminations par Listeria.
  • Rubis lance une opération d'actionnariat salarié.
  • Casino renouvelle son partenariat avec Avia Thévenin Ducrot pour 3 ans.
  • Parrot toujours en bras de fer avec l'Ukraine sur ses drones, selon Intelligence Online.
  • Don't Nod signe un partenariat avec Sony sur "Lost Records: Bloom & Rage".
  • Verney-Carron, la filiale de Cybergun, en redressement judiciaire.
  • Les principales publications du jour : Euronext, Mercialys, Robertet, Neurones, Lectra, Ipsen, Gecina, Ubisoft, TF1, Delta Plus, Linedata, Chargeurs, Safe, Prodways, Nextedia, XilamLe reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D'Europe

  • Les publications d'entreprises :
    • Nestlé affiche une croissance organique des ventes de 2,2% en 2024, faible mais légèrement au-dessus des attentes.
    • Siemens AG affiche un bénéfice supérieur aux prévisions malgré la faiblesse de l'automatisation industrielle.
    • Barclays enregistre une hausse de 24% de son bénéfice annuel avant impôts.
    • British American Tobacco prend une charge de 6,2 milliards de livres en raison du règlement d'un procès lié au tabac au Canada.
    • DSM-Firmenich vise un Ebitda d'au moins 2,4 Mds€ cette année.
    • Swisscom publie ses prévisions pour 2025 après avoir finalisé l'acquisition de Vodafone Italia.
    • Adyen affiche un bénéfice annuel supérieur aux attentes.
    • Neste Oyj va supprimer environ 600 emplois.
    • Coca-Cola Hellenic prévoit une croissance plus lente de ses bénéfices dans un environnement économique difficile.
    • ThyssenKrupp Nucera affiche des commandes en baisse de près de moitié en raison des retards pris par le projet hydrogène.
    • KBC enregistre un bénéfice en hausse en 2024.
    • Delivery Hero enregistre une croissance au quatrième trimestre supérieure aux estimations.
  • Une petite étude révèle que le médicament amaigrissant de Novo Nordisk réduit les envies d'alcool.
  • BASF demanderait aux banques de se positionner pour la cotation de son unité de produits chimiques agricoles, selon Bloomberg.
  • Unilever va introduire en bourse son activité crèmes glacées à Amsterdam, Londres et New York.
  • Commerzbank va supprimer 3900 emplois d'ici 2028, principalement en Allemagne.
  • Equinor va poursuivre le projet Rosebank au Royaume-Uni.
  • DEME Group a été la seule entreprise à répondre à l'appel d'offres lancé par le gouvernement argentin pour un important contrat d'entretien de la voie navigable du Parana.
  • Sinch AB a enregistré une provision exceptionnelle de 700 millions de SEK pour faire face à des risques fiscaux historiques.
  • Les principales publications du jour : NestléUnileverSiemens AGRELXBritish American TobaccoBarclaysAdyenDSM-FirmenichSwisscomKBCCommerzbank AGMonclerNeste OyjCoca-Cola HellenicRecordati

D'Amérique du Nord

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

  • Alibaba continue sa flambée : le groupe est devenu le nouveau porte-étendard de l'IA chinoise. Le président d'Alibaba confirme par ailleurs le partenariat d'IA avec Apple pour les iPhones chinois.
  • Le conseil d'administration de Nissan a voté la fin officielle des négociations de fusion avec Honda.
  • Sony relève légèrement sa prévision de bénéfice pour l'exercice clos fin mars.
  • Vale va investir 12 milliards de dollars pour agrandir le site de Carajas, annonce le gouvernement brésilien.
  • Embraer va investir 3,5 milliards de dollars au Brésil d'ici 2030.
  • Les principales publications du jour : Sony GroupJapan TobaccoHonda MotorPro MedicusNorthern Star Resources, Singapore Telecommunications

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures