"La volatilité, c'est quand tout le monde s'affole dans tous les sens au début de la semaine et que tu te rends compte le vendredi soir qu'aucun indice n'a bougé de plus de 0,5%." Cette citation est attribuée à mon voisin Emile. C'est à la fois le sextuple lauréat du concours de courge géante de mon village, ce qui en fait un être supérieur à Léon Marchand, et le meilleur économiste de tout le nord-est du Lac du Bourget, du fait de son légendaire bon sens paysan.
Parce que les variations boursières de la semaine dernière, c'est 0 pour le S&P500 américain, +0,3% pour Stoxx Europe 600 américain ou -0,08% pour le FTSE britannique. Il y a bien le Nikkei japonais et son -2,5% qui se distingue, mais l'indice avait plongé de 12% lundi. C'est dire le rebond intervenu dans l'intervalle. L'indice de volatilité VIX, le fameux indice de la peur, a sauté comme un bouchon de champagne à la hausse avant de retomber un peu. Il reste dans une zone préoccupante, mais il fait beaucoup moins peur en phase descendante qu'en phase ascendante : pour prendre une image financière inversée, il a tendance à monter par l'ascenseur et à descendre par l'escalier.
Ce regain de volatilité a été provoqué en grande partie par la perte d'intérêt du carry trade. C'est la 100e fois que vous en entendez parler depuis dix jours, mais c'est quand même important de le rementionner. Le changement de politique monétaire du Japon, même largement anticipé, a fait se crasher ce pari populaire qui consiste à emprunter à taux bas dans l'Archipel pour réinvestir dans des actifs à meilleur rendement présumé : des actions technologiques, de la dette mexicaine ou la nouvelle startup de motoculteurs dotés d'intelligence artificielle lancée par Emile. Le carry trade était à la fois sûr et rémunérateur, ce qui avait poussé les investisseurs, notamment les hedge funds, à investir avec effet de levier. Quand il a fallu réduire la voilure à grande vitesse, il y a donc eu des répercussions sur de nombreuses classes d'actifs. Je ne suis pas loin de souscrire au fait qu'il agit essentiellement d'une correction technique et non d'une correction fondamentale, comme le défendent les gérants de RBC BlueBay dans une note parue vendredi dernier.
Le fondamental n'était pas totalement absent, puisqu'il a pris la forme de doutes sur la croissance américaine, l'appétence du consommateur à la dépense et les interrogations sur la capacité de la Chine à accélérer. Toutefois, ces éléments sont un peu la toile de fond du marché depuis des mois. L'hypothèse la plus probable désormais est que la banque centrale américaine va lancer son cycle de baisse de taux pour éviter une sortie de route économique, pendant que la Chine va continuer à galérer, prise en étau entre ses problèmes structurels (fragilité immobilière, surproduction…) et la pression externe (antidumping, embargos technologiques…).
A ce double propos (Fed et Chine), un nouveau front semble s'ouvrir en Chine, où la spéculation accrue sur le marché obligataire force la banque centrale à s'activer pour freiner la chute de rendements. Ce phénomène était déjà visible depuis quelques semaines, mais il s'est accru avec la volatilité récente et le report des investisseurs chinois sur les obligations, aux dépens des actions et d'autres classes d'actifs.
Aux Etats-Unis, les financiers pronostiquent toujours trois voire quatre baisses de taux cette année, ce qui nécessiterait une réunion avec deux baisses de taux, dans la mesure où il ne reste que trois rendez-vous d'ici la fin décembre pour la Fed. Les gens raisonnables estiment qu'il n'y a aucune raison, actuellement, de réaliser un double assouplissement. La gouverneure de la Fed Michelle Bowman a rappelé au cours du weekend qu'il existe encore des risques de hausse de l'inflation et que le marché du travail reste vigoureux. Elle pourrait donc ne pas voter en faveur d'une baisse de taux en septembre. Le marché écoute cette voix importante, tout en sachant que c'est le membre du FOMC le plus hawkish (faucon), c’est-à-dire le plus orthodoxe : elle est donc dans son rôle en prônant une approche conservatrice de la politique monétaire.
Les informations à ne pas rater pour bien démarrer la semaine
- Les jeux olympiques de Paris ont pris fin hier. Après ce qui semble être une belle réussite, les Français vont pouvoir recommencer à s'écharper.
- La situation est toujours tendue au Proche-Orient. Les Etats-Unis mettent la pression pour faire aboutir les négociations de paix, tout en renforçant leur dispositif en Méditerranée par crainte d'une riposte de l'Iran contre Israël.
- JD Vance, le remuant colistier de Donald Trump, s'est dit favorable à un contrôle "politique" de la Fed.
- Agenda macro : les dernières statistiques mensuelles américaines des prix à la production (mardi) et à la consommation (mercredi), puis les ventes de détail et les chiffres hebdomadaires de l'emploi (jeudi) seront au cœur de l'attention.
- Agenda des sociétés : parmi les annonces de résultats de la semaine, citons UBS, Henkel, Pandora, Vestas ou Adyen en Europe, ainsi que The Home Depot, Cisco, Walmart, Applied Materials et Deere aux Etats-Unis.
Les marchés japonais sont fermés pour cause de jour férié ce lundi. En Chine, Hong Kong et Shanghai sont à l'équilibre. La Corée du Sud et Taiwan bénéficient d'une bonne tenue des valeurs technologiques pour prendre 1% ou plus. L'Australie grappille 0,4%, pendant que l'Inde est en léger repli. Les indicateurs avancés européens sont haussiers, malgré les hésitations des "futures" à Wall Street.
Le CAC40 progressait de 0,4% à l'ouverture à 7300 points. Le SMI prenait 0,3% à 11 905 points. Le Bel20 glanait 0,1% à 4065 points.
Les temps forts économiques du jour
Il n'y aura pas d'indicateur majeur ce jour. Tout l'agenda ici.
Les principaux changements de recommandations
- Adidas : Landesbank Baden-Württemberg améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours de 252 EUR.
- AstraZeneca : TD Cowen maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 13945 à 14860 GBX.
- BE Semiconductor : Stifel passe de conserver à acheter en visant 140 EUR.
- Bellway : Peel Hunt améliore son conseil de conserver à accumuler avec un objectif de cours relevé de 2920 GBX à 3020 GBX.
- Bittium Oyj : Inderes améliore sa recommandation d'alléger à accumuler avec un objectif de cours de 8 EUR.
- Cargotec Oyj : BNP Paribas Exane démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 48 EUR.
- Corbion : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 29 à 30 EUR.
- Eutelsat Communications : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché et réduit l'objectif de cours de 4,20 à 3,70 EUR.
- Grenke Ag : Oddo BHF dégrade sa recommandation de surperformance à neutre avec un objectif de cours de 27,30 EUR.
- Jungheinrich : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 45 à 43 EUR.
- Kalmar Oyj : BNP Paribas Exane démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 33 EUR.
- KBC Groupe : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 83,50 à 87,10 EUR.
- Mtu Aero Engines Ag : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 274 à 300 EUR.
- Nepi Rockcastle : Bernstein démarre le suivi avec une recommandation de performance de marché et un objectif de cours de 7,30 EUR.
- Pihlajalinna Oyj : Inderes améliore sa recommandation d'achat à accumuler avec un objectif de cours de 11 EUR.
- Publicis Groupe : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation à alléger avec un objectif de cours relevé de 96,60 à 97,30 EUR.
- Puma : Baader Helvea améliore sa recommandation d'accumuler à acheter avec un objectif de cours de 45 EUR.
- Safran : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 236 à 220 EUR. Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 211 à 212 EUR.
- Société Générale : Intesa Sanpaolo maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 30,80 à 32,90 EUR.
- Shell Plc : Baptista Research passe de conserver à surperformance avec un objectif de cours réduit de 82,90 USD à 82,60 USD.
- Stellantis : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché et réduit l'objectif de cours de 22 à 18 EUR. Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 26 à 19 EUR.
- Zurich Insurance Group Ltd : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 465 à 470 CHF. DZ Bank AG Research maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 415 à 425 CHF.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Stellantis supprime 2450 emplois aux Etats-Unis.
- L'appareil qui s'est crashé au Brésil, provoquant une soixantaine de décès, est un ATR72 (Airbus / Leonardo).
- Eutelsat négocie la cession d'une partie de ses infrastructures passives au fonds EQT.
- Bridgepoint lorgnerait Esker, qui confirme des discussions.
- L'Olympique Lyonnais (Eagle Football) prête de son milieu de terrain Johann Lepenant au FC Nantes jusqu'au 30 juin 2025, avec une option d'achat d'un montant de 2,5 M€.
- Dolfines dilue massivement ses actionnaires pour assurer sa survie.
- Les principales publications du jour : Viel, IT Link, Artmarket… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D'Europe
- L'entreprise indienne Bharti rachète la participation de 24,5% détenue par Drahi dans BT Group.
- Shell investit dans la phase 2 du projet gazier de Surat en Australie.
- ThyssenKrupp rejette la demande de financement de son unité sidérurgique.
- Sandoz obtient le feu vert de la FDA pour le biosimilaire Enzeevu.
- Holcim entre sur le marché péruvien avec le rachat de deux sociétés.
- Schlatter victime d'une attaque informatique.
- Les principales publications du jour : Hannover Re, Aryzta, Hypoport…
D'Amérique du Nord
- L'activiste Starboard Value prend une participation dans Starbucks, selon le WSJ.
- Une nouvelle vague de licenciements chez Cisco, pourrait frapper 4000 personnes.
- Gold Fields va racheter Osisko Mining pour 1,6 Md$.
- Merck & Co acquiert un traitement des troubles immunitaires pour 1,3 Md$.
- Boeing obtient un contrat de 2,56 Mds$ de l'armée de l'air américaine pour l'avion E-7A Wedgetail.
- Walt Disney lève le voile sur les prochains "Avatar" et "Star Wars".
- LL Flooring dépose son bilan et s'apprête à vendre son entreprise.
- Tesla ne prend plus de commandes pour le Cybertruck le moins cher, mais propose désormais une version à 100 000 dollars.
- Les principales publications du jour : Barrick Gold Corporation, Sun Life Financial, KE Holdings…
D'Asie Pacifique et d'ailleurs
- Hindenburg Research accuse le chef des régulateurs financiers indien de conflit d'intérêts dans le dossier Adani.
- Petrobras garde la porte ouverte à d'éventuels dividendes supplémentaires cette année.
- Les principales publications du jour : néant…
Le reste de l'agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Comment la Monte dei Paschi di Siena a mis à genou une ville (Financial Times, en anglais).
- Le Kazakhstan se rêve en hub du commerce entre la Chine et l’Europe (Le Monde).
- Mode masculine : une courte histoire du short (The Conversation, pour la photo d'illustration).
- Les fonds spéculatifs sentent le sang alors que les prêteurs se retournent les uns contre les autres (Bloomberg, en anglais).
- Le Wall Street Journal se porte bien après l'apocalypse médiatique (Intelligencer, en anglais).
- Nous entrons dans une dystopie de fixation des prix par l'IA (The Atlantic, en anglais).
- De curieuses révélations sur l'industrie du tube PVC (On The Street, en anglais).
- La fausse bonne idée de mettre les produits sous clefs en magasin (Bloomberg, en anglais).