NEW YORK (awp/afp) - Wall Street, qui évolue à des records à l'issue d'une semaine raccourcie d'une séance, se tient prête à un retour de la politique avec l'approche du témoignage au Congrès de l'ancien patron du FBI.

Depuis le précédent week-end, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 0,60% à 21.206,29 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,54% à 6.305,80 points. L'indice élargi S&P 500 a progressé de 0,96% à 2.439,07 points. Tous trois terminant jeudi puis vendredi sur des sommets en clôture.

"J'aimerais pouvoir dire que le marché va se concentrer sur quelque chose d'autre mais je pense qu'il va être fixé sur Washington", a commenté Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.

Le temps fort de la semaine à venir devrait être le témoignage jeudi de l'ancien directeur du FBI James Comey, limogé par le président Donald Trump, devant le Sénat américain sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016.

Cela peut potentiellement rappeler à Wall Street les révélations en cascade sur le sujet dans la presse américaine qui l'avaient faite trembler à la mi-mai.

"Tout le monde va retenir son souffle parce que personne ne souhaite que l'on entre dans un processus d'impeachment" (destitution), a commenté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.

"Il est très important que cet obstacle soit passé à peu près tranquillement", a-t-il estimé, des incertitudes trop élevées ayant tendance à faire tanguer la Bourse.

Le président américain devra aussi continuer à gérer les conséquences politiques du retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, une décision qui a laissé Wall Street de marbre cette semaine.

Cette décision pourrait encore compliquer ses relations avec l'opposition démocrate et rendre plus difficile l'adoption de son programme économique, dont la perspective avait déclenché la hausse de la Bourse de New York après l'élection de Donald Trump en novembre.

Egalement le 8 juin, mais sur le plan international, les investisseurs seront attentifs à l'issue des élections législatives au Royaume-Uni, le recul de la livre sterling après des sondages suggérant un resserrement de l'écart entre les conservateurs de la Première ministre Theresa May et les opposants travaillistes de Jeremy Corbyn ayant servi de piqûre de rappel.

"C'est quelque chose que le marché n'a pas du tout pris en compte, la victoire (éventuelle) des travaillistes avec Jeremy Corbyn, qui est un travailliste très à gauche", a commenté Gregori Volokhine.

- Marché confiant -

Ce ne sont pas les indicateurs économiques qui semblent en mesure de pouvoir détourner le marché de ces considérations politiques, le calendrier se montrant relativement calme avec toutefois un indice ISM sur l'activité dans les services en mai (lundi) et des chiffres sur les crédits à la consommation en avril (mercredi) qui donneront des indications sur ce moteur de la croissance américaine.

En tout état de cause, le marché fait preuve "d'une réticence presque totale à accepter la moindre mauvaise nouvelle: notons vendredi la manière dont les mauvais chiffres de l'emploi ont été réinterprétés, avec un marché signant une hausse et finissant la journée à un record", a souligné Howard Silverblatt de S&P Dow Jones Indices dans une note.

Les investisseurs ont en effet décidé de voir sous leur meilleur jour des créations d'emplois en-dessous des attentes en mai et un salaire moyen stagnant en les examinant à l'aune de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Les analystes ont alors fait référence au concept de "boucle d'or" avec des chiffres suffisamment bons pour rassurer sur l'état de santé de l'économie américaine mais suffisamment mauvais pour empêcher la Fed de procéder à un resserrement monétaire trop rapide.

Il ne fait guère de doutes à Wall Street que le Comité monétaire de la Fed (FOMC) devrait relever les taux lors de sa prochaine réunion les 13 et 14 juin mais les spéculations vont bon train sur une éventuelle troisième hausse cette année et sur la date de début de la réduction du portefeuille d'actifs accumulés au cours de la crise financière.

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