Zurich (awp) - La deuxième fois aura été la bonne: deux ans après avoir rejeté l'idée de racheter les activités de chimie de la construction de son rival allemand BASF, le groupe Sika fait main basse sur l'ex-filiale rebaptisée entre-temps MBCC.

L'accord contraignant signé avec le fonds d'investissement texan Lone Star valorise l'entreprise à 5,5 milliards de francs suisses, précise Sika jeudi dans un communiqué. Ce montant fait de la transaction la plus importante de histoire du groupe et devrait lui permettre de donner un coup d'accélérateur à sa stratégie de croissance.

La multinationale de Baar espère porter dès 2023 son chiffre d'affaires à 13 milliards, contre 8 milliards actuellement. La finalisation de l'opération, sujette aux autorisations réglementaires, est attendue pour la deuxième moitié de 2022.

L'acquisition devrait permettre au chimiste zougois de compléter et d'élargir son offre dans quatre de ses cinq technologies de base et sept de ses huit marchés cibles. Les clients devraient par ailleurs bénéficier d'un réseau de distribution étendu et plus efficace dans tous les principaux marchés.

Basée à Mannheim et active dans les systèmes de construction et les additifs, MBCC compte quelque 7500 collaborateurs et vise cette année un chiffre d'affaires annuel de 2,7 milliards d'euros, soit environ 2,9 milliards de francs suisses.

Valeur ajoutée pour les actionnaires

Le prix d'acquisition correspond à un rapport de 11,5 fois la valeur de l'entreprise par rapport à l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pro forma attendu pour 2022. A la faveur de synergies annuelles de 160 à 180 millions de francs suisses visées, celui-ci devrait cependant être ramené à 8,5 fois.

La transaction est génératrice de valeur pour les actionnaires de Sika et devrait se refléter positivement dans le bénéfice par action (BPA) dès la première année complète d'activité suivant la finalisation de l'acquisition.

En téléconférence, le directeur financier (CFO) Adrian Widmer a laissé entendre que la contribution de MBCC au BPA serait de plus de 10% après l'intégration. Les frais de synergies sont quant à eux attendus à 200 millions de francs suisses sur trois ans.

Revenant sur le choix de la direction de l'époque de ne pas s'être porté acquéreur en 2019, le directeur général (CEO) Thomas Hasler a rappelé que Sika avait dû opérer un choix entre cette acquisition et celle du français Parex pour 2,5 milliards de francs suisses, jusqu'ici la plus grosse de l'histoire du groupe.

Fruit pas encore mûr

"Il y a deux ans, Parex était déjà prêt pour une reprise, quand MBCC était encore imbriqué dans un conglomérat géant", a expliqué le dirigeant. Le patron d'alors, Paul Schuler, avait répété que nonobstant un intérêt réel, une transaction avec BASF était hors de question, en raison notamment des problèmes du droit de la concurrence qui en auraient découlé.

La communauté financière salue une transaction qui fera de Sika le numéro un incontesté de son secteur. Le prix de la transaction ne fait cependant pas l'unanimité.

A l'image de Baader Helvea, certains s'étonnent de voir Sika débourser aujourd'hui près de deux tiers de plus que ce que Lone Star avait payé deux ans plus tôt. D'autres, comme la Banque cantonale de Zurich (ZKB) jugent au contraire qu'au vu des nombreuses complémentarités et synergies que l'intégration de MBCC permettra de réaliser, le prix est intéressant et la transaction clairement positive.

A la Bourse, les investisseurs ont applaudi des deux mains et l'action Sika a terminé largement en tête de l'indice avec un gain de 10,9% à 357,60 francs suisses. Le SMI a lui fini en hausse de 0,16%.

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