par Julien Ponthus

PARIS, 14 décembre (Reuters) - Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) a bouclé jeudi la restructuration financière de Novasep et injectera 30 millions d'euros sous forme d'actions de préférence dans ce fournisseur jugé stratégique pour l'industrie pharmaceutique française.

Surendetté et en défaut de paiement à la suite d'un montage financier basé sur des leviers de dette importants, la société basée à Pompey, en Lorraine, a vu ses créanciers accepter de convertir environ 60% de leurs dettes en actions, a indiqué à Reuters Thomas Devedjian, membre du comité exécutif du FSI.

Après la restructuration, Novasep aura une dette ramenée de 415 millions à 150 millions d'euros, pour un excédent brut d'exploitation compris entre 40 et 50 millions d'euros.

"Nous avions déjà identifié cette entreprise comme étant stratégique il y a deux ans mais les négociations avec l'actionnaire majoritaire, le fonds Gilde avaient échoué", a-t-il expliqué.

Les négociations, qui ont repris cet été sur le dossier, ont été particulièrement musclées, Gilde et les autres actionnaires ayant pratiquement perdu l'intégralité de leur mise, a expliqué Thomas Devedjian.

Ce dernier a raconté avoir refusé une proposition de dernière minute pour fusionner Novasep à l'entreprise de chimie fine Minafin, une opération qui aurait été destructrice d'emplois et dont la mise en euvre aurait aussi nécessité trop de temps étant donné l'urgence de la situation.

L'injection de capital frais permettra au fonds souverain français d'obtenir deux des neuf siège du conseil de surveillance de l'entreprise, ainsi qu'un droit de veto sur des décisions stratégiques comme les délocalisations ou la politique d'endettement, a énuméré Thomas Devedjian.

La majorité des créanciers étant des fonds d'investissement américains comme Silverpoint ou Pimco, l'investissement du FSI permet de garantir la représentation des intérêts français dans le groupe après la restructuration.

Si le FSI n'a pas de garantie à long terme sur l'emploi, il ne prévoit cependant aucune détérioration sur ce front.

"La direction nous a indiqué qu'il n'y avait pas de restructuration industrielle prévue", a indiqué Thomas Devedjian, se félicitant du fait que l'entreprise devrait afficher un résultat net positif après la mise en oeuvre de la restructuration financière.

Novasep, qui s'est spécialisée dans la purification des molécules composant les principes actifs des médicaments, emploie 1.100 personnes, dont 600 en France.

L'éclatement de la crise financière en 2008 a mis en avant les risques que posent certains montages financiers basés sur de fortes proportions de dette (LBO) qu'utilisent les fonds d'investissement pour gonfler leurs bénéfices lorqu'ils revendent, après quelques années, les entreprises qu'ils ont achetées à crédit.

La récession de 2009 a en effet littéralement étranglé des entreprises rachetées sous LBO, incapables de rembourser les intérêts de la dette que les fonds avaient contractée pour les racheter.

Cette situation a conduit des entreprises dont le résultat d'exploitation hors gestion de la dette était positif à se mettre en défaut de paiement. (Julien Ponthus, édité par Cyril Altmeyer)