New York (awp/afp) - Le laboratoire américain Merck a subi une perte de presque 6 milliards de dollars au deuxième trimestre, à la suite de l'absorption de l'entreprise de biotechnologie californienne Prometheus Biosciences, qui lui a coûté près de 11 milliards de dollars.

Le groupe, connu sous le nom de MSD en dehors des Etats-Unis et du Canada, avait prévenu lors de l'annonce de la finalisation, le 16 juin, que la charge induite par cette transaction affecterait son résultat trimestriel et celui de son exercice.

Dilué par action, cela représente une perte de 2,06 dollars, quand les analystes tablaient sur une perte de 2,18 dollars.

Prometheus est notamment en train de développer un traitement contre des maladies auto-immunes, comme la maladie de Crohn, baptisé MK-7240 (anciennement PRA023).

"L'acquisition de Prometheus renforce de manière très importante notre présence en immunologie, un domaine dans lequel des besoins médicaux importants ne sont pas satisfaits", a souligné Robert Davis, patron du groupe, lors d'une audioconférence avec des analystes, soulignant que le groupe avançait "à toute vitesse pour lancer un essai clinique de Phase III".

Selon lui, ces essais --étape déterminante avant une mise sur le marché-- pour le traitement de la rectocolite hémorragique devraient commencer d'ici la fin de l'année.

Le chiffre d'affaires de Merck a progressé de 3% à 15,03 milliards de dollars, faisant mieux que le consensus.

Les ventes de son traitement anti-Covid molnupiravir --commercialisé sous le nom de Lagevrio-- ont continué de fondre sur le trimestre (-83% à 203 millions de dollars) avec le recul de la pandémie.

En excluant Lagevrio, le chiffre d'affaires de Merck a augmenté de 11%.

En revanche, les ventes de son traitement contre le cancer Keytruda ont progressé de 19% à 6,3 milliards de dollars et celles du vaccin Gardasil --prévention du cancer du col de l'utérus-- sont en hausse de 47% à 2,5 milliards.

Moins soutenu

"Chez Merck, tous les yeux sont tournés vers son traitement vedette d'immunothérapie contre le cancer Keytruda, qui n'a pas déçu", a commenté dans une note Lee Brown, analyste chez Third Bridge, soulignant que les ventes avaient surpassé de 8% le consensus.

"La croissance de Keytruda est exceptionnelle depuis plusieurs trimestres, surpassant nos attentes, tirée par une consommation robuste dans le cadre d'indications récentes pour des cas précoces", a relevé Caroline Litchfield, directrice financière, auprès des analystes.

Cette croissance va se poursuivre mais sur un rythme moins soutenu, a-t-elle prévenu.

Le Gardasil a également fait bien mieux que ce qu'attendaient les analystes, grâce à une forte demande en particulier en Chine, a poursuivi Merck.

Le groupe a de nouveau relevé ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice avec un chiffre d'affaires attendu entre 58,6 et 59,6 milliards (contre 57,7 et 58,9 milliards auparavant) et un bénéfice net par action entre 2,95 et 3,05 dollars, affecté par la charge de Prometheus à hauteur de 4,02 dollars.

"Nous restons confiants pour le reste de l'année", a précisé M. Davis.

Concernant l'Inflation Reduction Act (IRA), paquet législatif promulgué en août 2022, il a expliqué qu'il s'agissait d'un "défi intenable pour l'innovation du secteur" qui a justifié la procédure en justice lancée en juin par Merck, et par trois autres groupes pharmaceutiques.

De plus, selon lui, ce texte --qui donne notamment au gouvernement américain la possibilité de négocier directement le prix des médicaments avec les groupes pharmaceutiques-- enfreint la Constitution des Etats-Unis. Il a fait part de son intention d'aller jusqu'à la Cour suprême.

A la Bourse de New York, le titre cédait 0,62% à 105,99 dollars vers 16h00 GMT.

afp/rp