MILAN, 30 août (Reuters) - La banque italienne Banca Marche a été placée vendredi sous tutelle de la Banque d'Italie après avoir publié une perte nette semestrielle de 232 millions d'euros, conséquence de lourdes dépréciations sur son portefeuille de prêts.

Les plus petites des banques italiennes souffrent de la récession économique - la plus longue qu'ait subie le pays depuis la Seconde Guerre mondiale - et de la montée des créances douteuses. Certains analystes estiment que nombre d'entre elles devront faire appel aux marchés ou à l'aide de l'Etat pour renforcer leur capital.

Banca Marche a précisé que son ratio de solvabilité "Core Tier 1", un baromètre clé de la solidité de son bilan, était tombé à 4,29% seulement fin juin, l'un des plus bas du secteur en Italie.

A titre de comparaison, les principales banques italiennes, comme UniCredit, Intesa Sanpaolo, UBI ou Banco Popolare, affichent des ratios situés entre 9,5 et 11%.

Banca Marche prévoyait de procéder d'ici la fin de l'année à une augmentation de capital de 300 millions d'euros mais elle a expliqué vendredi ne pas avoir obtenu les engagements fermes permettant d'assurer le succès de l'opération, ni de ses actionnaires, ni de nouveaux investisseurs.

Elle a aussi tenté en juillet d'émettre pour 100 millions d'euros d'obligations en offrant un rendement généreux de 12,5% mais les souscriptions n'ont pas dépassé 25 millions.

La banque, qui compte 312 agences, a expliqué que la Banque d'Italie avait suspendu de leurs fonctions tous les membres de son conseil d'administration et ses auditeurs internes, et qu'elle avait nommé deux administrateurs provisoires entrés en fonctions dès vendredi.

Au premier semestre, les charges pour dépréciation de créances ont atteint 451,8 millions d'euros, soit près de six fois plus que sur la période correspondante de l'an dernier. Les créances douteuses ont augmenté de 15% et représentaient fin juin 24% du portefeuille global.

Les dépréciations sont supérieures de 170 millions au montant évoqué le 1er août.

Banca Marche est contrôlée par trois "fondations" (des organisations charitables souvent étroitement liées à des partis politiques) qui détiennent au total 56% de son capital. Intesa Sanpaolo en possède 5,8%. (Silvia Aloisi; Marc Angrand pour le service français)