Faut-il craindre l'approche des dix ans ? se demande Nathalie Benatia, chez BNP Paribas Asset Management, qui n'a pas manqué de noter que la phase d'expansion actuelle a duré 108 mois (à valider avec les chiffres du second trimestre 2018). Sur le podium des périodes de croissance, il s'agit de la seconde plus longue de l'histoire, la première ayant duré 120 mois entre avril 1991 et mars 2001. Le graphique ci-dessous illustre la longueur des cycles d'expansion, en mois, depuis le milieu du XIXème siècle.
 
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Forever young

En intégrant les attentes actuelles des économistes, Nathalie Benatia estime que le cap des dix ans sera atteint. Elle rappelle d'ailleurs la jolie conclusion du patron de la recherche économique de la Fed de San Francisco, Glenn Rudebusch, dans son article de 2016 intitulé "Les reprises économiques meurent-elles de vieillesse ?". L'argumentation de Rudebusch montre que ce n'est pas le cas. "Comme Peter Pan, les reprises économiques semblent insensibles aux effets du temps", conclut-il.

De Peter Pan à Greenspan

La représentante de BNP Paribas AM s'attarde sur les caractéristiques de la période de croissance actuelle. Elle est moins forte et plus lente que lors des phases précédentes post-seconde guerre mondiale. L'une des explications à sa longueur tient sans doute au pragmatisme des banquiers centraux. En s'écartant de la "règle de Taylor", qui induisait une remontée plus précoce et plus forte des taux, Alan Greenspan et Janet Yellen ont étendu le cycle. "Avec l’approche consistant à considérer l’objectif d’inflation comme "symétrique" Jerome Powell, qui a pris la direction de la Réserve fédérale en février, s’inscrit dans leurs traces", conclut BNPP AM.