* Cofinoga a tenu dans la matinée un CCE à Paris

* 397 emplois doivent être supprimés à Mérignac

* Crise et loi Lagarde pénalisent le crédit consommation-syndicat (Actualisé avec communiqué des élus §12-13)

par Matthieu Protard et Claude Canellas

PARIS/BORDEAUX, 20 janvier (Reuters) - Cofinoga, le spécialiste du crédit à la consommation, a annoncé vendredi qu'il prévoyait de supprimer 433 postes en France, dont l'essentiel concerne son site de Mérignac en Gironde, en raison de la crise et de la nouvelle réglementation sur le crédit à la consommation.

La filiale du groupe LaSer, détenu à parité par les Galeries Lafayette et la banque BNP Paribas, qui a été appelée à l'aide par des syndicalistes et des élus, a tenu dans la matinée un comité central d'entreprise (CCE) très attendu par les salariés.

Des rumeurs persistantes de suppressions de postes circulaient en effet depuis plusieurs semaines au sein de l'entreprise qui emploie plus de 2.500 salariés.

"Le plan de sauvegarde de l'emploi tel qu'il est envisagé pourrait se traduire par la suppression de 462 postes (...) ramenés en pratique à 433 postes en net grâce à 29 créations de postes à Mérignac", explique la société dans un communiqué.

La site de Mérignac sera le plus touché avec 397 postes supprimés. Quarante-quatre postes le seront aussi à Paris, ainsi que deux à Jurançon près de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques.

Les 19 postes restants seront supprimés dans différentes agences en France, mais Cofinoga ne donne pas plus de détails.

"Nous demandons aux Galeries Lafayette et à BNP de nous aider à reclasser le personnel", a réagi à l'issue du CCE un délégué syndical de Cofinoga qui n'a pas souhaité être nommé.

"Bien sûr il y aura peut-être des personnes qui partiront dans le cadre de plan de volontariat mais il vaut mieux qu'un maximum de personnes puisse retrouver un emploi ou qu'on leur propose quelque chose."

"ALLER VERS LA BNP"

"Tous les services seront impactés, le recouvrement, les administratifs, la comptabilité, le développement stratégique, le marketing, sous forme de saupoudrage mais nous ne savons pas encore de quelle manière", a de son côté déclaré à Mérignac Jean-Louis Gayon, délégué syndical CGT.

En fin de matinée, alors que le CCE se déroulait à Paris, une assemblée générale a réuni environ 200 salariés sur le site de Mérignac.

Les élus de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) ont annoncé leur venue sur le site en début d'après-midi à la rencontre des représentants des salariés.

Plusieurs élus, parmi lesquels le maire de Bordeaux Alain Juppé (UMP) et le député-maire de Mérignac Michel Sainte-Marie (PS), ont ensuite estimé dans un communiqué que BNP Paribas et Galeries Lafayette avaient "les moyens financiers et économiques pour empêcher la réalisation de ce plan social mais également pour mettre en place une véritable stratégie de développement (de Cofinoga)".

"Ayant fait récemment l'objet d'une forte recapitalisation par l'Etat sous forme de 5 milliards d'actions de préférence, il est impensable que BNP Paribas ne mobilise pas l'ensemble de son groupe pour soutenir sa filiale et son personnel", ont-ils ajouté.

"On va essayer de sortir le dossier du giron de Cofinoga pour aller vers la BNP, le principal actionnaire, ainsi que vers les politiques qui ont un rôle à jouer", avait auparavant fait savoir le délégué CGT.

A Paris, BNP Paribas n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

Selon les syndicats, la crise et la loi Lagarde de 2010 destinée à encadrer les crédits renouvelables dits "revolving", spécialité de Cofinoga, ont entraîné une baisse d'activité.

"La crise provoque une baisse de la demande du crédit à la consommation avec un taux d'endettement des Français au plus bas depuis 15 ans", souligne Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil en stratégie Weave.

"De plus, la mise en ÷uvre progressive de la réforme du taux de l'usure prévue par la loi Lagarde portant la réforme du crédit à la consommation a des conséquences financières lourdes", ajoute le consultant. (Avec Benjamin Mallet, édité par Jean Décotte)