Paris (awp/afp) - L'assureur français Axa a bouclé l'année 2023 avec un bénéfice net de 7,19 milliards d'euros (+45% sur un an), qu'il a prévu de largement redistribuer à ses actionnaires, à l'aube d'un nouveau plan stratégique de trois ans.

Le groupe "a réalisé (...) d'excellents résultats qui prouvent que la transformation qu'on a commencée depuis 2016 est une transformation réussie", a salué jeudi, lors d'une conférence de presse, le directeur général Thomas Buberl, qui a pris la tête d'Axa il y a huit ans, à seulement 43 ans.

L'assureur se dit moins sensible aux marchés financiers, plus simple et plus agile, avec le développement de l'assurance dommages (habitation et automobile principalement) et le recentrage sur certains pays.

Il est aussi plus généreux avec ses actionnaires, avec 75% de redistribution pour 2023, un ratio qui sera maintenu au moins jusqu'en 2026.

L'an dernier, les primes brutes, équivalent du chiffre d'affaires, ont progressé de 3%, à 102,7 milliards d'euros, tirées notamment par l'assurance dommages (+7%).

Ce segment, qui représente la moitié des primes et les deux tiers du résultat opérationnel, a bénéficié d'un "effet prix positif" - autrement dit, une hausse des tarifs, notamment en assurance automobile -, face à une charge moindre des sinistres.

Le chiffre d'affaires de l'activité vie et santé a lui reculé de 2% et son résultat opérationnel de 8%, affecté entre autres par une augmentation de la fréquence des sinistres en assurance médicale privée au Royaume-Uni.

Des actionnaires gâtés

Si Axa met en avant son bénéfice opérationnel réalisé l'an dernier (7,6 milliards d'euros), son bénéfice net publié, à 7,19 milliards d'euros, est en peu en dessous des estimations des analystes et du record de 2021.

Cela s'explique par une augmentation de la charge de la dette et des investissements technologiques, a précisé lors d'une conférence téléphonique Alban de Mailly Nesle, directeur financier du groupe.

La progression du résultat net sur un an s'apprécie par ailleurs à la lueur d'un changement de norme comptable l'an dernier.

L'assureur, dont les grands concurrents en France sont des groupes mutualistes, a décidé de choyer ses actionnaires en portant le montant du dividende à 1,98 euro par action, 16% de plus que l'année précédente.

Cette proposition, soumise à approbation lors de la prochaine assemblée générale le 23 avril, s'accompagne d'un nouveau plan de rachat d'actions de 1,1 milliard d'euros, en plus des 500 millions d'euros annoncés en décembre.

Le premier groupe français d'assurance, qui rivalise à l'échelle européenne avec l'allemand Allianz, a par ailleurs annoncé que son dividende par action serait "au moins égal au niveau de l'exercice précédent" jusqu'en 2026.

L'action d'Axa a gagné jeudi 2,84%, à 32,06 euros, à la Bourse de Paris, touchant en séance son plus haut niveau depuis juin 2007.

Nouveau plan triennal

Résultat opérationnel, trésorerie, solvabilité... au terme d'un cycle de trois ans marqué par la sortie progressive de la pandémie de Covid-19, "le groupe a atteint avec succès ses principaux objectifs financiers", s'est félicité M. Buberl.

Le plan 2021-2023 "est une grande réussite, ce qui nous permet d'être parfaitement positionné pour lancer notre nouveau plan stratégique", a lui aussi souligné M. de Mailly Nesle.

"Nous allons concentrer nos efforts sur le renforcement de nos principales lignes de métier", a précisé M. Buberl pour la suite.

L'entreprise souhaite également "générer une croissance organique rentable" en se développant par exemple sur un segment de clientèle qu'elle a peu investi: les PME et les ETI.

Elle compte aussi investir massivement dans l'intelligence artificielle de manière à automatiser certaines tâches, utiliser davantage les données en sa possession, affiner ses politiques de prix ou encore améliorer ses échanges avec les clients.

Ces ambitions se traduisent en objectifs financiers chiffrés pour 2026, comme la croissance annuelle du résultat opérationnel par action de 6% à 8% par an en moyenne.

"Les profits d'Axa se font au détriment du climat", a protesté Ariel le Bourdonnec, le chargé de campagne assurance au sein de l'ONG Reclaim Finance. "Malgré l'urgence climatique, le groupe veut continuer de prendre à ses assurés pour donner à ses actionnaires", a-t-il critiqué.

afp/rp