Son livre est une sorte d'autobiographie où, forcément, Michel David-Weill parle de lui : ses goûts pour la peinture - le Titien, Rubens, ... - la littérature, les cigares, les femmes et bien sûr l'argent. Normal, pour l'une des principales banques mondiales de conseil en fusions-acquisitions.

A l'en croire, il a décidé avant même d'atteindre ses quinze ans qu'il deviendrait banquier, suivant ainsi une tradition familiale qui se dissipe aujourd'hui. Il n'a d'ailleurs pas eu d'héritier mâle alors que dans la famille, la finance reste une affaire d'hommes.

D'ailleurs, n'a-t-il pas cédé son fauteuil de président de Lazard Ltd à l'américain Bruce Wassertein ? Voilà qui a mis fin à une succession consécutive de quatre Weill à la tête de la banque d'affaires US. Michel David-Weill a d'ailleurs avoué regretter d'avoir fait entrer l'américain chez Lazard. Il faut dire qu'entre les deux hommes, la transition ne s'est pas passée dans la douceur...

Lazard LLC est d'ailleurs cotée en Bourse à New York, depuis 2005. C'est encore un coup de Bruce Wasserstein qui met fin à la tradition de détention familiale de la banque Lazard côté américain. D'autant que ce Wasserstein est un « enfant du parquet » de la Bourse de New-York. Issu d'un milieu aisé de Brooklyn, il est plus entrepreneur qu'héritier : sa banque d'investissement a été rachetée par l'allemande Dresdner pour 1,5 milliard de dollars, dans les années 90. Fonceur et casseur de mythes, fussent-ils familiaux. Autant dire que le nouveau patron de Lazard tranche avec son prédécesseur.

Les choses changent, les dirigeants et même les banques d'affaires comme Lazard, si elles restent internationales, sont de moins en moins familiales. Ce qui explique sans doute la pointe de nostalgie (« je sais très bien que personne ne vivra plus comme j’ai vécu »), et parfois d'amertume qui transparaît sous la plume de l'auteur.

Ceci dit, à 75 ans, Michel David-Weill n'a pas complètement « raccroché » : il reste président du directoire d'Eurazeo, holding cotée dont les familles fondatrices détiennent toujours une partie du capital. De quoi assumer ses goûts d'esthète...