Encore des variations hallucinantes hier, et je ne parle même pas de la Société Générale qui nous a signé un petit retour en grâce pour bondir de 11% après ses résultats. Non, je parle de la cote américaine où les investisseurs sont en train de devenir timbrés, la faute sans doute à l'hystérie collective pré-élection présidentielle de mardi prochain. Sur le S&P500, Paycom a gagné 21% et Entergy 15%, pendant qu'Estée Lauder sombrait de 22%, Aptiv de 17% et MGM Resorts de 11%. Quant à Super Micro Computer, l'ex-vedette de l'IA a empilé une baisse de 11% avec celle de 37% de la veille. On peut y ajouter les 9% de baisse d'Uber et de Regeneron ou les 8% d'eBay. Mais ce qui a fait de gros dégâts, c'est la chute de 6% de Microsoft, action-sanctuaire par excellence.

Arrêtons-nous un instant sur Microsoft. Les investisseurs ont l'air de s'être rendu compte hier soir que le grand chambardement de l'IA nécessitait des investissements colossaux pour des profits au mieux éloignés et au pire douteux, sauf pour ceux qui sont au début de la chaîne (Nvidia, TSMC…) ou qui peuvent facturer illico leurs surcoûts (Amazon avec AWS). Pour les autres, c'est plus compliqué et une ligne permet de comprendre cela dans les comptes de Microsoft. C'est la ligne CAPEX, que vous pouvez retrouver sur Zonebourse dans l'onglet finance. Pour la faire courte, Microsoft a investi en moyenne 15 milliards de dollars par an entre 2015 et 2023. En 2024, les dépenses d'investissement vont dépasser 44 milliards de dollars. En 2025, elles devraient se situer à 56 milliards de dollars, puis continuer à croître. Si les anticipations des analystes sont bonnes, le groupe va investir en moyenne 56 milliards de dollars par an sur l'année en cours et les trois suivantes. Presque quatre fois plus que sur le cycle précédent. Microsoft a beau avoir les poches profondes et gagner nettement plus d'argent qu'il y a dix ans, cette accélération des dépenses est un vrai changement de modèle. Manifestement, il y a eu une prise de conscience hier exacerbée par une poussée générale d'aversion au risque.

Le Nasdaq a en effet terminé la séance à -2,4%, avec quelques beaux gadins et 75% des actions composant l'indice dans le rouge. Le S&P500 n'a pas beaucoup mieux résisté (-1,9%). En Europe, le rouge était de mise partout, notamment en France et en Suisse. Cette année, le mois de septembre, à la sinistre réputation, a finalement accouché d'un bilan plutôt positif tandis qu'octobre, statistiquement plus prolifique, a déçu. A l'exception du marché japonais, qui a repris 3% sur le mois, la plupart des autres places ont marqué le coup. Le S&P500 américain a perdu -1%, le Stoxx Europe 600 européen -2,85% et le Hang Seng de Hong Kong -3,9%. Le marché le plus chahuté du mois d'octobre 2024 est l'Inde (-6,1%). Notons que le DAX allemand a limité ses pertes à 0,35% malgré la mauvaise passe économique du pays, bien aidé par le retour sur le devant de la scène de SAP.

La séance du vendredi 1er novembre, qui n'est chômée presque nulle part en bourse, est marquée par le net rebond du pétrole, après des informations d'Axios selon lesquelles l'Iran serait en train de préparer une riposte visant Israël. En parallèle, l'indicateur PMI manufacturier de Caixin pour la Chine confirme l'indicateur officiel publié la veille : une légère reprise a l'air de se dessiner dans l'industrie. Pékin a aussi annoncé le premier frémissement haussier des transactions immobilières depuis des lustres. Il faut dire que le gouvernement a sorti la Grosse Bertha ces dernières semaines pour pousser les ménages à se lancer dans un achat. Autre actualité macro du moment, la remontée des coûts d'emprunt britanniques après la présentation du budget travailliste. La ministre britannique des finances s'emploie à apaiser les marchés pour éviter ce que l'on appelle désormais un "moment Truss", c’est-à-dire un risque de déstabilisation systémique brutale du marché des obligations d'Etat britanniques à cause d'un budget mal fagoté.

En dépit de tous ces événements, les regards des investisseurs sont rivés sur le marché du travail américain avec la publication, à 13h30, des statistiques d'octobre. On sait que ces données font partie des variables prises en compte par la Fed pour piloter ses taux. A six jours de la prochaine décision de politique monétaire de la banque centrale américaine, elles revêtent une importance particulière. Les économistes attendent en moyenne un peu plus de 100 000 créations d'emplois aux Etats-Unis au cours du mois écoulé.

Je termine en soulignant que le bitcoin est repassé sous la barre des 69 000 USD, parce que la cote de Donald Trump a un peu flétri chez les bookmakers ces dernières 24h00. La finance, ça tient parfois à peu de choses.

En Asie Pacifique, la semaine se termine difficilement pour Tokyo, qui chute de 2,5%. Les baisses sont plus modérées, de l'ordre de 0,5%, pour l'Australie, la Corée du Sud, l'Inde et Taiwan. La Chine fait encore cavalière seule, avec un gain de 0,9% à Hong Kong et de 0,3% pour l'indice continental CSI300. Les indicateurs avancés européens sont fragilement haussiers, grâce au petit pic de libido visible aux Etats-Unis dans le sillage des résultats d'Amazon et d'Intel.

Le CAC40 reprend 0,2% à 7358 points à l'ouverture. Le SMI gagne 0,4% à 11 838 points. Le Bel20 recule de 0,4% à 4198 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, la variation des emplois non agricoles et le taux de chômage d'octobre seront annoncés à 13h30, avant le PMI manufacturier (14h45) et les dépenses de construction et l'ISM manufacturier à (15h00). Tout l'agenda ici.

Les principaux changements de recommandations

  • Aixtron : Jefferies passe d'acheter à neutre en visant 16 EUR.
  • ArgenX : Biard passe de surperformance à conserver en visant 650 USD. Evercore ISI reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 555 à 675 USD. TD Cowen reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 642 à 721 USD.
  • Avolta : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 44 à 41 CHF.
  • Deezer : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif réduit de 2,20 à 1,50 EUR.
  • HelloFresh : JPMorgan passe de neutre à surpondérer en visant 14 EUR.
  • Lufthansa : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 7 EUR.
  • Pluxee : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 31 à 23 EUR.
  • Polypeptide : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 45 CHF.
  • Repsol : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 15 EUR.
  • Société Générale : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 36 EUR.
  • SoftwareONE : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif réduit de 15,50 à 8,90 CHF.
  • Sopra Steria : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 245 à 240 EUR. Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 42 à 32 EUR.
  • STMicroelectronics : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 29 à 25 EUR.
  • Tecan : UBS passe d'acheter à neutre en visant 241 CHF.
  • Technip Energies : JPMorgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 26 à 28 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

  • Un litige autour de la TVA oppose le fisc et le groupe Canal+ (Vivendi) pour 655 millions d'euros.
  • Eiffage franchit les seuils de 20% et 25% des droits de vote de Getlink mais n'envisage pas d'en prendre le contrôle.
  • Euronext signe un accord avec les syndicats sur l'emploi et les heures de travail des employés de Borsa Italiana.
  • Eutelsat, Hispasat et SES S.A. remportent l'appel d'offres de l'UE pour 290 satellites sécurisés.
  • Elis annonce l'acquisition de Wasned aux Pays-Bas.
  • Esso finalise la vente de ses activités de raffinage et de logistique du sud de la France à la société Rhône Energies.
  • Casino enregistre une contraction de ses ventes au T3 et annonce qu'un plan stratégique recentré sur le commerce de proximité sera présenté le 14 novembre.
  • Viridien confirme ses objectifs 2024 après T3 plus faible.
  • Actia renforce sa collaboration avec Ampere en détachant une équipe dédiée à la filiale VE de Renault.
  • NHOA annonce le départ du CEO et cofondateur Carlalberto Guglielminotti.
  • Voltalia annonce le financement d'un projet solaire en Ouzbékistan.
  • Eagle Football Group publiera ses résultats annuels de l'exercice 2023/2024 mercredi 6 novembre 2024 après bourse.
  • Les AGE des actionnaires de Compagnie du Cambodge et de Société des Chemins de Fer et Tramways du Var et du Gard ont approuvé le projet de fusion par voie d’absorption de la seconde par la première.
  • Les principales publications du jour : Samse, Lucibel, DBV Technologies, Groupe LDLC, U10, Acteos, Coil, Paulic, Guillemot, Vinpai, Hitechpros, Acticor, Neovacs, ProactisLe reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D'Europe

  • La Deutsche Bank se joindrait à une action en justice visant à récupérer des fonds créés après la crise de 2008.
  • Fitch relève la note d'UniCredit à BBB+.
  • SFS rachète de l'entreprise américaine Pro Fastening Systems.
  • Les liens de Games Workshop avec la Russie interrogent.
  • Les principales publications du jour : Piraeus Financial, Fugro, Scatec

D'Amérique du Nord

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures