New York (awp/afp) - Les Bourses mondiales se sont inscrites globalement dans le rouge jeudi, comme la veille, pâtissant d'une vive remontée des taux longs sur le marché obligataire, ce qui refroidit les investisseurs sur le marché actions.

A New York, le Dow Jones a cédé 0,19%, le Nasdaq a perdu 0,10% et l'indice élargi S&P 500 a reculé de 0,25%.

En Europe, les indices boursiers ont clôturé dans le rouge, Paris ayant lâché 0,72%, Francfort 0,79%, Londres 0,43% et Milan 0,94%. A Zurich, le SMI a perdu 1,12%.

"La correction sur le marché obligataire a affecté tous les actifs" jeudi, a souligné Jeanne Asseraf-Bitton, gérante chez BTF IM.

"On est reparti sur une période de tension sur les taux longs américains", causée à la fois par "les annonces du Trésor américain qui revoit à la hausse son estimation sur les émissions de titres" pour le troisième trimestre et "l'abaissement surprise de la notation de Fitch la veille" de la note de solvabilité des Etats-Unis, a détaillé l'analyste.

Même opinion auprès de Karl Haeling de la banque LBBW pour qui la dégradation de la note de la dette américaine "a surtout attiré l'attention sur le déficit budgétaire américain qui va être bien plus important que prévu", entraînant un flot d'émissions de dette du Trésor américain que devront absorber les investisseurs.

Sur le marché obligataire, depuis mardi, les taux sur les bons du Trésor à long terme poursuivent leur ascension. Vers 20H50 GMT, le rendement sur les bons à dix ans se tendait nettement à 4,17%, et celui à trente ans était à 4,29%, tous deux à leur plus haut depuis octobre 2022.

Sur le vieux continent, le taux allemand à 10 ans était de 2,60% contre 2,52% la veille en clôture.

De plus, "on est dans une phase de resserrement monétaire qui va finir par impacter les entreprises", a expliqué Mme Asseraf-Bitton, évoquant les politiques des banques centrales américaine et européenne pour lutter contre l'inflation.

Les marchés ont ainsi "tendance à prendre des profits", d'autant que la première partie d'année a été faste, a noté la gérante.

Les investisseurs attendaient de se tourner vers la suite des résultats d'entreprises avec deux grosses annonces après la clôture américaine: Amazon gagnait plus de 7% dans les échanges électroniques post-clôture après l'annonce d'un bénéfice largement au-dessus des attentes, tandis que le titre d'Apple lâchait 1,28% à la suite d'un bénéfice en petite augmentation sur un chiffre d'affaires en léger recul.

Qualcomm plonge à New York ___

Le fabricant de puces électroniques Qualcomm a plongé de 8,18% à New York. Son bénéfice trimestriel s'est inscrit au-dessus des prévisions, mais son chiffre d'affaires a déçu et le groupe a signalé des ventes plus faibles pour les puces liées aux téléphones.

Le secteur des services aux collectivités recule ___

La remontée des taux a entraîné la baisse du secteur des "utilities", selon l'expression employée par les analystes. Traduit par les "services aux collectivités" en français, le secteur regroupe principalement les entreprises liées à l'eau, au gaz et à l'électricité.

A Paris, Engie a reculé de 1,61% et Veolia de 3,46%. A Milan, Enel a lâché 1,15%. A Madrid, Iberdrola a reculé de 1,51% et Enagas de 0,66%. A Londres, SSE a perdu 1,28%.

Oerlikon et Infineon baissent le plus en Europe ___

Parmi les valeurs de l'indice paneuropéen Stoxx 600, le groupe suisse Oerlikon affichait la plus grosse chute de la séance (-11,03% à Zurich), suivi par l'allemand Infineon (-9,15% à Francfort).

Le fabricant de semi-conducteurs allemand a annoncé une hausse de 61% de son bénéfice net au dernier trimestre, mais les analystes d'Oddo BHF regrettent que la société n'ait pas relevé ses perspectives compte tenu des performances des autres entreprises du secteur. Oerlikon a quant à lui abaissé son objectif pour 2023 face à la baisse de la demande dans le textile, qui pousse une partie de ses clients à reporter leurs commandes de machines, notamment en Chine.

Pétrole et bitcoin en hausse ___

Les cours du brut sont repartis en hausse après l'annonce de l'Arabie saoudite d'une prolongation d'un mois de la réduction de sa production de pétrole d'un million de barils par jour.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, a grimpé de 2,33%, pour finir à 85,14 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en septembre, a gagné 2,59%, à 81,55 dollars.

Le bitcoin a conclu en progrès de 0,56% à 29.285 dollars.

afp/rp