* Offre de £44 plus alternative en titres

* SABMiller a gagné 9% à Londres, AB InBev 1,7% à Bruxelles

* AB InBev prend pied en Afrique avec cette acquisition (Actualisé avec cours de clôture, détails, liens)

par Philip Blenkinsop et Kate Holton

LONDRES, 13 octobre (Reuters) - Après quatre rejets, le deuxième brasseur mondial SABMiller a fini par accepter l'offre de reprise du numéro un mondial Anheuser-Busch InBev, ce qui donnera naissance à une entité fabriquant près d'un tiers des bières consommées dans le monde, dans le cadre d'une transaction de 68 milliards de livres (92 milliards d'euros).

Si elle est finalisée, l'opération sera l'un des plus importantes fusions-acquisitions de l'histoire et représenterait la plus grosse OPA jamais lancée sur une société britannique.

La nouvelle entreprise regrouperait, entre autres, les marques Budweiser, Stella Artois et Corona d'AB InBev et Peroni, Grolsch et Pilsner Urquell de SABMiller.

AB InBev gagnerait de nouvelles brasseries en Amérique latine et en Asie et surtout ferait son entrée en Afrique. L'Afrique devrait connaître une forte hausse de la population en âge de boire de l'alcool dans les années à venir, ainsi qu'une croissance de la consommation de bière par une classe moyenne en plein essor.

Au contraire, les volumes de bière consommés ont régulièrement diminué en Europe occidentale et en Amérique du Nord ces 20 dernières années. Aux Etats-Unis en particulier, le consommateur se tourne vers des bières élaborées par de petits producteurs.

Après avoir essuyé quatre refus, le dossier s'est débloqué lundi dans les bureaux londoniens du cabinet Robey Warshaw, quand Olivier Goudet, président d'AB InBeV, a accepté de porter le prix de l'offre à un niveau acceptable pour SABMiller.

Mardi, le brasseur belge a déclaré avoir convenu d'un prix d'achat de 44 livres (59,45 euros) en numéraire par action, proposition assortie d'une alternative partiellement en titres, comportant une décote et ne concernant que 41% du capital de SABMiller.

L'offre dépasse une précédente proposition datant de lundi et qui était de 43,50 livres en cash par action.

En Bourse de Londres, SABMiller a fini sur un bond 9,02% à 39,56 pence, plus forte hausse de l'indice Stoxx 600, tandis qu'en Bourse de Bruxelles AB InBev a pris 1,68% à 100 euros.

PHASE ULTIME DE LA CONSOLIDATION

Le fabricant de cigarettes Altria, premier actionnaire de SABMiller avec une part de 26,6%, a déclaré être satisfait de l'accord trouvé entre les deux parties. En revanche, les autorités sud-africaines ont déclaré qu'elles devaient évaluer les implications fiscales de la transaction ajoutant que, "dans un cas extrême", elles pourraient essayer de bloquer l'opération.

SABMiller a dit qu'il avait laissé entendre à AB InBev que son conseil d'administration était disposé à accepter l'offre et dit qu'il avait sollicité une prolongation de deux semaines au 28 octobre du délai imparti à son concurrent pour annoncer une offre ferme et définitive.

AB InBev a également convenu de verser à SABMiller une indemnité de rupture de trois milliards de dollars si la transaction capotait pour des raisons réglementaires ou si ses propres actionnaires la rejetaient.

L'alternative partiellement en titres est destinée aux deux principaux actionnaires de SABMiller, le cigarettier Altria et la holding BevCo de la famille colombienne Santo Domingo, qui ensemble détiennent 40,5% du capital du brasseur britannique.

La valorisation de 68 milliards de livres de l'offre suppose que tous deux acceptent l'alternative et que tous les autres actionnaires prennent le cash.

Beaucoup d'observateurs voient dans la fusion AB InBev/SABMiller la phase ultime de la consolidation du secteur de la brasserie, dont les quatre premiers intervenants, soit AB InBev, SABMiller, Heineken et Carlsberg, assurent plus de la moitié de la production.

Pour que la fusion soit acceptée d'un point de vue réglementaire, il est probable que des cessions d'actifs interviendront aux Etats-Unis et en Chine et cela aura un impact sur les fabricants de sodas et les sociétés d'embouteillage. SABMiller a passé des accords avec Coca-Cola et AB InBev a fait de même avec PepsiCo.

"Il y a tant de choses que nous ignorons, sur les coûts, sur ce que rapporteront les cessions d'actifs obligatoires. Toutefois, si on formule des hypothèses raisonnables sur tout cela, je pense que le prix globalement est bon", déclaré Phil Gorham, analyste de Morningstar.

Cela étant, la transaction représente un nouveau succès pour 3G Capital, un fonds de capital investissement géré par des investisseurs brésiliens qui exerce un contrôle partiel sur AB InBev. Ce fonds avait auparavant orchestré des OPA sur Burger King, Heinz et Kraft Foods.

Toutefois, AB InBev, dont la réputation de sabreur de coûts n'est plus à faire, devra déployer tout son savoir faire pour rendre cette opération financièrement acceptable.

Le brasseur belge a dit qu'il ne devrait avoir aucune difficulté à la financer et des sources bancaires ont mentionné un financement par l'emprunt de quelque 70 milliards de dollars déjà monté.

* BREAKINGVIEWS-AB InBev may suffer beer-swill antitrust hangover

* ENCADRE-Les plus grosses fusions-acquisitions de l'histoire (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)