Berlin (awp/afp) - La patron de Thyssenkrupp, Heinrich Hiesinger, qui a annoncé jeudi sa démission surprise, a reconnu dans une interview l'ampleur du conflit l'opposant à ses principaux actionnaires, notamment autour de la fusion dans l'acier avec l'indien Tata.

"Vous ne pouvez pas diriger une entreprise sans le soutien des actionnaires et du conseil de surveillance", explique le patron dans un entretien au Spiegel publié vendredi, mais réalisé quelques jours avant sa démission et dans lequel il ne livre pas ses intentions de quitter le groupe.

Heinrich Hiesinger a proposé jeudi sa démission, à la surprise générale, une semaine après avoir bouclé la fusion des activités sidérurgiques de Thyssenkrupp avec l'indien Tata Steel.

Selon le quotidien économique Handelsblatt, le représentant du fond Cevian, actionnaire à hauteur de 18%, était l'un des deux membres du conseil de surveillance à avoir voté vendredi dernier contre l'accord de fusion avec Tata, qu'il jugeait trop généreux, notamment sur le plan social.

Le patron allemand était arrivé à la tête de Thyssenkrupp en 2011 pour faire le tri au sein des activités du groupe industriel, qui fabrique aussi bien des ascenseurs que des sous-marins ou des amortisseurs.

Le dirigeant était sous la pression constante d'un duo d'actionnaires "activistes", le fond américain Eliott et l'européen Cevian, exigeant une mutation plus rapide du vieux conglomérat allemand, notamment des cessions susceptibles d'augmenter les marges du groupe et de faire remonter le cours de l'action Thyssenkrupp.

"Cevian et Elliot sont des investisseurs financiers qui cherchent à maximiser la valeur de leur capital aussi vite et aussi haut que possible. Je suis un gestionnaire dans l'industrie, pour moi il s'agit de savoir si le groupe est bien positionné sur le long terme", avait averti le dirigeant dans son entretien au Spiegel.

"Il n'y a, à ma connaissance, aucune statistique pour prouver qu'une entreprise spécialisée a plus de succès qu'un conglomérat ou inversement", argumente M. Hiesinger.

Le conseil de surveillance de Thyssenkrupp s'est réuni vendredi après-midi pour entériner la décision de son patron "qui mérite le plus grand respect", selon le communiqué du groupe, qui nomme trois de ses dirigeants pour assurer la direction par intérim.

afp/rp