Zurich (awp) - Le courtier en ligne Swissquote a souffert d'une frilosité de la clientèle sur sa plateforme de négoce, le poussant à émettre un avertissement sur résultats pour 2016. Certains objectifs ne seront pas atteints mais la direction reste confiante, notamment dans sa capacité à diversifier les activités. Cette annonce a fait l'effet d'une douche froide pour les analystes et les investisseurs.

La banque vaudoise avait annoncé une progression attendue des recettes en 2016 de 2,5% à 150 mio CHF, contre une croissance de 10% escomptée auparavant. Fin juillet lors de la présentation des résultats semestriels, Swissquote avait indiqué attendre des recettes totales d'environ 160 mio CHF. La marge de bénéfice avant impôts est désormais prévue à 15% environ.

Bien que les marchés se soient révélés plus ou moins stables depuis le milieu de l'année, l'incertitude générale a laissé des traces dans la propension des clients de Swissquote à réaliser des transactions. Le vote du Brexit en Grande-Bretagne, l'élection présidentielle américaine et la situation politique en Turquie sont autant de facteurs d'incertitudes. Cela s'est en particulier reflété dans la faiblesse du négoce dans le domaine de l'eForex.

Le directeur général (CEO) Marc Bürki relativise cette baisse. "Ce n'est pas dans notre modèle d'affaires de pousser (nos clients) à la consommation", a-t-il indiqué mercredi à AWP. Le patron de Swissquote constate par ailleurs que la volatilité revient sur les marchés, ce qui devrait amorcer une reprise du négoce sur la plateforme du courtier vaudois.

NOUVEAUX PARTENARIATS

Swissquote s'attend toutefois dès l'année prochaine à réduire encore davantage sa dépendance à l'activité clientèle. L'année prochaine, le négoce classique devrait contribuer pour la première fois à moins de la moitié du chiffre d'affaires.

En revanche, le négoce de devises (eForex) et les partenariats "marque blanche" connaîtront en 2017 une "forte croissance", affirme M. Bürki sans toutefois chiffrer cette progression.

La stratégie suivie dans l'activité de change, où Swissquote a passablement crû par acquisition, va continuer à porter ses fruits en 2017, assure le CEO.

De nouveaux partenariats en "marque blanche", similaires à ceux signés avec Postfinance, sont à bout touchant. "Des annonces interviendront prochainement, mais toutefois pas avant la fin de l'année." L'expansion se fera en Suisse, mais également via les antennes au Moyen-Orient, à Malte et Hong Kong.

L'activité "white label" devrait générer 10 mio CHF de recettes en 2016. M. Bürki rappelle que la marge avant impôts de 15% prend en compte les importants investissements technologiques réalisés dans ce domaine particulier.

CÔUT DE 6 MIO DES TAUX NÉGATIFS

Au 3e trimestre, le nombre de clients a augmenté d'environ 2300 et le total des dépôts de plus de 1 mrd CHF. "Ces chiffres sont extrêmement bons. Et ça va continuer." La forte hausse de 5 mrd enregistrée au 1er semestre s'explique en grande partie par le transfert des clients de PostFinance, rappelle le dirigeant.

Marc Bürki se refuse à toute prévision concernant l'exercice 2017. Il souligne toutefois que les taux négatifs constituent toujours un obstacle et devraient entraîner un manque à gagner de 6 mio CHF sur l'année 2016.

Les analystes ont accueilli fraîchement cet avertissement sur résultats. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) a réduit ses estimations de recettes pour 2016 de 6% environ. Les prévisions pour l'année prochaine sont également revues à la baisse, quoique très légèrement.

Baader Helvea estime que la stratégie de croissance axée sur les négoce de devises est la bonne, mais ne portera ses fruits que sur le long terme. Des turbulences sont donc à prévoir pour les recettes du courtier vaudois à court et moyen termes.

A la Bourse suisse, l'action Swissquote a chuté à la clôture de 9,8% à 25,25 CHF, dans un SPI en hausse de 0,06%.

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