Bruxelles (awp/afp) - L'allemand Siemens et le français Alstom ont proposé vendredi de nouvelles concessions à la Commission européenne en vue d'obtenir son feu vert à leur union, ont indiqué à l'AFP deux sources proches du dossier.

"L'ensemble du lot de concessions désormais proposé répond à tous les problèmes soulevés", a indiqué l'une de ces deux sources, affirmant qu'"il y avait des repreneurs pour toutes les activités que les groupes comptent céder".

Interrogé par l'AFP, Siemens a refusé de commenter cette information. Alstom n'était pas joignable.

La Commission européenne n'a pas non plus souhaité commenter ces détails sur de nouvelles concessions. "Notre enquête continue et nous avons jusqu'au 18 février pour rendre notre décision", s'est-elle bornée à répondre.

Selon les règles européennes de la concurrence, régissant le droit des fusions/acquisitions, la Commission ne peut accepter qu'"en cas de circonstances exceptionnelles et sous réserve de conditions strictes" des concessions offertes quelques semaines avant la date butoir fixée, dans ce cas le 18 février.

En particulier, il doit être clair que les mesures proposées résolvent intégralement et sans ambiguïté les problèmes de concurrence.

Selon une des deux sources, les deux groupes pourraient, dans le domaine du train à très grande vitesse, allonger la durée des licences technologiques qu'ils comptaient céder et en étendre le périmètre géographique à certains pays hors d'Europe.

Dans le domaine de la signalisation, les deux groupes offrent de céder de nouvelles activités: aussi bien la signalisation à bord des trains que celle sur les voies de chemin de fer et des tramways, a précisé cette source.

La Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a exprimé à maintes reprises par le passé ses doutes sur la fusion, annoncée en grande pompe en septembre 2017.

Chargée de veiller à ce que l'union annoncée entre Alstom et les activités ferroviaires de l'allemand Siemens en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix, Mme Vestager s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.

Paris et Berlin ont, à maintes reprises, plaidé pour que la fusion soit acceptée par Bruxelles. L'argument principal du gouvernement français et allemand est la montée en puissance de géants chinois, qui pourraient livrer une concurrence sans merci aux groupes européens.

Lundi, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, avait appelé à de nouvelles règles de la concurrence en Europe pour, précisément, faire face aux groupes chinois.

"On ne peut pas prendre de décisions industrielles au XXIe siècle sur la base de règles de la concurrence qui ont été définies au XXe siècle", avait déclaré le ministre à des journalistes avant une rencontre à Paris avec la commissaire Vestager.

Bruno Le Maire avait rappelé que le chinois CRRC pesait à lui seul bien plus lourd que les activités ferroviaires de Siemens et Alstom réunies.

Quant à Siemens et Alstom, ils avaient commencé publiquement à douter le 17 janvier du succès de leur projet de créer un "Airbus du rail", refroidis par les concessions exigées par la Commission européenne pour autoriser leur fusion.

afp/rp