"Nous serons alors prêts à fournir 100 millions de doses par an", déclare Guillaume Leroy, qui dirige le projet présenté comme économiquement "stratégique" par la direction du groupe, le marché potentiel étant estimé à un milliard de dollars.

Selon l'Organisation mondial de la santé (OMS), cette affection, dite aussi grippe tropicale, touche 100 millions de personnes supplémentaires chaque année dans une centaine de pays, essentiellement en Asie et en Amérique latine. On recense également 500.000 cas par an de dengue hémorragique, forme la plus grave la ma maladie.

Transmise par les piqûres du moustique-tigre, c'est la deuxième maladie tropicale après le paludisme.

"Elle frappe par épidémie et vient engorger les hôpitaux, c'est un problème de santé publique qui touche la moitié de la planète", dit Guillaume Leroy.

"On constate une progression considérable du nombre de malades depuis les années 1970 à cause du transport aérien", explique le docteur Duane Gubler, de l'école de médecine de Singapour, spécialiste du sujet.

Pour être le premier à lancer ce vaccin sur le marché, Sanofi Pasteur, qui travaille sur le projet depuis 20 ans, n'a pas hésité à forcer la marche habituelle des choses.

ACCÉLÉRATION

L'entreprise s'est lancée dans la production avant d'avoir obtenu les autorisations de mise sur le marché qui suivent les tests cliniques. Quelque 45.000 personnes, en Asie et en Amérique latine, participent actuellement à ces essais dont les résultats ne seront connus que fin 2013 et fin 2014.

Sanofi Pasteur a accéléré la dernière étape afin d'avancer de deux ou trois ans la mise du vaccin sur le marché.

"Le temps de production est assez long, il faut deux ans pour produire ce vaccin", souligne Antoine Quin, directeur du site de vaccins de Neuville-sur-Saône. "On a décidé, dès 2009, de gagner du temps pour le mettre le plus vite possible sur le marché."

Sanofi a investi 300 millions d'euros dans quatre nouveaux bâtiments construits à Neuville-sur-Saône pour tenir la cadence. La production sur ce site de pointe placé en atmosphère stérile est automatisée à l'extrême.

"Ce vaccin est un quatre en un", précise Olivier Briand, direction de la production du site. "Il prémunit contre les quatre souches de la dengue."

La vaccination devra se faire en trois injections espacées de six mois et sera applicable à l'enfant à partir de deux ans. Sanofi n'a pas donné de précision sur le prix des doses.

Le site de Neuville-sur-Saône vient de faire l'objet d'une reconversion industrielle, passant d'une activité de chimie jugée insuffisamment rentable à la production de vaccins.

Sur 725 salariés travaillant sur le site avant la reconversion, 180 ont été conservés et formés à cette nouvelle activité. Les autres ont été reclassés dans les différentes activités du groupe ou envoyés en pré-retraite.

Edité par Yves Clarisse

par Catherine Lagrange