par Noëlle Mennella

Dans un communiqué, le sixième groupe pharmaceutique mondial évoque l'éventualité d'une nouvelle prolongation de son offre sur le spécialiste américain des maladies rares.

Sanofi "souhaite toujours rentrer en discussion avec Genzyme", a déclaré à Reuters un porte-parole du groupe français. Il a répété que le prix de 69 dollars était "un juste prix pour Genzyme" en observant qu'"il n'y a pas d'autre offre que celle de Sanofi sur la table".

Genzyme a toutefois réaffirmé lundi que son conseil d'administration, à l'unanimité, continuait à rejeter une offre à 69 dollars par action.

Le directeur général de Genzyme, Henri Termeer, a fait savoir que les actionnaires "soutiennent fermement la position du conseil d'administration, qui juge que l'offre de Sanofi sous-évalue de manière importante Genzyme".

Les investisseurs Carl Icahn et Ralph Whitworth figurent parmi les grands actionnaires de Genzyme.

Les analystes s'attendaient à une prolongation de l'offre, qui a expiré vendredi à minuit heure de New York, confortés par le cours de l'action Genzyme qui est toujours resté au-dessus de 69 dollars.

Selon les experts, la prolongation de l'offre devrait permettre aux deux groupes d'explorer la piste d'un complément de prix sous la forme de certificats de valeur garantie (CVG).

Cette idée de CVG, jugée intéressante aussi bien par Genzyme que par Sanofi, est perçue par les analystes comme une réelle ouverture qui permettrait d'aboutir à un accord équilibré entre les deux parties.

Un tel scénario, également jugé crédible par une source proche des négociations, ne devrait pas dispenser Sanofi d'un relèvement de prix dans une fourchette de 71 à 75 dollars, selon les calculs des analystes. Certains avancent même une fourchette entre 75 et 80 dollars par action.

Sur le Nasdaq, l'action Genzyme prenait 0,6% à 70,27 dollars en début d'après-midi à New York lundi.

NO NEWS, BAD NEWS

Le titre Sanofi, qui a perdu 11% depuis le début de l'année, a clôturé en baisse 0,63% à 49 euros à Paris, signant le plus fort repli du CAC 40.

L'action Sanofi est valorisée 6,9 fois les résultats attendus en 2011, soit le niveau le plus bas parmi les titres des grands laboratoires européens.

"C'est no news, mais bad news quand même car les positions des managements est assez braquée et que la partie peut durer. Chris Viehbacher (le directeur général de Sanofi) joue sa réputation sur cette opération, il ne faut pas qu'il la rate", commente un analyste sous couvert d'anonymat.

Jean-Jacques Le Fur, chez Oddo Securities, constate "l'échec provisoire de l'OPA de Sanofi" qui ne réunit aucune des deux conditions nécessaires au succès de l'offre: détenir plus de 50% des actions de la société américaine et avoir l'approbation de son conseil d'administration.

Pour cet analyste, il n'y a pas de doute: Sanofi doit remonter le prix de son offre mais, en tout état de cause, les incertitudes qui entourent l'OPA pèseront sur le titre dans les prochaines semaines.

Chris Viehbacher a dit qu'il pourrait envisager un relèvement de l'offre si le conseil d'administration de Genzyme apportait la preuve que l'entreprise vaut davantage.

Les experts affirment que Sanofi devra faire le premier pas, comme l'a d'ailleurs suggéré Henri Termeer.

Eric Le Berrigaud (Raymond James) estime que "l'idée des CVG n'est pas pour tout de suite, la première étape étant d'accéder aux livres et de faire une due diligence limitée; pour cela, il faudra faire un premier effort".

Le CVG s'appuierait sur la performance commerciale future du Campath, un médicament de Genzyme déjà validé pour les soins anticancéreux mais encore expérimental dans le traitement de la sclérose en plaques. Sanofi et Genzyme ont cependant des appréciations très divergentes du potentiel de ce produit, le français en attendant des revenus de 700 millions de dollars et l'américain de 3,5 milliards.

Les spécialistes s'accordent à penser que les deux groupes ont besoin l'un de l'autre.

En cas d'échec de l'offre de Sanofi, la biotech américaine, qui n'a trouvé aucun chevalier blanc, pourrait voir son titre retomber vers 50 dollars, le niveau où il se situait avant l'émergence des rumeurs d'OPA.

De son côté, Sanofi, qui risque de perdre le tiers de son chiffre d'affaires d'ici 2013 en raison de la concurrence des génériques, doit reconstituer son portefeuille de médicaments.

Avec Caroline Jacobs, Catherine Monin pour le service français, édité par Dominique Rodriguez