Paris (awp/afp) - Airbus Group et Safran ont finalisé la constitution de leur coentreprise Airbus Safran Launchers (ASL), aboutissement de la réorganisation de la filière spatiale européenne destinée à accroître sa compétitivité face à la concurrence, notamment américaine, avec en ligne de mire la prochaine fusée Ariane 6.

"Cette dernière étape matérialise l'aboutissement de l'initiative stratégique majeure engagée en 2014 pour redéfinir le secteur européen des lanceurs et servir encore mieux les intérêts stratégiques français, allemands et européens", ont déclaré les deux groupes dans un communiqué commun.

"En complément des activités de management de programmes pour les lanceurs civils et les participations correspondantes, déjà opérationnelles dans ASL, cette signature apporte les ressources, moyens industriels, filiales et participations correspondant à l'extension complète du périmètre de la société", ont-ils ajouté.

La coentreprise, créée en décembre 2014 avec un effectif initial de 450 personnes, compte désormais 8.400 salariés venus des deux groupes en France et en Allemagne, avec comme projet phare le développement d'Ariane 6.

Opérationnelle à compter du 1er juillet, elle a été officialisée à l'occasion d'une réunion du Cospace, le Comité de concertation Etat-industrie sur l'espace, en présence des ministres de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de l'Economie, Emmanuel Macron, et du Secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon.

Cette réunion était également consacrée à la préparation de la conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne qui se tiendra à Lucerne (Suisse) en décembre 2016.

"Dans un environnement très concurrentiel, je me réjouis du soutien de l'Etat indispensable pour maintenir notre leadership mondial", a déclaré Marwan Lahoud, le directeur de la stratégie d'Airbus Group, en référence notamment à l'Américain SpaceX, qui s'est emparé d'importantes parts du marché commercial ces dernières années.

"Ce qui est important ce n'est pas simplement d'avoir une industrie totalement autonome et cohérente", a renchéri Philippe Petitcolin, le patron de Safran. "Nous avons maintenant les 8.400 personnes qui savent exactement ce qu'elles doivent faire, et je suis très confiant sur l'avenir d'ASL".

"EMERGENCE D'UN VÉRITABLE LEADER EUROPÉEN"

Cette étape est également primordiale pour la Défense française alors qu'ASL conçoit et réalise le missile balistique M51. La création d'ASL "répond à un besoin essentiel de souveraineté et constituera un acteur clé de la dissuasion nucléaire française", a ainsi souligné Jean-Yves Le Drian.

"Avec l'émergence d'un véritable leader européen dans l'industrie des lanceurs spatiaux, la France dispose d'un atout déterminant pour porter haut nos couleurs dans la compétition mondiale qui se joue aujourd'hui."

La création d'ASL intervient avec quelques mois de retard sur le calendrier initialement prévu, en raison principalement de questions fiscales liées à la soulte que Safran devait verser à Airbus Group dans le cadre d'un partenariat à 50/50. Celle-ci s'élève à 750 millions d'euros.

Interrogé en conférence de presse, Emmanuel Macron a indiqué que cette question avait "été réglée, sinon elle n'aurait pas permis de faire le closing aujourd'hui", sans plus de détails.

L'alliance Airbus/Safran, "c'est d'abord une décision stratégique sur le plan économique et industriel", a-t-il poursuivi en rappelant que les perspectives de la filière spatiale européenne étaient mises à mal par le regain de compétition en provenance des Etats-Unis.

Quant au calendrier d'Ariane 6, le patron d'ASL Alain Charmeau a confirmé qu'il se déroulait comme prévu, alors qu'Ariane 6 doit à présent entrer dans sa phase de commercialisation.

ASL a annoncé mi-juin avoir finalisé la première phase de conception du futur lanceur, qui "confirme avec succès la maturité du futur lanceur européen dont le premier vol est prévu en 2020". Selon Alain Charmeau, cela permet à ASL de s'engager "définitivement en termes budgétaires pour le développement et la production d'Ariane 6".

L'objectif pour les Européens est une réduction de 40 à 50% des coûts de lancements par rapport à l'actuelle Ariane 5.

Autre étape majeure cette année, le début de la commercialisation d'Ariane 6, alors qu'à terme, le futur lanceur devra effectuer une vingtaine de vols d'ici la fin 2023.

afp/fr