Les propriétaires familiaux de Roche n'ont pas eu à proposer une offre onéreuse pour le reste des actions du géant pharmaceutique après que l'accord de 20,7 milliards de dollars visant à racheter la participation de Novartis leur a fait franchir un seuil de vote.

Novartis a déclaré jeudi qu'elle allait revendre sa participation de près d'un tiers des droits de vote dans Roche à son rival, séparant ainsi les deux sociétés pharmaceutiques qui étaient liées par un investissement depuis deux décennies.

L'opération, qui verrait les actions achetées annulées, porterait la participation du pool de membres de la famille Roche de 45,01% actuellement à 67,5%.

Selon les règles suisses, toute personne qui possède déjà plus d'un tiers d'une société suisse et qui porte sa participation à plus de 50 % doit proposer une offre pour toutes les actions cotées.

Mais la famille, qui descend du fondateur de la société, Fritz Hoffmann-La Roche, a demandé à être exemptée de l'obligation de lancer une offre aux autres actionnaires, ce qui aurait pu lui coûter des milliards de francs.

La Commission des OPA a déclaré vendredi qu'elle avait approuvé cette dérogation, estimant que rien n'indiquait que la famille avait tenté de contourner les règles et qu'elle ne cherchait pas activement à renforcer son contrôle sur Roche.

"Le pool d'actionnaires n'a ni initié ni négocié la transaction", a déclaré la commission.

"Il n'a pas non plus eu d'influence sur le processus de décision du conseil d'administration de Roche. A cet égard, le seuil de 50% des droits de vote de Roche est involontairement dépassé par le pool d'actionnaires."

Avec une capitalisation boursière de près de 328 milliards de francs suisses (359,22 milliards de dollars), l'achat des 32,5 % restants de Roche pourrait coûter au pool familial jusqu'à 107 milliards de francs si tous les autres actionnaires apportaient leurs actions.

Lors de l'annonce de l'opération, jeudi, Roche a déclaré qu'elle allait recourir à l'endettement pour financer ce qu'elle a appelé un "désenchevêtrement de deux concurrents" et qu'elle prévoyait de réduire son capital en annulant les actions rachetées afin de retrouver une pleine flexibilité stratégique. (1 dollar = 0,9131 franc suisse) (Reportage de John Revill ; Montage de Susan Fenton)