BERLIN, 25 janvier (Reuters) - L'Allemagne a annoncé mercredi qu'elle allait fournir des chars d'assaut Leopard 2 à Kyiv et autoriser ses alliés à faire de même pour permettre à l'armée ukrainienne de faire face à l'offensive militaire de la Russie, qui a aussitôt condamné cette décision.

Le chancelier Olaf Scholz a cédé à la pression qui s'était accumulée ces dernières semaines, alors que plusieurs pays, comme la Pologne qui en a

officiellement fait la demande

, se sont dits prêts à livrer des Leopard 2 à l'Ukraine.

Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a d'ailleurs immédiatement remercié le dirigeant allemand pour sa décision, estimant sur Twitter qu'elle représente "un grand pas en avant pour arrêter la Russie".

Le président français Emmanuel Macron s'est également félicité d'une initiative qui "prolonge et amplifie le soutien que nous avions engagé avec la livraison des (chars légers) AMX10 RC" à Kyiv.

"Cette décision s'inscrit dans le cadre de notre soutien bien connu à l'Ukraine au mieux de nos capacités", a déclaré pour sa part Olaf Scholz dans un communiqué. "Nous agissons de manière étroitement coordonnée au niveau international."

Outre la Pologne, la Finlande, la Norvège, l'Espagne ou encore le Portugal se sont dits disposés à fournir des chars Leopard à l'Ukraine. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est également dit prêt à acheter les Leopard que son pays loue actuellement à l'Allemagne pour les envoyer en Ukraine.

L'objectif de Berlin et de ses partenaires est de constituer rapidement deux bataillons de chars de combat en Ukraine, a précisé le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, dans le communiqué.

Berlin fournira dans un premier temps 14 Leopard 2 puisés dans ses stocks, ainsi que la logistique et les munitions nécessaires à l'Ukraine, ajoute-t-il.

Ces chars ne devraient cependant pas être opérationnels en Ukraine avant "trois à quatre mois", a prévenu le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, même si la formation des tankistes ukrainiens va débuter prochainement.

L'Allemagne reste attachée à ne pas devenir cobelligérante en Ukraine, a insisté le ministre, alors que l'ambassade de Russie à Berlin a dénoncé une décision "très dangereuse" et accusé le gouvernement allemand d'avoir "renoncé à sa responsabilité historique".

Une des clés de la décision allemande se trouve aux Etats-Unis, qui s'apprêtent de leur côté à annoncer l'envoi de chars de combat Abrams en Ukraine, ont déclaré mardi deux responsables américains, une décision qualifiée par avance de "provocation" par l'ambassadeur de Russie à Washington. (Reportage d'Andreas Rinke à Berlin, avec les bureaux de Reuters en Europe ; version française Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)