Ajoute avec déclarations du PDG de Natura au 7e para

PARIS (awp/afp) - L'Oréal a annoncé vendredi des négociations exclusives avec le groupe brésilien Natura Cosméticos, qui a soumis une "offre irrévocable" de 1 milliard d'euros pour acquérir sa marque britannique The Body Shop, en vue de créer un géant mondial de la cosmétique verte.

Cette valeur d'entreprise correspond à ce que L'Oréal souhaitait obtenir pour cette marque britannique, que le groupe avait mis en vente en février, en raison de ventes décevantes et d'une rentabilité en berne.

Mais la marque restait attractive, du fait de son positionnement sur un segment porteur et sa notoriété internationale, avec son réseau de quelque 3.000 points de vente dans une soixantaine de pays.

Ces dernières semaines, outre Natura, de nombreux autres prétendants à son rachat avaient ainsi été évoqués par les médias, notamment des fonds d'investissement.

Natura est "le meilleur propriétaire que l'on pouvait imaginer pour nourrir l'ADN de la marque bâti autour de la naturalité et de l'éthique", a commenté le PDG de L'Oréal, Jean-Paul Agon, dans un communiqué.

"La complémentarité de nos présences géographiques, l'utilisation durable de la biodiversité dans nos produits, l'éthique dans la gestion, les relations équitables avec les communautés et un degré élevé d'innovation constituent les piliers de la nouvelle aventure qui débute aujourd'hui", a commenté Guilherme Leal, co-président du conseil d'administration de Natura, dans un communiqué séparé.

Body Shop gardera son identité de façon indépendante et entrevoit "un fort potentiel en raison de racines communes", a ajouté le patron exécutif de Natura. "Notre travail pourra donner encore plus de valeur aux plans déjà existant", a-t-il dit à des journalistes.

- The Body Shop, une étoile qui a pâli -

Fondé en 1969 et coté en Bourse au Brésil depuis 2004, Natura est le numéro un brésilien des cosmétiques, avec un chiffre d'affaires de 7,9 milliards de réals l'an dernier (2,17 milliard d'euros au cours actuel).

Souffrant du contexte économique difficile sur son marché domestique, le groupe mène depuis quelques années une stratégie de diversification de ses canaux de distribution, après avoir longtemps reposé sur un modèle de vente à domicile, et d'expansion à l'international, qui représente à l'heure actuelle seulement un tiers de ses ventes, essentiellement en Amérique latine.

Natura est ainsi monté en début d'année à 100% de la marque australienne Aesop, dont il détenait déjà 65% depuis 2013.

L'intégration de The Body Shop dans Natura donnerait naissance à un groupe avec un chiffre d'affaires consolidé de 11,5 milliards de réals (environ 3,1 milliard d'euros), 3.200 magasins, 17.000 employés et un réseau de 1,8 million de vendeurs indépendants, selon le groupe brésilien.

"Cela pourrait être un mariage heureux" si The Body Shop permettait effectivement de réduire la dépendance de Natura au Brésil, tout en offrant un "tremplin" pour la marque britannique dans des pays émergents, selon Hannah Symons, analyste du secteur de la beauté chez Euromonitor.

L'enseigne The Body Shop a été fondée en 1976 à Brighton (sud de l'Angleterre) par l'entrepreneure britannique Anita Roddick, pionnière des cosmétiques respectueux de l'environnement, non testés sur les animaux et adepte du commerce équitable.

L'Oréal avait racheté la marque en 2006 pour environ 940 millions d'euros, quand celle-ci était au sommet de sa gloire.

Mais son étoile avait ensuite pâli au fil des ans, ayant perdu son côté précurseur, malgré des investissements conséquents et une accélération de son développement à l'international.

"Natura a un focus sur l'innovation et le développement de nouveaux produits, ce dont The Body Shop a vraiment besoin", a rappelé vendredi Charlotte Pearce, analyste chez GlobalData sollicitée par l'AFP.

Pour renouer avec la croissance, la marque devra aussi passer par une "refonte" de son offre produits et de l'expérience client dans ses boutiques, a ajouté Mme Pearce.

L'an dernier, la marque, qui était gérée de manière autonome au sein de L'Oréal, avait réalisé 921 millions d'euros de ventes, en recul de 4,8% sur un an (+0,6% à périmètre et taux de change constants), et sa rentabilité s'était encore effritée à 3,7%, très loin de la rentabilité à deux chiffres des autres divisions du géant mondial des cosmétiques.

La vente devrait être finalisée dans le courant du second semestre, selon L'Oréal.

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