En données ajustées des variations saisonnières, le taux de chômage parmi les 17 pays utilisant l'euro est ressorti à 10,4% au mois de décembre, comme attendu par les économistes interrogés par Reuters.

Eurostat a révisé à la hausse le chiffre de novembre, porté à 10,4% lui aussi (contre 10,3% initialement).

C'est un niveau inégalé depuis juin 1998, avant l'introduction de l'euro en 1999.

"Nous attendons une poursuite de la hausse dans les mois à venir, ce qui est inquiétant", commente Martin van Vliet, économiste chez ING.

"Regardez la Grèce, où le chômage est autour de 20%, et l'Espagne où il est à 23%. A un moment, ça pourrait mener à des mouvements sociaux."

L'écart se creuse entre le nord et le sud de l'Europe. L'Allemagne a fait état mardi d'une nouvelle baisse de son taux de chômage pour le mois de janvier, ramené à 6,7% en données ajustées (contre 6,8% en décembre), ce qui constitue un nouveau plus bas depuis la réunification du pays en 1990.

Le reflux du chômage en Allemagne, qui atteignait 7,4% en janvier 2011, devrait cependant marquer le pas en raison du ralentissement économique, estiment des économistes.

En données brutes, le nombre de chômeurs a repassé la barre des trois millions de personnes en Allemagne en janvier, à 3,082 millions contre 2,780 millions en décembre.

"Le ralentissement en Europe devrait bientôt rattraper le marché de l'emploi allemand", estime ainsi Jörg Zeuner, de VP Bank. "La baisse de la demande à l'extérieur et la prudence à l'intérieur devraient affecter de plus en plus sensiblement les chiffres de l'emploi."

L'économie allemande, grâce au poids de ses exportations, est rapidement sortie de la crise financière de 2008-2009, mais les problèmes liés à la crise de la dette pèse sur ses perspectives de croissance.

De nombreux économistes prévoient au moins un trimestre de contraction du produit intérieur brut en Allemagne cette année, la baisse de la demande mondiale et la crise de la zone euro devant peser sur ses exportations.

"Les carnets de commandes se remplissent beaucoup plus lentement et les indicateurs avancés présentent une image mitigée de l'économie", commente Jörg Zeuner.

Les ventes au détail de décembre sont ressorties en baisse de 1,4%, selon les données préliminaires de l'Office fédéral de la statistique, également communiquées mardi. Les analystes attendaient en moyenne une hausse de 0,9%.

Mais les économistes jugent fort possible que ces chiffres soient relevés ultérieurement. "Il arrive souvent qu'en fin d'année les ventes de détail soient sous-estimées et soient révisées en hausse sensible", souligne Holger Schmieding, chez Berenberg Bank.

Juliette Rouillon pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Robin Emmott et Brian Rohan