Cette mesure, qui devrait particulièrement affecter des consommateurs déjà peu fortunés et les petits commerces aux chiffres d'affaires faméliques, fait partie d'un vaste plan destiné à réduire le déficit public de 65 milliards d'euros d'ici à 2014 et à éviter que le pays ne tombe en faillite.

Mais beaucoup estiment qu'elle ne fera qu'aggraver la récession actuelle, alors qu'un Espagnol actif sur quatre est au chômage et que Madrid a déjà fait appel à l'aide internationale pour sauver ses banques.

"J'ai des enfants, ma femme est malade et ne peut pas travailler, donc cette augmentation de la TVA va beaucoup nous affecter. Mais que pouvez-vous y faire ? Le gouvernement prend ces mesures et nous ne pouvons que l'accepter", constate Carlos Asis Alema sur le marché de Las Ventas, à Madrid.

Selon l'Organisation des consommateurs et des usagers (OCU), cette hausse de la TVA aura pour effet d'alourdir de 470 euros la dépense annuelle moyenne de chaque famille.

Le chauffage, les factures téléphoniques, les vêtements ou encore le coiffeur sont concernés par cette réévaluation. La taxe sur les tickets de cinéma ou de théâtre est elle passée de 8% à 21%, celle sur la viande rouge de 8% à 10%.

De grandes entreprises comme Inditex, qui possède la marque de vêtements Zara, ou la chaîne de supermarchés Mercadona ont dit qu'ils ne répercuteraient pas cette hausse sur leurs prix afin de préserver leurs clients.

Mais les plus petits magasins, à l'inverse des grandes enseignes, ne peuvent pas se permettre de réduire leurs marges et sont bien plus inquiètes des conséquences de cette hausse de la TVA, alors que la vente au détail baisse mois après mois depuis deux ans.

RAJOY: "MES RÉFORMES FONT MAL AUX GENS"

L'Espagne est coincée dans un cercle vicieux. D'un côté, le gouvernement doit drastiquement réduire ses dépenses et licencier des fonctionnaires pour montrer aux investisseurs qu'il peut contrôler le déficit public, et ainsi espérer réduire les taux records auxquels il est pour l'heure obligé d'emprunter.

Mais de l'autre côté, les recettes liées à l'impôt diminuent à cause du chômage et de la récession. Donc le gouvernement augmente les taxes, afin de garder la main sur le déficit, ce qui a pour conséquence de dissuader les Espagnols de consommer, et donc aggrave la récession.

Le président du gouvernement Mariano Rajoy, qui avait promis l'an passé, au cours de la campagne des législatives, de ne pas augmenter la TVA, a reconnu samedi que cette hausse était "douloureuse". Mais il a assuré qu'elle ne serait pas vaine, parce que les profits qui en seront tirés vont permettre de financer les écoles et les hôpitaux.

"Je comprends que mes réformes font mal aux gens. Mais nous essayons d'être justes et équitables lors de la répartition des efforts", s'est-il expliqué dans une interview accordée conjointement au Journal du Dimanche, à Bild am Sonntag (Allemagne), au Corriere della Sera (Italie) et à ABC (Espagne).

"Mon objectif reste le même, retrouver la croissance et créer de l'emploi. Dès que possible, je diminuerai l'impôt sur le revenu. Je n'ai pas aimé non plus augmenter la TVA, mais en fin de compte, je suis convaincu que remplir mon devoir me conduira à gagner de nouveau les élections."

Baptiste Bouthier pour le service français, édité par Henri-Pierre André

par Silvio Castellanos et Marine Hass