Thai Beverage et TCC Assets, tous deux contrôlés par Charoen Sirivadhanabhakdi, ont en effet apporté leur soutien au rachat par Heineken des 40% d'Asia Pacific Breweries (APB) détenus par le conglomérat de Singapour Fraser and Neave (F&N).

En échange de ce soutien, Heineken, troisième brasseur mondial, s'est engagé à ne pas lancer d'offre sur F&N, précise un communiqué commun.

Cet accord met fin à deux mois de bras de fer financier avec pour enjeu APB, considéré comme un actif de choix sur le marché asiatique et dont Heineken et F&N se partagent le contrôle depuis 81 ans.

Le groupe néerlandais est maintenant bien parti pour prendre le contrôle total d'APB et renforcer ainsi ses positions dans des pays où la consommation de bière est en forte croissance.

Il a annoncé dès mercredi qu'il rachèterait le 1er octobre au plus tard la participation de la société Kindest Place dans APB. Cette participation, de 8,6%, représente 22,2 millions d'actions qui seront rachetées au prix de 53 dollars de Singapour pièce.

AU PRIX FORT

"Il s'agit d'un compromis visant à empêcher une nouvelle escalade dans la bataille pour F&N ou APB, qui coûterait plus cher aux deux parties si elle se prolongeait", a commenté Goh Han Peng, analyste de DMG & Partners Securities à Singapour.

A la Bourse d'Amsterdam, l'action Heineken gagnait 6,32% à 45,53 euros à la mi-journée, son meilleur niveau en sept semaines et la plus forte hausse de l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300.

Les opérateurs jugent pourtant que le néerlandais paie le prix fort pour une opération aux synergies et aux bénéfices limités, puisqu'il partage déjà le contrôle opérationnel d'APB. Mais elle lui permet de consolider pleinement le brasseur thaïlandais et de profiter de sa forte croissance: APB a accru son chiffre d'affaires de 49% ces deux dernières années.

Le conseil d'administration de F&N a entériné l'accord et les actionnaires de l'entreprise se prononceront à leur tour lors d'une assemblée générale extraordinaire prévue le 28 septembre.

La semaine dernière, Charoen Sirivadhanabhakdi, troisième fortune de Thaïlande, avait lancé une offre de 5,5 milliards d'euros sur les parts du capital de F&N qu'il ne détient pas, une manoeuvre considérée alors comme susceptible de faire échouer l'offre de 4,6 milliards d'Heineken sur APB.

Via ses différentes sociétés, le milliardaire est le principal actionnaire de F&N avec un peu moins de 31% de son capital, devant le brasseur japonais Kirin Holdings qui en détient près de 15%.

APB exploite une trentaine de brasseries dans 14 pays.

Philip Blenkinsop et Eveline Danubrata; Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français

par Philip Blenkinsop et Eveline Danubrata