Zurich (awp) - Givaudan a amélioré ses résultats l'année dernière mais a manqué de peu les prévisions, ce que le marché a peu goûté mardi. Le groupe verniolan s'est néanmoins voulu optimiste pour 2017, la société disposant d'un solide portefeuille de produits qui apporteront leur contribution à l'exercice. Le leader mondial des arômes et parfums envisage également la poursuite des acquisitions.

"L'environnement reste positif malgré les incertitudes. Certains de nos clients ont publié une baisse des volumes ce qui peut impacter notre activité. Mais nous avons un très bon pipeline de produits qui auront un impact positif en 2017", a indiqué le directeur général (CEO) Gilles Andrier, dans un entretien à AWP.

Le groupe, qui a acquis en mai 2016 l'activité Spicetec Flavors & Seasonings de ConAgra Foods et le spécialiste d'arômes naturels Activ International en janvier, compte poursuivre sur cette voie.

"Dans la parfumerie, nous regardons les actifs cosmétiques pour renforcer notre segment Active Beauty, mais aussi les matières premières pour une intégration verticale. Dans les arômes, nous avons les plus grandes opportunités d'acquisition, notamment dans les produits naturels", a énuméré M. Andrier.

L'année dernière, Givaudan a "enregistré un regain de croissance par rapport à 2015, avec une très bonne performance de la division fragrance et un regain d'activité dans les pays émergents, ainsi qu'aux Etats-Unis", a détaillé M. Andrier.

Le bénéfice net a ainsi progressé de 3,1% à 644 mio CHF en 2016, tandis que le résultat brut d'exploitation (Ebitda) s'est enrobé de 5,2% à 1,1 mrd. La marge afférente s'est par contre contractée de 0,2 point de pourcentage à 24,1%, selon un communiqué.

Le repli de la marge Ebitda a été occasionnée par des événements exceptionnels, a précisé le CEO. Les investissements consentis dans certains pays et activités ont pesé, tout comme les coûts liés à l'acquisition de Spicetec. Cette dernière disposait de marges plus faibles.

Côté positif, le groupe a bénéficié en 2016 d'un gain exceptionnel net hors trésorerie de 62 mio CHF, essentiellement en raison d'un changement dans le plan de retraite, après un apport de 20 mio l'année précédente.

Au niveau des recettes, le chiffre d'affaires du groupe a atteint 4,7 mrd CHF, en hausse de 6,1%. Sur une base comparable - hors acquisitions et effets de change - la croissance des ventes a atteint 4,2%.

L'unité parfums a vu ses recettes monter de 6,4% à 2,2 mrd CHF - et de 5,6% sur une base comparable. Les ventes de parfumerie fine ont crû de 7,2% sur une base comparable, grâce aux marchés matures et ceux en forte croissance, notamment en Amérique latine et au Moyen-Orient. Les affaires de parfumerie fonctionnelle ont augmenté de 6,1%.

Le chiffre d'affaires des ingrédients de parfumerie et d'Active Beauty a progressé de 1,0%.

L'activité arômes a quant à elle dégagé des recettes de 2,4 mrd, en croissance de 5,8% en francs suisses et de 3,0% ajustés. Spicetec a apporté 71 mio aux recettes. La confiserie, les produits laitiers et les snacks ont fortement contribué à la croissance de la division.

ANALYSTES DÉÇUS

La direction n'a pas formulé de prévision chiffrée pour cette année, mais a confirmé ses objectifs à moyen terme, soit une hausse du chiffre d'affaires de 4% à 5% et un flux de trésorerie disponible de 12% à 17% des recettes d'ici 2020.

Au niveau des coûts, les prix des matières premières doivent augmenter de 2% à 3% cette année, après une progression de 0% à 1% en 2016. Cette hausse sera "entièrement compensée par des augmentations de prix auprès de nos clients cette année", a insisté M. Andrier.

La direction est également relativement sereine face aux aléas géopolitiques. Plus de six mois après le vote britannique sur le Brexit, le CEO a assuré que le groupe était très bien implanté au Royaume-Uni. "Avec une production locale, nous ne devons pas importer en Grande-Bretagne et n'avons pas d'impact négatif à ce niveau. Mais sur la consommation en général dans le pays, il peut y avoir un effet", a-t-il précisé.

Quant aux Etats-Unis, où Givaudan emploie 2500 personnes, les annonces protectionnistes du nouvel exécutif n'inquiètent pas outre mesure. "Nous disposons d'une usine d'arômes au Mexique qui sert ce pays et n'exporte pas aux Etats-Unis. Aux USA, nous détenons des usines d'arômes et parfums qui servent le marché local, donc nous n'importons pas. L'impact d'une éventuelle taxe douanière serait de ce fait marginal", a souligné M. Andrier.

Les analystes ont été très critiques avec la performance de Givaudan. Selon Julius Bär, le groupe a dévoilé "des chiffres décevants à tous les niveaux". Vontobel a pointé du doigt le dividende, attendu à 57,42 CHF selon le consensus, et ressorti à 56,00 CHF.

Après avoir perdu plus de 6% à l'ouverture, le titre lâchait encore 3,9% à 1782 CHF, dans un SMI en hausse de 0,02% à 11h32.

al/jh