Bouygues est largement en tête du CAC 40 ce jeudi matin. Le titre de l'opérateur grimpe de 8,46% à 31,21 euros après son offre de rachat de SFR. Le groupe diversifié a proposé à Vivendi (+0,83% à 20,735 euros) le versement de 10,5 milliards d'euros en numéraire et la cession de 46% du capital du nouvel ensemble constitué de SFR et de Bouygues Telecom, destiné à entrer en bourse. Le groupe évoque dans son communiqué une valorisation de SFR à 14,5 milliards d'euros avant synergies.

Ces dernières atteindraient 1,4 milliard d'euros sur un an et 10 milliards d'euros en termes actualisés. En prenant en compte ces chiffres, la création de valeur s'élèverait à 15 euros par action pour les actionnaires de Bouygues. Le groupe ajoute que cette fusion pourrait s'effectuer en évitant "tout départ contraint", allusion à l'engagement de son dirigeant de ne pas pénaliser les salariés du secteur et de la société SFR en cette période difficile pour l'emploi.

A l'issue de l'entrée en bourse du nouvel ensemble, Vivendi pourrait de plus céder 15% de sa participation afin de poursuivre son désengagement. Bouygues n'envisage aucune augmentation de capital pour financer ce rachat.

De son côté, Altice proposerait 14,75 milliards d'euros pour acheter SFR, a indiqué Reuters ce matin en citant des sources proches du dossier. Ce montant se répartirait en 11 milliards d'euros en numéraire et 32% de participation de Vivendi dans la nouvelle entité fusionnée. A 10h, Numericable cède 7,29% à 28,37 euros à Paris.

Les observateurs attendent désormais la publication officielle des termes de l'offre d'Altice. Mardi, Patrick Drahi, fondateur et patron de la holding Altice qui détient 40% de Numericable, a déclaré dans les colonnes du Figaro être lui aussi déterminé à ne pas supprimer de postes en cas de reprise de SFR. Il ajoutait vouloir même créer de nouveaux emplois dans les fonctions commerciales afin de renforcer le nouveau groupe sur le segment des télécoms pour les entreprises. Le versant social et sectoriel pourrait donc apparaître comme plus séduisant, notamment aux yeux du gouvernement.

Ce dernier avait déclaré mi-janvier qu'un rapprochement entre SFR et Bouygues aurait des conséquences négatives sur l'emploi. La Ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Économie numérique Fleur Pellerin avait ajouté : "Nous avons aujourd'hui un marché à quatre acteurs, nous souhaitons qu'il fonctionne avec ces quatre acteurs (SFR, Bouygues Telecom, Orange et Iliad, ndlr) dans des conditions qui sont favorables à l'investissement et à l'emploi", ce qui semblait privilégier une reprise de SFR par un cinquième parti comme Numericable.

Le marché restera donc à l'écoute des autorités de la concurrence et des pouvoirs publics, qui pourraient poser des conditions à l'offre de Martin Bouygues.

(E.B)