par Dina Kyriakidou et George Georgiopoulos

Le programme triennal de stabilité et de croissance qu'Athènes transmettra à la Commission européenne prévoit de ramener le déficit budgétaire à 2,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2012, a annoncé jeudi le ministre grec des Finances.

"Selon le plan, le déficit en 2010 sera réduit de quatre points de pourcentage et ramené de 12,7% à 8,7% du PIB", a dit Georges Papaconstantinou, lors d'une réunion ministérielle retransmise à la télévision.

"En 2011, il sera réduit de trois points de pourcentage de plus à 5,6% du PIB. En 2012, (il sera réduit) de 2,8 points de pourcentage, pour tomber à 2,8% du PIB."

Le ministre des Finances a également indiqué que la dette du pays commencerait à baisser en 2012 et représenterait 113,4% du PIB en 2013.

Le Premier ministre George Papandreou a pour sa part jugés ces objectifs "réalisables".

Interrogé sur une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, le président de la BCE a qualifié cette hypothèse d'absurde.

Jean-Claude Trichet qui s'exprimait dans le cadre de sa conférence de presse mensuelle à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE a estimé que la Grèce avait beaucoup d'efforts à faire, tout en refusant à commenter le plan gouvernemental grec. Plus de détails

Les investisseurs se demandent cependant si le gouvernement socialiste grec parviendra à durcir sa politique sans provoquer des troubles sociaux.

Selon les données publiées jeudi par le Service national des statistiques, le taux de chômage a atteint 9,8% en octobre, contre 9,1% en septembre et 7,4% en octobre 2008.

Selon des chiffres d'Eurostat, le chômage est au plus haut depuis 11 ans en Grèce.

Le cadrage macroéconomique sur lequel est fondé le programme grec prévoit un taux de croissance de 1,9% en 2012 et de 2,5% en 2013.

Sur le marché des dérivés de crédit (CDS, credit default swaps), le coût de la protection à cinq ans contre un risque de défaut de la Grèce sur sa dette a atteint jeudi matin un nouveau record de 334,8 points de base.

LA DÉFIANCE S'ACCROÎT SUR LES MARCHÉS FINANCIERS

De nombreux économistes trouvent les objectifs d'Athènes "assez ambitieux".

Luigi Speranza, de BNP Paribas, note qu'"il y a un peu d'incohérences entre les prévisions de déficit et celles de croissance". Il croit davantage à une nouvelle contraction de l'économie si le plan est mis en oeuvre tel qu'il est annoncé.

Ben May, de Capital Economics, estime également qu'il y a une "très forte chance pour que la récession s'intensifie cette année". Il évoque une contraction de 2% en 2010 et une nouvelle baisse du PIB en 2011.

Il prévient d'ailleurs que "si le gouvernement tente de remplir ses objectifs à tout prix, cela pourrait provoquer une récession très profonde et sérieuse".

"La crédibilité est un problème, et le gouvernement devra travailler dur pour prouver que (ses) objectifs peuvent être remplis", souligne Diego Iscaro, de IHS Global Insight.

Le programme de stabilité convient d'ailleurs que le rétablissement de la confiance sur la capacité du gouvernement à gérer ses finances est "d'une importance primordiale".

La Grèce va notamment faire un effort en ce qui concerne les statistiques en promulguant dans le courant du trimestre une loi qui rendra le service des statistiques "indépendant du processus politique".

Les ministres des Finances de l'Union européenne demanderont la semaine prochaine à la Grèce de réformer son système statistique après le rapport de la Commission européenne publié mardi par Eurostat, l'Office de la statistique de l'Union européenne, jugeant les chiffres grecs sur les déficits et la dette publics non fiables et politiquement manipulés.

Le rapport de la Commission sera débattu lors du Conseil Ecofin du début de la semaine prochaine et les grands argentiers de l'UE devraient appeler le gouvernement grec à réformer son système statistique en profondeur, selon le projet de conclusions dont Reuters a eu connaissance.

La Grèce, dont la note souveraine a été dégradée à plusieurs reprises et qui doit emprunter plus cher sur les marchés en raison de ses difficultés financières, subit la pression des investisseurs et des autres pays européens qui lui demandent de prendre des mesures drastiques pour redresser ses comptes publics.

Version française Alexandre Boksenbaum-Granier et Marc Joanny, édité par Dominique Rodriguez