Confirmant une croissance nulle de l'économie française au premier trimestre, l'Insee a parallèlement annoncé vendredi que la consommation avait progressé de 1% le mois dernier.

Mais ce résultat, plus positif qu'attendu, tient à la forte hausse des dépenses d'énergie, fragilisées les mois précédents par la météo clémente, et il n'efface pas d'autres mauvais indicateurs récents.

Pour que l'économie française croisse de 0,7% cette année comme l'Insee a dit mardi le prévoir, il faudra une hausse du PIB de 0,3% en moyenne sur chacun des trois derniers trimestres de l'année, ce qui "paraît aujourd'hui assez improbable", estime Fabrice Montagné, économiste chez Barclays.

"Ça confirme que la croissance a du mal à devenir franchement positive, une consommation qui souffre - ce qui n'est pas toujours visible à cause des effets temporaires, dont l'énergie - mais la tendance sous-jacente est mauvaise", ajoute-t-il.

Le gouvernement compte lui toujours sur une croissance annuelle de 1%, qui doit l'aider à réduire comme prévu le déficit public à 3,8% du PIB fin 2014, un objectif qui risque de ne pas être atteint, selon la Cour des comptes.

Le rebond de la consommation en mai donnera un coup de pouce sur l'ensemble du trimestre, après un premier trimestre en repli de 0,5%, estime Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas. Mais la tendance n'est pas au rendez-vous et la dynamique pourrait selon lui ne pas de poursuivre au troisième trimestre.

LA FORTE HAUSSE DU CHÔMAGE INQUIÈTE

"La hausse de 0,7% du nombre de demandeurs d'emploi en mai annoncée hier soir est particulièrement inquiétante pour les perspectives de cet été", explique-t-il.

Selon le ministère du Travail, la hausse du chômage s'est encore accélérée le mois dernier et le nombre de demandeurs d'emploi a franchi le seuil de 5 millions en métropole.

Le nombre de chômeurs sans aucune activité a progressé de près de 25.000 (+0,7%) en métropole, portant leur total à un nouveau record de près de 3,4 millions.

En ajoutant les personnes ayant exercé une activité réduite, le nombre de chômeurs a augmenté d'environ 34.000 (+0,7%), à 5.020.200 et 5.320.000 avec les départements d'Outre-mer.

Selon des économistes, la dégradation du climat des affaires en juin laisse quant à elle augurer une croissance économique faible au deuxième trimestre et une fragilité pour les mois suivants.

Un diagnostic soutenu par le repli des indices PMI de juin, qui fait dire aux économistes de Markit, qui publie ces indices des directeurs d'achat, que "si ces tendances se prolongent, le malaise économique dans l'Hexagone devrait perdurer au cours du deuxième semestre 2014".

(Jean-Baptiste Vey, avec Ingrid Melander, édité par Yves Clarisse)