PARIS (Reuters) - Crédit agricole SA a déçu le marché jeudi après avoir fait état de revenus et d'une situation de capital inférieurs aux attentes au troisième trimestre, ce qui plombe le titre en Bourse.

Dans une note de recherche, les analystes de Jefferies relèvent qu'avec une croissance des revenus moins élevée qu'attendu et des charges d'exploitation en hausse de 4,4%, l'effet de ciseau est "largement négatif" sur le trimestre écoulé.

Pour les analystes de JP Morgan, les revenus sont sous les attentes dans les activités de marché et l'assurance, ajoutant que les coûts sont plus élevés qu'attendu dans la gestion de fortune.

En Bourse, l'action Crédit agricole SA abandonne -4,8439% à 9,233 euros à 09h36 et signe la deuxième plus forte baisse de l'indice CAC 40.

Sur le troisième trimestre, la deuxième banque française par la capitalisation boursière, après BNP Paribas, a dégagé un bénéfice net en repli de 3,6% à 1,35 milliard d'euros, tandis que ses revenus ont progressé de 0,6.

Dans la banque de financement et d'investissement (BFI), les revenus de Crédit agricole SA ont crû de 4,5% sur le trimestre.

S'ils ont augmenté de 12,6% dans le financement, les revenus ont en revanche reculé de 5,7% dans les activités de marché.

"Globalement, nous avons une prise de risques inférieure à celle de nos concurrents qui peut expliquer que dans des situations de très forte volatilité des marchés, nous n'avons pas des performances comparables", a souligné Xavier Musca, directeur général délégué de Crédit agricole SA, lors d'une conférence de presse.

En Europe, les établissements bancaires, à l'image du britannique HSBC, de l'allemand Deutsche Bank et de l'italien UniCredit, ont rapporté de solides résultats pour le troisième trimestre, grâce à la hausse des revenus du trading et au renchérissement des coûts du crédit dans un contexte de hausse des taux par les banques centrales pour lutter contre les pressions inflationnistes.

En France, BNP Paribas a indiqué la semaine dernière s'attendre à un surplus d'environ deux milliards d'euros de revenus à horizon 2025 avec la croissance de la marge d'intérêt grâce à la hausse des taux.

LA HOLDING RUE LA BOÉTIE VA ACQUÉRIR DES TITRES

Sur le front des provisions pour risque de crédit, le Crédit agricole SA a vu sur le troisième trimestre son coût du risque augmenter de 35,5% et estime avoir suffisamment mis de côté pour affronter les incertitudes économiques.

"Nous sommes tout en haut de l'iceberg en termes de taux de provisionnement", a indiqué Philippe Brassac, directeur général de Crédit agricole SA.

"Ce niveau, qui est l'accumulation de la prudence du groupe depuis des décennies, nous met dans un relatif confort intellectuel (...) par rapport à ces difficultés, cette opacité de l'économie sur les deux ou trois prochaines années et nous permet de nous concentrer sur ce sur quoi il faut investir sur le long terme", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué séparé, la SAS Rue La Boétie, la holding qui porte la participation des caisses régionales au capital de Crédit agricole SA (CASA), a indiqué vouloir acquérir jusqu'à un milliard d'euros d'actions CASA d'ici la fin du premier semestre 2023.

La holding, qui détient actuellement près de 57% de CASA, précise toutefois ne pas avoir l'intention de porter sa participation au-delà de 65%.

(Reportage Silvia Aloisi et Matthieu Protard, édité par Nicolas Delame et Sophie Louet)