Zurich (awp) - Barry Callebaut a bouclé le premier semestre de son exercice décalé 2022/23 sur des résultats en hausse, malgré une contraction des volumes. Dans la foulée de ses résultats, le groupe zurichois a annoncé le remplacement surprise de son patron Peter Boone par celui de Jacobs Holding, Peter Feld.

Entre septembre et février, le négociant et transformateur de produits cacaotés a réalisé des recettes à hauteur de 4,18 milliards de francs suisses, en progression de 3,7% en rythme annuel. Exprimée en monnaies locales, la croissance a été de 7,9%, dopée par le renchérissement des matières premières et le contexte inflationniste, précise la multinationale zurichoise mercredi.

"Nous avons constaté un redressement progressif de notre volume, bien qu'à un rythme plus lent que prévu", a indiqué le directeur financier (CFO) Ben De Schryver, cité dans un communiqué. Sur l'ensemble de la période sous revue, les volumes écoulés se sont contractés de 2,9% à 1131 kilotonnes (kt).

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) s'est enrobé de 9,5% à 348,4 millions de francs suisses et le bénéfice net de 4,2% à 234,3 millions.

La copie rendue par le chocolatier industriel est inférieure aux projections des experts sondés par AWP en ce qui concerne les ventes. La rentabilité en revanche a dépassé les attentes les plus optimistes de la communauté financière.

Pour la suite des opérations, la direction de Barry Callebaut s'attend à voir les volumes connaître une croissance stable à modeste pour l'ensemble de l'exercice 2022/23, et sur trois ans, inférieure à 5%.

Surprise du chef

La publication des chiffres semestriels a cependant été partiellement éclipsée par un changement impromptu à la tête de l'entreprise. Dans un communiqué distinct, Barry Callebaut a annoncé le départ avec effet immédiat du directeur général (CEO) Peter Boone "pour des raisons personnelles" et son remplacement par Peter Feld, son homologue auprès de l'actionnaire de référence Jacobs Holding.

Le quinquagénaire allemand a exercé des fonctions dirigeantes aux quatre coins du globe, auprès notamment des géants Procter & Gamble (P&G), Johnson & Johnson (J&J) et Beiersdorf. Il a été aux commandes du cabinet d'études de marché GfK, ainsi que WMF Group, un fabricant d'ustensiles de cuisine et de machines à café destinés aux professionnels.

Le conseil d'administration de Barry Callebaut a tenu à remercier le CEO sortant, qui après plus de dix ans de bons et loyaux services a décidé de "s'installer plus près de chez lui afin de pouvoir passer plus de temps avec sa famille", selon le président Patrick De Maeseneire.

Face aux médias, Peter Feld n'a pas fourni plus de détails quant aux circonstances du départ inopiné de son prédécesseur, pas plus que sur les axes qu'il entend donner à sa stratégie. "Je veux tout savoir sur notre culture et découvrir ce qui fonctionne bien et ce que nous pouvons améliorer", a déclaré en conférence de presse le CEO trois heures à peine après l'annonce de sa nomination.

Investisseurs perplexes

Dans leurs commentaires, les analystes saluent la rentabilité dégagée par le chocolatier industriel sur les six premiers mois de 2022/23, ainsi que le retour à des objectifs jugés plus réalistes au vu de l'évolution des conditions de marché, notamment le renchérissement des matières premières.

Vontobel relève que le groupe devait "restaurer une certaine stabilité" après la fermeture de son usine de chocolat à Wieze, en Belgique, suite à la détection de la présence de salmonelle fin juin dernier.

Baader Helvea s'étonne du remplacement au pied levé du CEO par un dirigeant clairement associé à un actionnaire de référence qui s'est progressivement désengagé ces dernières années, et y voit un possible signe d'inquiétude de la part de Jacobs. "Dans tous les cas, nous aurions préféré un candidat externe plus indépendant", lance son expert Andreas von Arx.

Les annonces du jour ont causé une certaine perplexité sur le marché. Après une entame de séance résolument négative, qui l'a vu frôler le seuil des 1900 francs suisses, le titre Barry Callebaut s'est vigoureusement redressé, dépassant même les 1950 francs suisses. A 13h05, la nominative était quasiment à l'équilibre (-0,03%) 1941,50 francs suisses, alors que le marché dans son ensemble (SPI) était repassé dans le vert (+0,07%).

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