Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a conclu une deuxième séance consécutive en nette baisse mardi (- 1,33%), après la dissolution de l'Assemblée nationale en France, et attend les développements de la politique monétaire de la banque centrale américaine.

L'indice vedette de la Bourse de Paris a chuté de 104,77 points à 7.789,21 points, au plus bas depuis fin février. Lundi, l'indice avait déjà perdu 1,35%, terminant à 7.893,98 points.

"La séance fait écho aux élections européennes de ce week-end et en particulier la dissolution de l'Assemblée nationale en France", commente Adrien Roure, gestionnaire de portefeuilles chez Indosuez.

Pour David Zahn, responsable de la gestion obligataire européenne chez Franklin Templeton, une majorité parlementaire du Rassemblement national "compliquerait les perspectives politiques nationales" et européennes et les marchés n'étaient "pas préparés" à un risque politique lié à des élections en France.

Les inquiétudes des investisseurs se sont exprimées sur le marché obligataire, où le taux d'intérêt des emprunts de l'Etat français à dix ans a atteint 3,32% au plus haut de la séance. Vers 16H00 GMT, il s'établissait à 3,26% et son équivalent allemand était à 2,62%.

L'écart entre le taux français et l'équivalent allemand, un indicateur qui mesure la confiance des investisseurs dans le pays, s'est accru à un niveau record depuis 2020.

Toutefois, "même si aujourd'hui on a un risque spécifique sur la politique française, le marché reste toutefois très concentré à court terme sur l'inflation américaine et la politique des banques centrales", estime Adrien Roure.

Mercredi, l'indice des prix à la consommation (CPI) de mai aux Etats-Unis sera publié. Les analystes prévoient que les prix à la consommation ont augmenté de 0,1% en mai pour rester à 3,4% sur un an, selon MarketWatch.

Du côté de la banque centrale américaine (Fed), elle se réunit à partir de mardi et tiendra une conférence de presse mercredi soir pour présenter les développements de sa politique monétaire.

Le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, avait annoncé en décembre trois baisses des taux directeurs de l'institution monétaire au cours de l'année, mais la persistance de l'inflation l'a poussé à retenir une première baisse de taux au cours de la première moitié de 2024.

"La grande question est de savoir si une hausse des taux est de nouveau à l'ordre du jour pour la Fed", commente Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN AMRO IM.

L'indice des prix à la consommation (CPI) de demain "sera surveillé de près et aura un impact sur le discours de la Fed", a-t-il poursuivi. "Si l'indice est élevé, le scénario le plus probable est celui d'une seule baisse en 2024."

TF1 et M6 rattrapés par la politique

Les titres de TF1 (-6,95%) et M6 (-3,12%) ont lâché du lest après que le Rassemblement national a réitéré la veille qu'il envisageait toujours de privatiser l'audiovisuel public français, avec un possible impact pour les acteurs privés en raison de la concurrence.

"Cela serait naturellement très négatif pour les acteurs privés" qui pourraient observer un "net déclin de leurs revenus et donc de leurs marges", expliquent les analystes d'Oddo BHF dans une note, au moment où le Rassemblement national arrive en tête des sondages pour les législatives anticipées.

Les banques françaises sanctionnées

Les valeurs bancaires ont conclu une deuxième séance consécutive en très nette baisse.

Société Générale a fortement reculé de 5,02% à 22,87 euros, au lendemain d'une chute de 7,46%. La banque française a effacé tous ses gains de l'année, affichant un repli de 4,81% depuis le 1er janvier.

Crédit Agricole a lâché 3,90% et BNP Paribas de 3,89%.

Atos lâche Kretinsky

Le conseil d'administration du groupe informatique Atos, lourdement endetté, a annoncé mardi choisir l'offre de reprise du consortium mené par l'entreprise française Onepoint, son principal actionnaire, au détriment de celle de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, la considérant "mieux orientée en matière d'intérêt social de la société".

L'action Atos, considérée comme cible d'investisseurs spéculatifs par de nombreux analystes, a reculé de 15,11% à 0,97 euro.

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