Selon Le Figaro, le PDG de General Electric, Jeff Immelt, sera reçu par le président François Hollande dimanche et un conseil d'administration d'Alstom se tiendra dans la soirée. Dans la foulée, Alstom annoncerait son entrée en négociations exclusives avec GE, ajoute le quotidien sur son site internet.

L'opération pourrait valoriser la branche Energie d'Alstom - turbines pour centrales électriques, éoliennes, systèmes de transmission et de distribution d'énergie - plus de 10 milliards de dollars (7,22 milliards d'euros), selon des analystes.

Une source proche du dossier a fourni une évaluation de 13 milliards de dollars dette comprise (9,4 milliards d'euros).

La capitalisation boursière de General Electric atteint 265 milliards de dollars.

Le gouvernement français a cependant prévenu qu'il travaillait à "d'autres solutions" pour Alstom. Le constructeur du TGV et de turbines emploie près de 9.000 personnes en France dans ses activités liées aux équipements de production et de transmission d'électricité, qui représentent environ 70% de son chiffres d'affaires mondial.

Confronté à un marché de nouvelles centrales électriques en berne qui plombe ses commandes et l'oblige à piocher dans sa trésorerie, Alstom s'est lui-même tourné vers GE et l'opération envisagée a le soutien de son premier actionnaire, Bouygues (29% du capital), ont précisé plusieurs sources proches du dossier.

"Les discussions avancent à grands pas, la structure du 'deal' est définie et tout est presque prêt", a déclaré une source industrielle.

"Ce serait une très grosse cession d'actifs, c'est l'ensemble du périmètre de toute la partie énergie (qui serait vendu, NDLR)", a précisé cette source.

Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, a de son côté évoqué devant les syndicats une simple "opération industrielle", sans nommer GE.

Alstom, Bouygues et General Electric se sont refusés à tout commentaire.

"VIGILANCE PATRIOTIQUE"

Après un bond de 10,9% de l'action Alstom jeudi dans de gros volumes, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a demandé la suspension de la cotation du titre vendredi dans l'attente de la publication d'un communiqué par la société.

Un rachat de la partie énergie d'Alstom permettrait notamment à GE, qui emploie 10.000 personnes en France, de se développer dans les turbines à vapeur, l'éolien en mer, l'hydraulique et la transmission d'électricité, tandis qu'Alstom retrouverait d'importantes marges de manoeuvre financières.

Une vente des actifs d'Alstom liés à l'énergie pourrait dispenser le groupe français de mettre en oeuvre son projet d'introduction en Bourse de son pôle Transport dans la mesure où le ferroviaire formerait le cas échéant la totalité de son nouveau périmètre, ont estimé certaines sources.

Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a prévenu que l'Etat ferait preuve de "vigilance patriotique" à l'encontre d'Alstom, sauvé de la faillite il y a dix ans avec, en particulier, un soutien financier massif de l'Etat.

A l'époque, le commissaire européen à la Concurrence Mario Monti voulait contraindre Alstom à se séparer de certaines de ses activités, dont les turbines, en contrepartie des aides publiques françaises. En 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Economie et de l'Industrie, avait fait intervenir l'Etat pour préserver les activités transport et énergie de la société.

UNE PORTE DE SORTIE POUR BOUYGUES

Arnaud Montebourg a également déclaré qu'il avait reçu jeudi Patrick Kron et qu'il rencontrerait prochainement le président de GE avec le Premier ministre, Manuel Valls.

"Le gouvernement français ne peut rien faire, il voudra seulement pouvoir se prévaloir et s'enorgueillir du fait que la branche Transport restera française et cotée à Paris", a estimé une source industrielle. "Ça fait partie du jeu et de la négociation, il faut que l'Etat français trouve une place."

L'action Bouygues, quant à elle, a affiché la plus forte hausse de l'indice CAC 40 vendredi avec un gain de plus de 4,17%. Le titre avait déjà pris 4,64% jeudi.

Le groupe de BTP et de communication est entré au tour de table d'Alstom en 2006 en rachetant pour deux milliards d'euros 21% du capital qui étaient alors détenus par l'Etat depuis le sauvetage de 2003-2004.

Un rapprochement de tout ou partie d'Alstom avec GE permettrait à Bouygues de se désengager d'un investissement qu'il a dû déprécier de 1,4 milliard d'euros dans ses comptes 2013.

(Avec Gilles Guillaume et Natalie Huet, édité par Dominique Rodriguez)

par Benjamin Mallet et Matthieu Protard