• Sentiment global

Indéniablement, Alstom est une entreprise qui présente beaucoup d’atouts : un positionnement intéressant dans un secteur oligopolistique, une forte présence industrielle en occident, un gros carnet de commandes, des contrats sur le long terme et un management reconnu. Pour autant, le titre connaît un parcours boursier très difficile, quel est, de votre point de vue, les raisons qui permettent d’expliquer une telle chute ?

LM : "Effectivement l’acquisition de Bombardier Transport (BT) nous positionne comme le leader de la mobilité durable et intelligente, avec la plus grande présence internationale. Alstom peut désormais accompagner partout dans le monde les opérateurs, les autorités de transports, les municipalités dans leurs projets de mobilité verte. Cette acquisition nous permet de disposer du portefeuille de solutions ferroviaires le plus complet et nous dote de capacités d'innovation inégalées. Alstom dispose d’une très bonne visibilité commerciale avec un carnet de commandes de 78 milliards d’euros au 31.12.21 et un flux très important de nouvelles commandes avec de bonnes marges. Cette amélioration de notre positionnement commercial s’inscrit dans un contexte où le marché ferroviaire devrait croître par ailleurs de 2,8% par an entre 2020 et 2025, sur fond de préoccupations environnementales croissantes et d’investissements dans une mobilité plus verte. Le ferroviaire est en effet la colonne vertébrale de la mobilité de demain : d’après l’agence internationale de l’énergie, le rail émet 7 à 11 fois moins d’émission de CO2 par passager – kilomètre que l’avion ou la route ! Nous nous employons à rassurer le marché publication après publication sur notre capacité à réussir l’intégration opérationnelle de Bombardier Transport et à respecter la trajectoire financière annoncée en juillet dernier."

Graphique Alstom
  • Inflation

Dans le contexte inflationniste actuel, intensifié par le conflit en Ukraine, quels sont les moyens employés par Alstom pour se protéger ? Le groupe est-il inquiet concernant d'éventuelles perturbations des chaînes d’approvisionnement ?

LM : "Alstom est relativement bien protégé contre l’inflation, car environ deux tiers de son carnet de commandes est couvert par des clauses d’ajustement de ses prix de vente en fonction de l’évolution des indices de matières premières et de main d’œuvre. Notre marge a été jusqu’à présent épargnée. Le sujet de l’inflation et des perturbations des chaînes d’approvisionnement est toutefois un sujet d’attention majeure, avec des équipes mobilisées pour en mitiger les effets. Il est à noter que l’exposition de notre chaîne d’approvisionnement à l’Ukraine et à la Russie est tout à fait négligeable."

  • Intégration de Bombardier

A votre avis, quelles sont les métriques sur lesquelles les investisseurs particuliers doivent se concentrer pour comprendre si l’intégration de Bombardier Transport se fait dans de bonnes conditions ?

LM : "La stabilisation des projets hérités de Bombardier Transport a eu un impact matériel sur notre génération de cash-flow libre et notre profitabilité au S1 2021/22. Nous sommes engagés au rétablissement progressif du résultat d’exploitation ajusté ainsi qu’à une génération de Cash-flow libre à partir du second semestre 2021/22 et au-delà. Ces métriques sont particulièrement suivies par nos actionnaires, nous sommes confiants sur notre trajectoire de redressement."

  • Exposition en Russie

L’exposition de Alstom en Russie au travers du leader russe des locomotives doit-elle inquiéter les investisseurs ?

LM : "Alstom détient une participation minoritaire de 20% dans les capitaux de l’entreprise Transmashholding (TMH), le fournisseur russe de locomotives et d'équipements ferroviaires qui dessert principalement le marché local. Il n'y avait aucun lien commercial ni opérationnel significatif entre Alstom et TMH. La valeur comptable de cette participation, sera réévaluée dans le cadre de la clôture de l'exercice financier 2021/22. Par ailleurs, la contribution de TMH au résultat net d'Alstom était légèrement négative, à (2) millions d’euros au dernier semestre. En tout état de cause, l’exposition opérationnelle d’Alstom en Russie est très limitée."

  • Objectifs et résultats

Une croissance moyenne annuelle des ventes de 5% et une marge d’EBIT supérieure à 8% vous semblent-elles atteignables sur le moyen terme (horizon 2023/2024) ? Comment les nombreuses commandes dans les segments signalisations, systèmes et services vont-elles se matérialiser sur le FCF du groupe ?

LM : "Entre 2020/21 (chiffre d'affaires proforma de 14 milliards d'euros) et 2024/25, Alstom vise un taux de croissance annuel moyen du chiffre d’affaires supérieur à 5 %, soutenu par une forte dynamique de marché. La marge opérationnelle ajustée devrait atteindre entre 8 % et 10 % à partir de 2024/25, bénéficiant des initiatives d'excellence opérationnelle, de la complète exécution des projets complexes en carnet tandis que les synergies devraient générer 400 millions d’euros annualisés entre 2024/25 et 2025/26. À partir de 2024/25, la conversion du résultat net ajusté en cash-flow libre sera supérieure à 80 %, tirée par la stabilité à moyen terme du besoin en fonds de roulement, la stabilisation des investissements (CAPEX) à environ 2 % du chiffre d'affaires et les initiatives cash focus tout en bénéficiant de la hausse du volume et des synergies."

  • Parcours boursier

Ces dernières années, les investisseurs pensaient tenir en Alstom un dossier relativement défensif et parfaitement calibré pour les enjeux modernes. A votre avis, qu’avez vous raté pour provoquer un tel désamour des investisseurs et comment les équipes du groupe envisagent-elles de les reconquérir ?

LM : "La stabilisation des projets difficiles hérités de Bombardier Transport a eu un impact matériel sur notre génération de cash-flow libre et notre profitabilité au S1 2021/22. L’intégration de Bombardier Transport se déroule selon nos plans avec une amélioration d’ores et déjà visible de l’efficacité opérationnelle, nous sommes pleinement confiants en notre capacité à améliorer notre rentabilité et notre génération de cash-flow libre en nous appuyant sur un marché très porteur et nos 75 000 collègues. Nous poursuivons un dialogue actif avec nos investisseurs afin de leur expliquer notre trajectoire et notre capacité à la tenir. Nous vous donnons rendez-vous le 11 mai pour la publication de nos résultats annuels qui sera suivie d’un Investor Day."