Sydney (awp/afp) - Le gouvernement australien a indiqué vendredi qu'il étudiait des accusations de discrimination raciale portées contre un hôtel du groupe français Accor, dont les employés auraient reçu pour directive de donner des chambres de moindre qualité aux clients aborigènes.

Une enquête de la chaîne de télévision nationale ABC a révélé des emails demandant aux employés de l'hôtel Ibis Styles Alice Springs Oasis, au nord du pays, d'installer dans des chambres spécifiques les clients venant des "communautés", un terme qui fait référence à la population aborigènes.

Un employé anonyme de l'hôtel a confié à ABC que c'était arrivé des centaines de fois depuis la directive donnée en juin selon laquelle toute personne "paraissant aborigène" serait orientée vers "les pires chambres".

Le ministre en charge des Affaires Indigènes Nigel Scullion s'est engagé à rapidement "faire toute la lumière" sur cette affaire.

"Ce type de comportement dans les entreprises australiennes est complètement inacceptable", a-t-il affirmé, interrogé par des journalistes, ajoutant que la loi australienne contre les discriminations prévoyait "de sérieuses sanctions".

"Etudions les (faits et) preuves mais cela me paraît très préoccupant", a insisté le ministre.

La chaîne ABC a notamment, au cours de son enquête, fait deux réservations dans l'Ibis incriminé, l'une pour des clients aborigènes, l'autre non.

Les deux groupes ont dû payer le même montant, mais celui des aborigènes a obtenu une chambre de standing inférieur, semblant démontrer que les directives incriminées avaient été appliquées.

La chaîne de télévision a précisé que les chambres étaient radicalement différentes, celle du groupe aborigène étant la plus sale et moins bien entretenue.

Accor a déclaré à ABC ne pas avoir connaissance de plaintes de clients à ce sujet. "L'hôtel reçoit des clients de toutes origines et cultures à l'image de ses employés, à 31% aborigènes", a réagi l'entreprise dans un communiqué.

Les aborigènes d'Australie représentent 3% de la population australienne, qui compte 25 millions d'habitants, mais restent sa communauté la plus déshéritée.

En février, le Premier ministre Scott Morrison avait admis que le gouvernement n'avait pas atteint ses objectifs après avoir promis plus d'une décennie auparavant de "combler l'écart" entre les indigènes d'Australie et le reste du pays.

Selon le Bureau australien des statistiques, le taux de chômage des aborigènes est trois à quatre fois plus élevé que la moyenne nationale.

afp/buc