par Julien Ponthus

La scission de l'entreprise se déroulera donc au plus tôt par rapport au calendrier indicatif de cette opération prévue initialement d'ici la fin 2010, un "timing" jugé favorable par l'analyste de CM-CIC Annick Thevenon.

Le marché a salué cette annonce, l'action Accor, quatrième groupe hôtelier mondial derrière InterContinental, Marriott, Hilton et Starwood, signant l'une des plus fortes hausses du CAC 40 avec une progression de 1,63% à 37,06 euros à 16h05.

"La première cotation de la nouvelle société Services aura lieu début juillet", a annoncé le groupe, indiquant que les actionnaires se prononceraient sur cette opération lors d'une assemblée générale prévue le 29 juin.

L'accord des actionnaires ne fait guère de doute puisque les sociétés d'investissement Eurazeo et Colony Capital détiennent à eux deux 30% du capital d'Accor et ont réussi à imposer la scission contre l'avis du Fonds stratégique d'investissement (FSI), propriétaire de 7,5% du capital. Pour ce dernier, les services avaient l'avantage de financer le développement de l'hôtellerie, grande consommatrice de capitaux.

"Cette séparation sera bénéfique aux deux entités car elle permettra de poursuivre deux projets d'entreprise conduits par des équipes de direction dédiées", a expliqué pour sa part Accor dans un communiqué.

La scission vise aussi à remédier à la décote qui affecte le titre Accor par rapport à ses concurrents et qui est due, selon les analystes, à son profil atypique et à "l'effet conglomérat" de l'entreprise.

DÉSENDETTEMENT TOTAL

Afin de renforcer son attractivité et d'améliorer la notation de sa dette, l'activité Hôtellerie va poursuivre son programme de cessions d'actifs pour afficher un "désendettement total" dès 2011.

Accor, qui veut devenir l'un des trois premiers mondiaux de l'hôtellerie d'ici 2015, compte céder rapidement sa participation de 49% dans le groupe de casinos Lucien Barrière.

Le P-DG Gilles Pélisson a dit aux analystes qu'il espérait concrétiser cette cession en 2010 et qu'une introduction en Bourse était "le principal scénario" à l'étude. Il a évalué la participation à entre 500 millions et 700 millions d'euros.

Pour se développer dans l'hôtellerie, la direction d'Accor suivra l'exemple de ses concurrents dont la stratégie repose sur les franchises plutôt que la propriété directe, une gestion active des marques et la vente des murs des hôtels.

L'activité services, la plus rentable du groupe, absorbera une dette nette de 0,4 milliard d'euros sur un total de 1,6 milliard au 31 décembre 2009 alors que son chiffre d'affaires ne représente que 13% du chiffre d'affaires total du groupe.

Cette part du fardeau est cependant en deçà des estimations des analystes interrogés par Reuters et, contrairement à la branche hôtellerie, les services devraient bénéficier dès leur introduction en Bourse d'une notation dans la catégorie "investment grade".

Standard & Poor's a dégradé mercredi la dette d'Accor à BBB-, ses notes restant sous surveillance.

"La scission d'Accor Services, prévue pour juillet 2010, affaiblira la diversité opérationnelle d'Accor et son profil de risque", précise l'agence de notation.

Les échecs des dernières introductions en Bourse et la volatilité du marché ne devraient pas avoir d'impact sur l'opération car Accor ne demande pas d'argent à ses actionnaires mais leur attribuera simplement une action du pôle Services pour chaque action Accor.

"C'est une opération qui ne dépend donc pas des conditions de marché", a ainsi indiqué Gilles Pelisson, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Accor a également annoncé mercredi des résultats 2009 dans le haut de la fourchette des attentes des analystes avec un résultat courant avant impôt de 448 millions d'euros en 2009.

Le consensus effectué auprès de 14 analystes par Thomson Reuters I/B/E/S donnait le résultat courant avant impôt à 420 millions d'euros, contre 875 millions atteints en 2008.

Les perspectives pour l'année 2010 pour le groupe restent néanmoins assombries par la conjoncture économique toujours morose, notamment à cause de la montée du chômage en Europe qui devrait affecter la division services.

Pour l'hôtellerie, le groupe a constaté une stabilisation des taux d'occupation après une chute brutale en 2009 mais se garde encore bien de parler de reprise.

la contribution de Cyril Altmeyer. Edité par Jean-Michel Bélot