Si vous êtes déjà pessimiste sur le futur, ne lisez surtout pas cet article. Il risquerait de vous enlever tout espoir d’amélioration et de vous inscrire dans un fatalisme désastreux. Sans ménagement, certains économistes prédisent la fin du monde. Les quatre signes avant-coureurs de l’apocalypse, à savoir la guerre, la famine, la peste et la mort, seraient, selon eux, déjà visibles.

Guy Hands, le patron du fonds d’investissement Terra Firma, est inquiet. « Durant les cinquante dernières années, de nombreux événements auraient pu mener à un conflit profond. Mais heureusement, il existait un ordre politique qui permettait de maintenir un équilibre. Aujourd’hui, le monde multipolaire vers lequel nous tendons rend le conflit de plus en plus difficile à contenir » écrivait-il cet été. Il faut dire, en effet, que les crises économiques et financières traversées par certains pays (déficits budgétaires américains, crise de la dette publique des pays du Club Med, etc.) fragilisent l’ordre politique établi, débouchent sur des crises institutionnelles graves et créent un monde multipolaire où l’hégémonie des Etats-Unis est remise en question.

Corée du Nord, Mexique, et Ancienne Yougoslavie identifiées comme des zones de guerre futures
Afin d’étayer son propos, Guy Hands prend divers exemples de zones géographiques, qui reflètent toutes un malaise profond, créateur de conflit potentiel.

« Aucun pays n’est capable de tenir la Corée du Nord en échec. Je dirai que les chances d’un conflit militaire en Corée du Nord sont de une sur dix » affirme t-il. Autre zone à risque : la guerre contre la drogue au Mexique : « 45 000 troupes armées combattent les cartels. Si cette guerre dépasse les frontières, cela posera un sérieux problème aux Etats-Unis. » Enfin, les vocations d’adhésion à l’Union Européenne de la Serbie, de la Bosnie-Herzégovine et du Monténégro risquent de mettre le processus de paix à rude épreuve dans la mesure où la résolution des problèmes financiers de ces pays issus de la Yougoslavie va nécessiter un certain soutien économique.

Pénurie, sécheresse, famine : vers une Troisième Guerre Mondiale ?
Et dans le registre pessimiste, Guy Hands est bien entouré. A l’instar de David Murrin, cofondateur du fonds de gestion britannique Emergent Asset Management. En 2010, dans son livre, intitulé Breaking the code of History, il explique qu’une guerre mondiale est quasiment inévitable dans les deux décennies à venir. Et pour cause : « La croissance de la population exerce une pression intolérable sur les ressources naturelles. Je crois que c’est inévitable que les tensions causées par l’expansion de la Chine et la concurrence pour l’accès aux matières premières conduisent le monde à une troisième guerre mondiale. »

Il est vrai que, face aux faibles précipitations, nombreuses populations doivent faire face à des situations de sécheresse inquiétantes. Plus de 4 millions de Chinois ont dû faire face à une pénurie d’eau, selon le rapport publié par les autorités chinoises en août. La catastrophe alimentaire dans la Corne de l’Afrique est alarmante ; plus de 10 millions de personnes sont en attente d’une aide humanitaire. L’ONU a officiellement déclaré l’état de famine dans 5 régions de la Somalie. Ce niveau d’alerte n’avait pas été atteint depuis 20 ans. Dans les zones de Somalie touchées par la sécheresse, 1 enfant sur 10 risque de mourir de faim.

Les pénuries alimentaires et le manque d’eau sont des éléments déclencheurs de conflits. Les gestionnaires de fonds s’accordent pour le dire : la planète est une poudrière qui n’attend qu’une allumette pour s’enflammer.

Pauline Raud