Le prestigieux label anglais EMI était la propriété de Guy Hands, patron du fonds d’investissement Terra Firma. En 2007, il avait déboursé 4,2 milliards de livres pour s’emparer de la maison de disque, un prix jugé à l’époque largement excessif. Mais dans les faits, c’est Citigroup qui, depuis février dernier, avait les pleins pouvoirs sur le sort d’EMI, endettée à hauteur de 3,4 milliards de livres. En 4 ans, la valorisation du label a été divisée par 4.

Malgré de nombreux plans sociaux, une pléiade de contrats rendus (Rolling Stones, Radiohead) et la réédition supposée providentielle des albums des Beatles (10 millions d’exemplaires vendus en 4 mois de 2009 quand même), Guy Hands n’aura donc pas réussi à redresser la maison de disque bri-tannique, devenue un véritable fardeau et rendue à son principal créancier, Citigroup, qui ne s’est pas fait prier pour s’en débarrasser.

Depuis le début de l’année, le nouvel administrateur cherchait en effet à se séparer de cet actif encombrant et surtout très loin de son cœur de métier. C’est désormais chose faite, et bien faite selon les observateurs du dossier. La transaction valorise EMI autour de 2,5 milliards de livres, et a surtout la caractéristique de se faire en deux tranches : la très juteuse activité édition va être vendue à Sony pour 1,3 milliard de livres, tandis que la maison de disques proprement dite part chez Universal, qui débourse 1,2 milliard de livres.

Guy Hands ne sera pas regretté...
La filiale de Vivendi, en mettant la main sur le catalogue d’EMI (Beatles, Pink Floyd, Queen, Blur, Coldplay, Kylie Minogue, David Guetta, Alain Souchon, etc.), conforte ainsi sa position de premier label mondial : un disque sur trois va désormais porter son logo. Aujourd’hui, trois majors se partagent le gâteau de la musique enregistrée : Universal, Sony et Warner Music. L’oligarque russe Len Blavatnik, qui avait racheté Warner Music en mai dernier pour 3 milliards de dollars, avait fait une offre pour EMI, jugée insuffisante par Citigroup.

Mick Jagger, chanteur des Stones, s’est réjoui qu’EMI, en arrivant dans le giron d’Universal, « redevienne la propriété de gens qui ont la musique dans le sang ». De son côté, le manager de Coldpaly, groupe vedette du label, a considéré que « pour les artistes comme pour les cadres d’EMI, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle ». Guy Hands appréciera sûrement...