SHANGHAI, Chine, 3 novembre (Reuters) - Un an et demi après sa première visite d'Etat en Chine, Emmanuel Macron est attendu lundi pour trois jours à Shanghai et Pékin, où une quarantaine de contrats devraient être signés notamment dans les domaines de l'aéronautique, de l'énergie et de l'agroalimentaire .

Voici les principaux points qui seront abordés lors de cette visite :

COMMERCE/OUVERTURE DU MARCHE

En dépit de la feuille de route établie début 2018 lors de la précédente visite d'Emmanuel Macron, les échanges commerciaux restent fortement déséquilibrés en faveur de la Chine. Cette dernière représente, selon le Quai d'Orsay, le premier déficit commercial bilatéral de la France (29,2 milliards d'euros en 2018).

Comme lors de sa précédente visite, Emmanuel Macron sera accompagné d'une importante délégation de chefs d'entreprises françaises et une quarantaine de contrats devraient être signés mercredi, à Pékin, selon l'Elysée.

Paris espère également des avancées en matière d'ouverture du marché chinois, jugé encore trop verrouillé par les entreprises étrangères et les partenaires commerciaux de la Chine, au premier rang desquels l'Union européenne qui pour la première fois en mars a qualifié Pékin de "rival systémique".

Concernant le projet "des nouvelles routes de la soie" - un vaste plan chinois de développement des liens terrestres et maritimes, Emmanuel Macron devrait une nouvelle fois insister sur l'importance de la "réciprocité" et du respect de certains critères de soutenabilité écologique et financière" et appeler à une unité européenne à ce sujet.

CULTURE

Le chef de l'Etat inaugurera mardi le centre Pompidou de Shanghaï. Fruit d'un accord franco-chinois conclu en juillet 2017, cette antenne a été érigée au coeur du "West Bund Museum Project", un édifice de 25.000 m2 dessiné par l'architecte britannique David Chipperfield, au bord du fleuve Huangpu.

Plus d'une centaine d'oeuvres du centre Pompidou couvrant les 20e et 21e siècles, de Picasso à Boltanski, vont être exposées dans le cadre d'un premier projet intitulé "The Shape of time" à partir du 8 novembre et jusqu'en mai 2021.

HONG KONG/DROITS DE L'HOMME

Théâtre depuis cinq mois de manifestations prodémocratie, Hong Kong risque de s'inviter en toile de fond de cette visite. La situation dans l'ancienne colonie britannique et les appels à la désescalade de l'UE, relayés par le Quai d'Orsay, ont provoqué un échange tendu entre Paris et Pékin début octobre.

Pour autant, Emmanuel Macron n'entend pas céder à la "politique du mégaphone" sur cette question et celle des droits de l'homme, qu'il abordera "comme toujours dans un cadre respectueux et franc", a indiqué l'Elysée, insistant sur le fait qu'il n'y avait "aucun tabou" dans ses discussions avec Pékin.

CLIMAT

Autre sujet au menu des discussions, la question du climat et de la biodiversité sur laquelle Emmanuel Macron entend poursuivre l'agenda bilatéral, selon l'Elysée, qui précise qu'un texte commun sur ces deux points est en discussion avec la Chine.

Les deux pays auront en 2020 deux échéances communes - la France accueillera en juin à Marseille le congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la Chine la COP15 Biodiversité en octobre.

IRAN

Hasard du calendrier, Emmanuel Macron, qui a multiplié les initiatives pour tenter de faire baisser la tension entre Washington et Téhéran sur la question du nucléaire iranien, se trouvera en Chine, un des signataires de l'accord de 2015, au moment de l'expiration de l'ultimatum fixé par Téhéran.

L'Iran est en crise ouverte avec les Etats-Unis depuis le choix de Donald Trump, en mai 2018, de se retirer de cet accord qui levait les sanctions contre la République islamique en échange d'une limitation de son programme nucléaire.

Téhéran est revenu depuis sur certains de ses engagements et a prévenu qu'il franchirait une étape supplémentaire le 6 novembre - mercredi - si les autres parties signataires (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne, Russie) ne l'aidaient pas à contourner les sanctions américaines.

"La Chine a un rôle à jouer en tant que garant" de l'accord, dit-on à l'Elysée. C'est "évidemment un enjeu très important de la visite", ajoute-t-on. (Marine Pennetier, édité par Simon Carraud)