par Ben Blanchard et John Ruwitch

PEKIN, 12 novembre (Reuters) - Parce qu'il est le plus haut responsable du Parti communiste dans le Guangdong, l'une des régions les plus prospères de Chine, Wang Yang est souvent perçu comme un agent du changement.

De nombreux sinologues en Occident considèrent que Wang, en course pour accéder à l'un des sept postes du Comité permanent du bureau politique du PCC à l'issue du congrès en cours, même s'il ne fait pas partie des favoris, pourrait impulser à l'avenir de nouvelles réformes économiques et même des réformes politiques.

Mais lors de son intervention devant la presse accréditée pour suivre le XVIIIe congrès du parti, il s'est démarqué de cette image de réformateur qui lui a valu les critiques de l'aile conservatrice. Son discours, vendredi, aurait pareillement convenu à un apparatchik.

"Parce que la Chine, a-t-il dit à la presse, a fait le choix stratégique de la réforme et de l'ouverture, chaque membre du Parti communiste chinois, y compris moi-même, est un réformiste."

"Nous suivrons les thèmes du XVIIIe congrès du parti pour pousser les réformes (...) Pour ce qui est des prochaines étapes de la réforme, le secrétaire général Hu Jintao les a déjà clairement mentionnées, je ne vous les réciterai donc pas", a poursuivi Wang.

Le congrès en cours, qui doit désigner au terme d'un processus complexe la cinquième génération de dirigeants de la Chine communiste, est un exemple du contrôle étroit que les hauts dirigeants chinois exercent sur le message qu'ils veulent faire passer tant auprès de la population chinoise que du monde extérieur.

Dans son discours d'ouverture du congrès, jeudi, Hu Jintao, président sortant, a évoqué la nécessité des réformes économiques et politiques tout en soulignant que le Parti communiste devait rester aux commandes.

Depuis lors, tous les orateurs, à la tribune ou devant la presse, s'en sont tenus à cette ligne.

Wang Yang, un des protégés de Hu Jintao, prônait naguère des réformes dans le Guangdong qui prendraient en compte les préoccupations sociales nées de trois décennies d'un développement économique éclair. Mais les réactions des conservateurs du PCC l'ont conduit à adopter une ligne plus orthodoxe.

"Dans le contexte chinois, c'est un réformateur", note le sinologue Tony Saich, de la Kennedy School of Government de l'université d'Harvard. "Mais au fond, toutes ces personnalités sont des membres loyaux du Parti communiste, et la plupart des réformes qu'ils pensent efficaces sont toutes mues par la volonté de garantir la perpétuation du pouvoir du Parti communiste."

"VOILÀ, MERCI"

Le nouveau comité permanent du bureau politique sera connu ce jeudi.

Seuls deux dirigeants sont assurés d'en faire partie: Xi Jinping, actuel vice-président et héritier désigné par Hu Jintao, et Li Keqiang, qui devrait succéder à Wen Jiabao au poste de Premier ministre.

Tous deux sont classés parmi les réformateurs prudents.

Zhang Dejiang, dont les chances de les rejoindre sont assez grandes, présente un tout autre profil puisqu'il a étudié l'économie à l'université Kim Il-sung en Corée du Nord. Lors de son intervention devant une centaine de journalistes, il a fidèlement et gravement repris les thèmes du discours d'ouverture de Hu Jintao.

Yu Zhengsheng est aussi dans la course.

Parce qu'il dirige le parti à Shanghai, métropole financière et cosmopolite, on le considère comme ouvert à la réforme. Mais à un journaliste lui demandant quelle était à ses yeux la réforme politique la plus urgente à mettre en oeuvre, il a répondu avec une extrême prudent:

"Le rapport du camarade Jintao, a-t-il dit, a hissé le souci de faire plus attention aux améliorations à apporter à la manière dont le parti dirige et guide, de faire plus attention à l'édification de politiques démocraties, de faire plus attention à l'édification de l'état de droit. Ce sont les principaux points et les principales directions de la réforme du système politique dans l'avenir. Voilà. Merci."

Au moins Yu Zhengsheng et Zhang Dejiang se sont-ils présentés devant les représentants des médias étrangers.

Li Yuanchao lui ne s'est pas déplacé devant les journalistes. A 61 ans, le responsable du département de l'organisation du PCC, l'organe qui supervise les nominations des principaux cadres du parti, du gouvernement, des armées et des entreprises publiques, un poste stratégique, qui a étudié aux Etats-Unis, est suivi de près par les sinologues.

"Son sort sera un très bon indicateur des réformes à attendre. Il a mis en oeuvre certains changements politiques et administratifs tout à fait radicaux à l'aune des critères chinois et a prôné des réformes encore plus sérieuses", relève Duncan Innes-Ker, spécialiste de la Chine pour l'Economist Intelligence Unit.

RENVOI

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L'actualité politique de la Chine en français: (avec Sui-Lee Wee; Henri-Pierre André pour le service français)